Le pire des scénarios s'écrit maintenant. Toutes les activités prévues pour les enfants y compris celles dans le camp de surf sont annulées. Les magasins ressortent les piles de masques (bon normalement ils ont des stocks) et les magasins limitent les achats. Je crains en fait que cela ait l'effet inverse et amène les gens à stocker encore plus.
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La fin de notre séjour à Hong Kong va être moins festif que prévu. On sentait que les plus de 20 nouveaux cas "locaux" en orange sur le graphique allaient déclencher une réaction brutale du gouvernement. Ainsi après prés de deux mois sans aucun cas sauf les cas importés (en bleu) début juillet sont apparus des cas isolés puis des grappes de gens qui n'avaient aucune idée de pourquoi ils testaient positifs. Est ce qu'ils ont été en contact avec des mainlanders "haut profil" ou des personnels navigants infectés qui étaient les seuls à échapper au test systématique ou à la quarantaine obligatoire? On ne saura sans doute jamais mais les cas s'accumulent: personnes âgées dans les nouveaux territoires, élèves dans un centre d'enseignement sur l'île, serveurs de restaurant à côté de chez nous, officier des douanes à la frontière avec Shenzhen. Il n'y en a jamais eu autant même lors de la seconde vague en mars. Hier, 13 juillet Carrie LAM a donc annoncé à 20h l'inévitable: le retour aux règles du mois de mars (pas de regroupement de plus de 4 personnes, fermeture des installations sportives dont les piscines, salles de jeux, des cinés, gyms, salons de massage etc) en plus strict car les restaurants ne pourront que vendre à emporter à partir de 18h. C'en est fini de nos plans de diners en extérieur avec les amis. Aux oubliettes le repas avec les collègues de l'université et surtout notre fête de départ avec tout le monde dimanche.
Le camp multi-sport (en gymnase)) des enfants se termine prématurément aujourd'hui. On croise les doigts pour que le camp d'activités aquatiques de la semaine prochaine soit maintenue même cela va être plus compliqué qu'en mars où le centre avait tenu bon en dépit de l'obligation d'être par groupe de 4 max. J'avais annoncé aux enfants que c'en était fini des ballades/randonnées... je pense qu'il va falloir ruser car il n'y a presque plus que cela à faire avec la plage. On n'est pas à plaindre évidemment mais je ne me réjouis pas du tout de diner le soir dans notre chambre d'hôtel. Avec les discussions sur l'obligation de tester les nouveaux arrivants en France et les annulations des vols AirFrance, j'avoue que j'ai vraiment hâte d'être en France! Dimanche dernier pour nous changer les idées et nous dégourdir les jambes Matthieu et moi avons vendu aux enfants la ballade de Ng Tung Chai Waterfall parsemée de chutes d'eau. J'avais bien vu qu'entre les 5 chutes d'eau il y avait pas mal de marche à faire en montée mais j'espérais que les enfants soient d'attaque. On y est allé en taxi pour être déposé au plus proche et éviter des km superflus et grand bien nous en a pris. On a fait nos premiers pas à 10h, très vite une micro chute, une pause mais pas le temps de s'arrêter. Les guides parlaient d'une marche de 3 heures non stop, si vous voulez d'arrêter à chaque chute et rentrer pour le gouter il ne fallait pas trainer. Après 30-40 minutes en montée douce on arrive à bottom fall. On était bien trempés de sueur et donc les enfants et Matthieu n'ont pas hésité à piquer une tête. 10 minutes plus loin une autre chute et un autre bassin. On a continué et atteint une nouvelle chute qui n'était pas dans la liste, et bizarrement c'était là où le bassin était le plus profond et où il y avait le moins de monde. D'ailleurs, il y avait de manière surprenante pas grand monde. Quelques grappes de marcheurs hong kongais agguéris et sur-équipés et des gweilos bien rougis par l'effort dont on faisait partie. Les locaux ne se baignant que rarement on avait les piscines naturelles pour nous seuls. On a fait notre pique nique à la chute sans nom car il allait nous falloir des forces pour atteindre la "main fall". La main fall était la plus haute et la plus impressionnante mais le bassin était trop peu profond pour s'immerger en entier. Pieds nus, sans chaussures de rivière c'était peu agréable et là par contre il y avait une vingtaine de personnes. J'ai bien senti que les enfants qui avaient vu des gens repartir dans le sens inverse commençaient à s'inquiéter de la suite du programme. Il ne fallait pas leur laisser de choix et continuer le circuit qui était une boucle : encore de la montée jusqu'à la "scatter fall" puis une heure de descente bien raide pour dévaler tout ce qu'on avait monté. A scatter fall on s'est donc baigné pour la dernière fois et nous sommes engagés sur le chemin du retour. Les râleries ont commencé, nos genoux et chevilles ont souffert dans la descente mais les enfants ont quand même reconnu que c'était pas mal. A 15h on a récompensé tout le monde avec un coca glacé vendu par un riverain qui n'a pas perdu le sens du business puis on a sauté dans un bus pour rentrer. Il n'avait pas de taxis rouges qui répondaient à ma commande mais comme c'était dimanche il y avait des bus. Ce n'est en fait pas le bon du monde, en 15 mn de bus on était à la station de MTR Tai Wo reliée en 30 mn à notre hôtel mais, et c'est la magie de HK, pendant 5 heures on était dans la jungle!
Vendredi dernier le 10 juillet, on a déménagé. On avait un peu commencé à trier pour éviter de se retrouver avec des affaires dont on aura plus besoin en France (en vrac, combi de plongée, vêtements du LFI, jeux pour petits et livres de CP). Le groupe facebook French HK mums est très efficace pour se débarrasser de ses affaires que ce soit les bouquins, l'électroménager ou les affaires d'enfants. On poste une photo et un prix et souvent en moins d'une heure on a trouvé quelqu'un qu'on retrouve dans une station de MTR ou au LFI ou au Marks & Spencer de Central. Comme la compagne de déménagement nous disait que nos affaires rentraient tout juste dans un petit container de 20 pieds on a bradé et donné: aquarium, plantes, lits. Pas la peine de revenir en France avec les deux lits pour enfant qui étaient faits pour les chambres minuscules d'ici. On a vendu aux deux grands un nouvel agencement de leur chambre avec un bureau. Pierre est le seul à avoir voulu conserver son lit en hauteur. L'appartement commençait déjà à être plus aéré quand vendredi matin l'équipe de relosmart a débarqué: à 5 et en quand même 6 heures ils ont tout embarqué. Ils ont été tellement généreux sur les emballages, le papier craft et le revêtement bulle que je pense déjà à ma montagne de déchets que l'on aura à l'arrivée. Les enfants qui avaient tennis le matin sont revenus sur l'heure du déjeuner et on a improvisé dans la chambre d'Avril où on s'était réfugié un pique nique des restes des placards. Autour de nous tous ce qu'on garde pour les 15 jours qu'il nous reste à Hong Kong et la France en attendant de récupérer le container. Les enfants sont ensuite repartis pour leur atelier de construction STEAM-Lego. J'ai filé au Royal Plaza Hotel, notre nouvelle demeure. On a loué un espèce d'appartement qui couple une chambre classique au grand lit double avec une espèce de micro suite où on a fait installer 3 lits simples. C'est plutôt confortable et on peut prendre le petit déjeuner et faire des activités sur une table avec 4 tabourets, mais pas 5. L'hotel doté d'une piscine est dans un immense mall de sorte que le starbucks est à 10m du lobby de l'hotel ainsi qu'un tas de resto et une food court. Tout semble évidemment sans intérêt maintenant (update du 14 juillet) que tout referme (plus de resto, plus de piscine, retour à la règle des groupes de max 4 persponnes...) mais bon il semble y avoir un room service correct.
La nouvelle loi sur la sécurité nationale est entrée en vigueur le 30 juin dernier. L'impact sur l'ambiance a été immédiat et étonnamment visible. La loi a été écrite directement à Pékin et elle est l'un des meilleurs exemple d'une spécificité du savoir-faire législatif du parti communiste chinois: elle est incroyablement imprécise. Ce flou est totalement volontaire. Par exemple, jusqu'au moment de sa promulgation, personne ne savait quels seraient les contours exacts de la loi (quels "crimes" seraient visés, y aura-t-il des peines de prison à vie, sera-t-elle rétroactive?...). Et une fois promulguée, les hongkongais n'étaient pas vraiment avancés : l'encouragement à la sécession, à la subversion, au terrorisme et à la collusion avec les pays étrangers sont punis, éventuellement d'emprisonnement à vie. Mais rien ne définit précisément ces notions. Crier "Free Hong Kong", est-ce un appel à la sécession ? Ecrire une tribune pour demander que les pays démocratiques émettent des protestations, est-ce de la collusion avec des puissances étrangères ? Lancer une poubelle sur un CRS pendant une manif, est-ce du terrorisme ?, etc. Rien non plus n'est dit sur la question de la rétroactivité de la loi, ni dans un sens, ni dans l'autre. La loi prévoit aussi que certains crimes commis à Hong Kong pourront être jugés en Chine, éventuellement à huis clos. Mais quels crimes ? Comment ? On n'en sait rien. Ce flou est bien pratique. Il permet aux autorités chinoise d'interpréter la loi comme bon leur semble. Pour punir un opposant qui aurait tenté de jouer avec les lignes, il suffit de changer les lignes pour qu'il se retrouve du mauvais côté. Dans le même temps, cela permet de dire que cette loi, bien sûr, n'empêche en rien les activités économiques, la liberté de parole, la liberté de la presse... puisque rien dans le texte ne le dit. On peut aussi affirmer que cette loi n'est pas si différente de beaucoup de textes en vigueur dans les pays démocratiques. Ce n'est assurément pas faux si on prend le texte au pied de la lettre (partout le terrorisme, l'espionnage, l'atteinte à la sécurité de l'état sont punis sévèrement). Mais c'est oublier justement tout ce flou qui ne permet aucune assurance et aucun recours. Le flou crée de l'incertitude, l'incertitude crée de la peur, la peur crée de l'auto-censure, et on gagne à tous les coups : les contestataires ont peur et se taisent, sans qu'on ait besoin de sortir la matraque. Cela permet de dire que c'est bien les gens qui ont décidé eux-même de cesser de critiques, que donc la loi n'est pas bien sévère, que tout cela est très respectueux des libertés individuelles et que les gens étaient simplement manipulés et désinformés par une poignée d'exaltés mal intentionnés. Un petit exemple ? Aujourd'hui Erick Tsang, l'un des haut responsable du gouvernement de Hong Kong, a donné une interview pour dire, en toute tranquillité, que ceux qui organisent et participent aux primaires visant à élire les candidats du mouvement pro-démocratie aux élections de septembre prochain pourraient être susceptibles de violer la nouvelle loi. En effet, si ces primaires ont pour objectif de gagner une majorité au parlement pour des député qui veulent voter contre la loi de finance annuelle, cela pourrait s'apparenter à une volonté de sécession, ce qui est punissable. En gros, il y a bien des élections libres, mais si on se présente, fait campagne ou vote pour quelqu'un qui, une fois élu, va voter contre le gouvernement, on pourrait aller en prison. Mais notez bien tous les conditionnels et prenez donc garde à ne pas y voir une atteinte à la démocratie : tout cela n'est pas du tout certain et sera laissé à l'appréciation des juges qui sont chargés de faire appliquer la loi. L'une des difficultés, est en effet de faire coexister cette loi avec le système juridique de Hong Kong, inspiré de la common law anglaise. Ici, ce sont les juges qui précisent les loi au fil de leur décisions. Il faut donc s'attendre, à l'avenir, à quelques passes d'armes entre les autorités et le système judiciaire. C'est un sujet délicat car le système judiciaire de Hong Kong, de part son indépendance et sa fiabilité, sont la garantie de l'état de droit qui a fait la fortune de Hong Kong. Si les investisseurs internationaux acceptent de placer leurs billes à Hong Kong, d'envoyer des expat et d'organiser des meeting avec les grosses huiles des groupes multinationaux, c'est qu'ici on peut avoir confiance en la loi. Jusqu'à maintenant, pas de risque d'expropriation, pas de crainte de corruption, pas de peur d'être soudainement arrêté pour une raison obscure. Enlever tout cela, c'est bien organiser la fin du "deux système" et c'est ruiner Hong Kong. Toute la semaine dernière, et encore maintenant, la ville s'est adaptée à ce flou et a commencé à apprendre à marcher dans le brouillard. Des juges sont intervenus pour interpréter la loi, aussitôt contredits par le gouvernement. Les juristes ont épluché les textes et ont trouvé des différences notables entre les versions chinoises et anglaises (notamment sur la liberté académique dans les universités). Au-delà même d'ajouter encore au flou, cela a soulevé une nouvelle polémique car, en affirmant que la version chinoise devait prévaloir, le gouvernement enfreint la constitution qui garantit que les deux langues sont officielles et d'importance égale. Lors des manifestations du 1er juillet (fête nationale, commémorant la rétrocession), la police à brandi une nouvelle banderole prévenant les manifestant que les slogans qu'ils chantaient "pouvaient" tomber sous le coup de la nouvelle loi, avant d'en arrêter une brochette. Le gouvernement a demandé aux bibliothèques municipales et des écoles de retirer les ouvrages susceptibles de contrevenir à la nouvelle loi. Il a aussi affirmé que le principal slogan des protestations de 2019-2020 "Liberate Hong Kong, A revolution of our Time" était un appel à la sécession et risquait de tomber sous le coup de la loi. Tout cela se fait à grand renfort de "susceptible de", "sans doute", "peut-être"... Il va être instructif de voir comment les juges vont traiter ces cas quand ils arriveront devant leurs tribunaux. Les gens doivent donc s'adapter à ce nouveau régime de la peur. Les comptes facebook se ferment, les tweet sont supprimés en masse. Les gens quittent WhatsApp pour se réfugier notamment sur signal.org (je conseille vivement cette messagerie en open source qui marche super bien). Les principaux partis protestataires se sont dissous, pour tenter de passer sous les radars. Les publicités qui remplissent les bandeaux des sites internets ne proposent plus que des VPN (pour garantir un respect de la vie privée en ligne et contourner la censure) ou des golden passports (la destination à la mode, c'est le Portugal : l'immobilier n'est pas cher, et il suffit d'acheter un appartement pour obtenir un passeport Shengen au bout de quelques années). Et puis les protestataires ont tenté de s'adapter. Comme brandir des drapeaux avec le slogan "Liberate Hong Kong, A revolution of our Time" risque de leur coûter la prison, ils ont commencé à diffuser des versions, où les 8 caractères chinois ont été remplacés par des signes abstraits. Ils ont aussi remplacé les fameux Lennon Wall (ces murs couverts de post-it où chacun pouvait écrire un petit message de protestation) par des Lennon Wall muets faits de post-it vierges. Le week-end dernier, un petit groupe c'est réuni dans un centre commercial pour brandir en silence des pancartes entièrement blanches. Ils ont été embastillés quand même... au nom de la nouvelle loi. On attend de voir comment les juges font se débrouiller avec ces cas. Avec tout ça, le coronavirus revient en force depuis deux jours. Vivement qu'on parte... Depuis notre arrivée à Hong Kong les enfants ont essayé de nombreuses activités. Il fallait les occuper hors de l'appartement trop petit et surtout relâcher la pression sur Marika qui se retrouvait dés 14h avec les 3 enfants après la fin de l'école. Ces activités sportives et culturelles ont été les rares occasions de rencontrer des vrais Hongkongais à travers les coachs. Ils étaient jeunes et vraiment enthousiastes pour transmettre leurs passions à nos enfants. Ils ont tous réagi à l'annonce de notre départ avec résignation, car cela fait forcément écho à leur propre interrogation sur les perspectives de vie à Hong Kong. Les enfants ont tenté pas mal de chose sur ces 4 années. Ils ont commencé avec de la boxe et de la gym "antigravité" dans une salle de Central à coté de leur école de l'époque qui a fermé sans aucune anticipation au bout de 9 mois. Ici les commerces ferment sans prévenir et il y a une rotation très impressionnante des baux commerciaux en raison du coût astronomique des loyers et du peu de protection accordé aux locataires. Les enfants ont enchainé avec du Kung Fu et du tennis jusqu'à ce que leur rentrée au LFI leur offre la possibilité de faire des activités extra-scolaires sur le site du lycée même trois après-midi par semaine. Les deux jours restant on a commencé des cours de musique dans une petite école en face de la résidence. Avril et Ulysse ont débuté par le piano. Il a fallu se rendre à l'évidence qu'ils n'étaient pas très motivés. Ulysse puis Avril a basculé sur de la guitare avec un prof qui venait à domicile. La encore, comme aucun des deux ne touchait à la guitare entre deux cours, les progrès ont été limités. Il n'y a que Pierre qui n'a jamais trop rechigné à aller à son cours de ukulélé mais avec un résultat peu identifiable si ce n'est qu'il aime écouter de la musique. C'est le plus mélomane des 3 mais sans don particulier pour la pratique de la musique pour autant il semble. Pas sur que la musique soit une activité que l'on reprendra à Sceaux. On ramène guitare et ukulélé dans le container... On verra. Avec la fermeture de l'école en raison du coronavirus j'ai dû trouver de nouvelles activités les après-midi pour les enfants après leur matinée de "home schooling". Avril avait demandé des cours de dessin et d'allemand. Pour l'allemand elle est allée au Goethe Institute. Pour le dessin on a trouvé une prof très sympa qui est venu une fois par semaine. Se sont enchainés loup, cheval, tigre etc. Avril affiche un intérêt certain pour le dessin et aimerait continuer à Sceaux c'est déjà ça. Les trois enfants n'ont pas trouvé de terrain d'entente sur les cours de skate et roller. Ulysse a montré son intérêt pour le skate tandis qu'Avril n'a pas voulu s'y essayer et a suivi des cours de roller à la place ce qu'Ulysse a refusé de rejoindre. Pierre a suivi sa soeur sur les rollers et dernièrement il s'est aussi mis au skate. Il faut dire qu'Ulysse ces derniers temps a systématiquement trainé des pieds pour toutes les activités extérieures car comme il dit "la seule chose qu'il souhaite c'est rester les fesses dans son pouf à lire". La seule activité pour laquelle il est plutôt partant c'est le tennis. Clairement il est le meilleur des trois et ça c'est sans doute un aspect fondamental pour sa motivation. Je pense qu'il n'a pas donné suite aux rollers car sa soeur était meilleure que lui. Le tennis grâce à une coach française (ce qui aide quand même pour la compréhension) a donc encore grâce à leurs yeux à tous les trois. Avril est contente d'y retrouver une autre fille française. Ce qui ressort de toutes ces activités essayée c'est qu'ils ont tous les trois une préférence marquée pour des activités collectives notamment si c'est avec d'autres français. La seule exception peut-être a été le rugby mais là aussi il y avait quelques gamins francophones. C'est franchement le grand regret de cette année, l'arrêt brutal des entrainements et des compétitions de rugby car les enfants, et surtout Avril, s'y sont révêlés. La programmation des activités de l'été a tenté un petit panachage. Heureusement que leurs âges rapprochés permettent de les mettre ensemble le plus souvent. Ce n'est peut-être pas leur idéal mais en terme de logistique c'est nécessaire.
Les enfants vont commencer par une semaine avec tennis le matin au club français et coding l'après midi (en anglais mais avec 3 autres français - le coach va s'arracher les cheveux). Ensuite une fois qu'on sera à l'hôtel ils partiront sur la journée: la première semaine dans un camp multisport à l'intérieur d'un établissement scolaire (y aura la clim) et la suivante et dernière semaine à Hong Kong pour nous dans un camp de multi-activités sur l'île de Lantau (escalade, gorge, kayak, survie). Normalement il y a une nuitée organisée sur la semaine: on verra s'ils sont partants. Nos quatre années à Hong Kong ont été riches en découvertes et en expériences. Cela restera aussi, sans aucun doute, comme une série incroyables de voyages dans toute cette partie du monde. Notre bon vieux sac qui nous a accompagné dans tous nos périples en témoigne. On avait commencé à collectionner les drapeaux des pays visités avec les enfants, bien avant de venir à Hong Kong. Dès la naissance d'Avril, on les a cousu sur le sac à dos de portage dans lequel nous avons trimbalé chacun de nos enfants. En quittant la France, puisque Pierre était déjà trop grand pour être porté, nous les avons découpés pour les recoudre sur ce bon vieux sac. Et la collection s'est rapidement agrandie. En quatre ans, nous avons exploré un grand nombre de pays :
Chine, Taïwan, Macao, Corée, Vietnam, Thaïlande, Cambodge, Philippines, Indonésie, Malaisie, Singapour, Birmanie, Japon, Australie, Népal. Certains de ces voyages ont été longs et particulièrement mémorables (Australie, Népal, Birmanie, Cambodge). Certains ont été des fenêtres ouvertes sur des cultures dont on ne savait rien, et qu'on n'avait jamais envisagé sérieusement d'aller découvrir avant de vivre en Asie, mais qui nous ont touché (Malaisie, Philippines, Taïwan, Népal...). Certains, comme le Japon ou la Corée, ont été beaucoup trop courts pour satisfaire notre envie d'en voir plus. Tous ont été une grande source de bonheur, une masse de souvenirs et un sentiment de satisfaction et parfois de fierté de voir nos enfants s'adapter aux cultures, aux climats, aux conditions de voyage, d'apprendre à observer et découvrir et, parfois, de s'émerveiller devant des temples dorés ou des paysages exotiques. De fait, les écussons sur le sac se sont avérés être bien utiles : les enfants sont assez fiers de voir ces certificats de grands voyageurs, et les drapeaux les aident à fixer leurs souvenirs, à éviter autant que possible qu'ils disparaissent ou se confondent les uns aux autres. Et puis il y a les deux écussons restés sur le carreau : le Tibet et la Mongolie. Ces deux destinations dont on rêvait et où l'on se voyait déjà pousser encore les aptitudes au voyage de nos enfants étaient au programme de l'année 2020. Elles ont été sacrifiées sur l'autel du coronavirus. On compte bien continuer notre collecte dans les années à venir, en ajoutant notamment quelques drapeaux européens. Mais il faudra peut-être trouver un autre sac : celui-ci commence à se faire vieux et, lors de notre dernier voyage en Malaisie, un singe curieux lui a laissé quelques vilaines cicatrices. Dans 10 jours, c’est le déménagement. Ensuite, on doit quitter l’appartement pour le laisser aux peintres chargés d’effacer les traces de notre passage. On va ensuite passer deux petites semaines à l’hôtel. Et puis, le 25 juillet, ce sera le vol de retour vers Paris.
Notre aventure hongkongaise touche à sa fin, et ça nous mine le moral. Depuis un petit mois maintenant, on est entrés dans la période des derniers. Derniers jours d’école (aujourd’hui et demain). Dernières fois qu’on verra nos enfants partir au petit matin dans leurs uniformes maintenant bien déglingués. Dernier cours de skate ce samedi. Derniers emprunts de BD à la bibliothèque de l’alliance française. Dernières bières échangées avec les différents groupes d’amis. Derniers trajets en bus à impériale. Dernières fêtes d’anniversaire… Dès que l’on va quelque part, sur telle ou telle plage, dans tel ou tel quartier, on regarde autour de nous en se disant que c’est sans doute la dernière fois qu’on passe par ici. Tous les matins et tous les soirs on regarde la vue sur Hong Kong depuis la baie vitrée de notre appartement, en se disant que c’est les dernières fois qu’on y verra le lever du soleil, les nuages qui s’accrochent autour du Peak, le balai des ferries qui chaque soir ramènent chez eux les habitants des îles… Cette vue qui a rythmée nos journées depuis quatre ans est d’autant plus belle qu’on a jamais profité d’une aussi longue période sans aucune pollution. Quand l’air est aussi clair, la lumière est étincelante et le spectacle est magnifique. Bref, on a le blues. Ce sentiment est d’autant plus fort, que ces derniers mois pendant lesquels les voyages étaient impossibles, nous ont contraints à pousser plus avant l'exploration de notre petit territoire. On n’a jamais autant apprécié Hong Kong que cette année. Le fait de sortir encore plus des sentiers battus et de découvrir mille endroits excentrés et attachants. Le fait qu’on a le sentiment d’enfin comprendre un peu mieux les gens et la société hongkongaise depuis que les protestations de l’été dernier nous ont poussées à nous y intéresser d’avantage. Le fait aussi que les mesures de distanciation sociale ont eu pour conséquence de réduire fortement tout ce qui est le plus désagréable ici : la foule compacte partout, les embouteillage, le bruit insupportable et la pollution. Et puis la fin de notre passage ici coïncide avec la fin d’une époque pour Hong Kong. La reprise en main du territoire par la Chine semble définitive et sans retour. Il y a bien les élections de septembre, mais l'arsenal juridique qui se met en place laisse très peu d'espoir d'un maintient d'une pleine liberté de ton pour les hongkongais. On est assailli par les publicités pour les VPN. Tous ceux, locaux ou expats, à qui on dit qu’on rentre en France nous demandent si c’est à cause de l’évolution politique. Tous semblent résignés à voir une page de l'histoire de hongkong se tourner à jamais. Il semble que toute la ville déprime avec nous, et nous avons le sentiment que, même si on revient un jour, ce ne sera plus la même chose. Les enfants semblent mieux résister à la nostalgie. Ils attendent avec impatience que commence leur nouvelle vie. La perspective d’atterrir dans une grande maison, avec des vraies chambres, un grand jardin et la possibilité d’aller et venir à vélo semble les enchanter. La promesse d’une plus grande liberté et d'une vraie autonomie aussi : pouvoir aller au parc ou chez des copains à quelques rues de chez eux sans que les parents échangent 25 messages sur WhatsApp et les accompagnent en taxi à l’autre bout du territoire. On en reparlera en octobre quand ils vont réaliser qu’il faudra remiser les short et sortir les manteaux et les bonnets. Et tout de même, même s’ils ne nous en disent rien, on les a surpris ce dimanche matin à fabriquer des petits pendentifs « amis pour la vie ». Une forme de blues, assurément. Sans doute espèrent-ils se faire bientôt de nouveaux copains, des vrais, pour longtemps, qu'ils peuvent voir quand ils veulent et qui ne risquent pas de disparaître à tout moment. L'année a été bonne pour Pierre dans sa classe de CPG. Il s'y est fait de nouveaux amis Gabriel (premier en haut à gauche), Alex (deuxième en partant du coté gauche en haut) et Adame (troisième) tout en gardant ses copains initiaux Léon (qu'il connait depuis son arrivée à Hong Kong aux petits lascars) et Amaury et Raphaël qui étaient déjà dans sa classe en Grande Section.
Ce sont les noms qui sont sortis pour l'invitation à la fête d'anniversaire qu'on fera samedi. La date approchant il a cherché à rajouter des noms de filles mais comme il veut faire une Foot Party je lui ai dit qu'on allait rester à 7 garçons et que Matthieu (ou Ulysse selon son humeur car avec Pierre ça va et vient) équilibrerait les équipes pour faire un 4 contre 4 dans la salle climatisée de la résidence qu'on a réservée pour l'occasion (dehors il fait trop chaud). Malgré la disruption (pas d'école pendant 4 mois et une institutrice régulièrement absente) il a fait le plein de relations sociales dans un bon groupe. Il n'y a a priori pas tellement de départ, seuls Pierre et Sixtine (qui était elle aussi aux Petits Lascars) rentrent définitivement en France pendant l'été. On espère que Pierre retrouvera facilement une petite bande pour faire du foot à Sceaux. On est rentré dans la dernière séquence. Plus que deux jours d'école. Mercredi 1er Juillet (anniversaire de Pierre) c'est le début des vacances en même temps que la fête "nationale" de Hong Kong. Jour férié donc. On ne sait pas encore ce qu'on va faire, en tout cas on va éviter les zones où dans un dernière rebond désespéré les hong kongais vont peut-être tenter d'exprimer leur opposition au régime chinois. La Chine a tout verrouillé, il y a des policiers et des barrières partout. Au moindre rassemblement pour chanter ou scander des slogans anti-gouvernement, les policiers ne lésinent pas. Ils arrêtent, gazent. Avec la nouvelle loi "National Security Law" qui devrait passer demain sans que l'on sache encore ce qu'elle contient, le pire est annoncé. Les sanctions peuvent aller jusqu'à perpétuité, rien que cela... et la loi sera rétroactive. De quoi refroidir les envies de critiquer le régime, taguer des slogans, ne pas chanter l'hymne chinois comme ce qui est maintenant imposé dans les écoles... Cette évolution nous permet de ne pas avoir trop de regret quant à notre départ. A l'université où l'ambiance était déjà très morne en raison du coronavirus, les rares collègues qui avaient affiché leurs opinons politiques ont cherché un plan B. Les départs ne pourront que s'accélérer car tout est possiblement sensible en Chine: le recours à des manuels occidentaux, la mention de ratés dans les réformes. Pas besoin d'être un critique du grand bond en avant pour sentir la pression à reprendre à l'identique les poncifs de la propagande chinoise: la réussite magistrale en termes de réduction de la pauvreté, la stratégie amicale d'aide aux pays pauvres, les bienfaits des visionnaires "routes de la soie".
Personne n'est dupe chez nos collègues mais bon il n'y a rien à gagner et tout à perdre à ne pas suivre le mouvement. Chez les expatriés il y a la même ambivalence. Les "protests" comme on dit ici n'ont amené que des problèmes à notre échelle: fermeture d'école, impunité renforcée des policiers, tensions sociales et disruption des opportunités économiques. Beaucoup chez ceux qui ne sont de passage pensent tout bas que c'est mieux si ça s'arrête même cela veut dire que Hong Kong va doucement glisser vers le modèle chinois. Evidemment pour nos amis journalistes ou académiques c'est une autre perspective mais tous, finalement pourront partir, et même s'ils en sont attristés, ne pourront que laisser les millions de Hongkongais à leur triste sort. Il est d'ailleurs vraiment difficile de savoir quel est la part de locaux qui est résigné, opposé ou même content de la reprise en main de Pékin. Il n'y a quasiment plus de manifestations car tout regroupement est sanctionné en utilisant les mesures anti-Covid 19 qui interdisent toujours les rassemblements à plus de 50 en extérieur. Comme il n'y a pas de limites pour les rassemblements en intérieur, la logique est clairement d'empêcher les manifestations. Il y a bien eu le 14 Juin avec ces quelques milliers de contrevenants qui se sont rassemblés pour commémorer le massacre de Tien An Men mais depuis plus rien tant la police arrête de monde en préventif. La période sans école a évidemment eu pour conséquence que les enfants n'ont pas vu tous leurs copains, notamment ceux dont on ne fréquente pas les parents ou qui habitent loin et avec lesquels organiser des playdates est compliqué. Celui qui en a le plus pâti c'est Ulysse même si il a vu régulièrement les jumeaux de nos amis les week ends. Ces meilleurs amis sont Enrique, Enzo et Cameron (de gauche à droite sur la photo). Enzo est parti en Allemagne à Noêl. Les deux autres sont à moitié hongkongais et du coup ils sont restés quasi confinés pendant 4 mois. Pour Pierre ca a été plus cool car on a pu organiser des playdates avec ces copains Raphael, Amaury et Léon, chez eux ou chez nous. Avril elle a profité de la proximité avec Juliette (avant qu'elle déménage) et de notre proximité avec les parents de Paola pour voir autre chose que des garçons. Depuis cette semaine Pierre bénéficie de playdates quotidiennes car il sort de l'école à 11h20 et doit attendre son frère et sa soeur qui ne sortent qu'à 14h15. D'autres enfants sont dans le même cas et donc se retrouvent pour pique-niquer et jouer au vélodrome à côté de l'école. Il revient dégoulinant, car quand même il fait chaud. Deux jours par semaine je lui ai trouvé un plan plus calme, chez Claude une copine de sa classe, qui habite juste en face de l'école. déjeuner et jeux en intérieur avec Claude et ses deux petits frères. C'est pas mal en temps de pluie d'ailleurs car le mois de Juin est connu pour ses orages et son temps pourri. On a pas été épargné, surtout le week end d'ailleurs. Ca a clairement limité mon programme de ballades. Le mois de juin voit reprendre les anniversaires et leur sleepover associé. On n'a pas vu Avril du week end la semaine dernière, elle est rentrée bien crevée de son séjour sur l'ile de Lamma où Iluh l'avait conviée.
Ca y est le compte à rebours est lancé. On quitte l'appartement le 9 juillet, encore 15 jours de camp divers pour les enfants et notre avion est prévu le 25 juillet. Après l'annulation des billets d'origine via le Vietnam on vient de rebooker un vol sur Air France, mais il risque d'être annulé lui aussi. Hong Kong va maintenir la quinzaine pour toutes les arrivées hors Chine jusqu'en septembre, je ne suis pas sure que beaucoup de familles feront l'aller-retour traditionnel vers la France, et donc que tous les avions annoncés volent vraiment. On espère donc revenir, mais peut-être via Amsterdam ou un peu avant le 25 juillet s'il faut prendre un vol un jour avant, qui lui sera confirmé. Matthieu et moi sommes donc maintenant dans les préparatifs du départ, les résiliations de contrat, les démarches pour apurer les impôts ici, etc. Pas très joyeux. Les sources de satisfaction sont ailleurs, notamment dans les derniers achats avant le départ. On est donc à l'affût de ces objets vus mille fois mais jamais achetés alors qu'ils sont incontournables à tout résident de Hong Kong. Le week end dernier nous avons jeté notre dévolu sur un jeu de majong dont Matthieu a appris les règles dans la douleur sur internet, et ce week-end on a investi dans des moules à gateaux et autres ustensiles de cuisine locale. C'est l'occasion de faire des achats dans des magasins qui n'existent qu'ici : des échoppes à même la rue ultra spécialisées, de quelques mètres carrés tenues par des vieilles personnes dont l'anglais nous surprend mais qui témoignent d'un autre temps, d'une époque en voie de disparition avec la multiplication des shopping malls climatisés.
On est presque sur un retour à la normale ici malgré la découverte d'un cluster de covid-19. Après 15 jours sans rien, une femme a été dépistée positive ainsi que son mari puis ses voisins, collègues etc. Le gouvernement a saisi l'occasion pour repousser encore de 15 jours la possibilité de se réunir à plus de 8. A la trappe la veillée pour commémorer le 4 juin 1989 mais surtout la réouverture des playgrounds, terrain de foot et club de rugby. Les choses progressent par contre au niveau de l'école. Pierre a repris comme Avril et Ulysse l'école en matinée le 1er juin et on nous annonce pour lundi prochain (8 juin) la reprise du rythme normal sauf pour les CP. Ca c'est un peu la tuile car on a arrêté le bus donc c'est Marilka qui va chercher les enfants et il n'est pas commode de faire deux aller retour en l'espace de 3 heures, car l'heure normale de fin de journée à Hong Kong c'est 14h15. Il n'y a plus d'activités extra-scolaires. Bon c'est mieux que rien et on va essayer d'organiser pique nique et playdate pour Pierre du temps de midi aux abords de l'école.
Pierre est en tout cas content de retourner à l'école, mais pas autant que ses parents qui n'en pouvaient quasi plus de lui faire l'apprentissage à la maison. C'est néanmoins moins sympa qu'avant, pas de jeux, masque en permanence sur le museau... Ce qui est bien par contre c'est que comme il n'y a plus sport, il peut prendre l'uniforme qu'il veut sans contrainte!! Cette fin de mai marque le début des chaleurs et heureusement la fin du virus ici. Il n'y a plus de cas de covid-19 depuis 3 semaines au moins sauf pour une poignées de nouveaux arrivants qui vont directement à l'hôpital ou dans un camp. Avec la montée des températures le masque commence à être de plus en plus inconfortable, surtout ceux qui sont multi-couches comme celui fourni par le gouvernement hongkongais: hyper couvrant, 8 couches de tissu dont une avec des molécules de cuivre. On va le garder pour la France et ici on va surtout utiliser des masques en papier. On sent le soulagement et le retour annoncée d'une vie normale: la piscine de notre résidence va ré-ouvrir la semaine prochaine et la règle des "moins de 8" devrait être abandonnée il faut espérer dans quelques jours. Evidemment le gouvernement ne va pas trop vite et a maintenu la règle de 8 jusqu'au 4 juin inclus sans doute pour empêcher les rassemblements pour l'anniversaire du massacre de TienAnMen. Je ne pense pas que cela aurait eu trop d'impact car les commémorations ne sont pas de grande ampleur en l'absence d'un autre agenda qui se greffe dessus. Les localistes (indépendantistes) considèrent en effet qu'il n'y a pas plus de raison de commémorer le 4 juin 1989 qu'un massacre commis dans un pays étranger vu qu'ils ne se sentent pas chinois. Bon c'est un peu radical mais cela explique le manque de solidarité des différents mouvements anti mainland pour les actions de ce jour. C'était sans compter sur la nouvelle loi, annoncée par Pékin il y a qq jours: rien de moins qu'une remise en cause du principe "Un pays, deux systèmes" qui maintenait internet non censuré et liberté d'expression à HK. Possiblement d'ici quelques jours et l'adoption de cette disposition par décret à HK, toute association avec quelqu'un critiquant le régime chinois pourrait être punie de prison. Moralité, n'importe qui pourra être arrêté pour des propos critiques ou pour avoir fréquenté quelqu'un de critique... c'est très dangereux. Malgré la possibilité actuellement de se faire arrêté pour être à plus de 8, des milliers de hongkongais sont donc re-descendus dans la rue hier, dimanche 24 mai. Sans doute le redémarrage d'un long cycle avec son cortège de blessés, violences policières... Evidemment c'est très soft ici par rapport à la France: hier pas de cocktail molotov mais cela ne pourra que dégénérer. Pour nous pas question de prendre de risque malgré notre soutien aux manifestants, nous avons soigneusement évité les lieux de contestations pour faire une petite ballade dans les collines derrière chez nous: singes et réservoirs dans une cocon de forêt.
Mercredi 21 mai, après exactement 4 mois sans école (le dernier jour était le 23 janvier), Avril a repris le chemin de l'école. Bon, juste pour la matinée et surtout sans récré, ni snack. Pour l'instant le LFI applique de manière très stricte les consignes du gouvernement : les enfants doivent rester à distance les uns des autres et donc Avril est restée 3h30 durant dans sa salle de classe, juste le droit d'aller aux toilettes par tout petit groupe. Elle est rentrée congelée (à cause de la clim et de l'immobilité) et affamée. Aujourd'hui lundi 25 mai c'était au tour d'Ulysse. Ils ont pris tous les deux un UBER car on a laissé tomber le bus scolaire qui, pour assurer le mois de juin, nous demandait de payer les mois de février, mars, avril et mai. Le choix a été vite fait. A partir d'aujourd'hui les snacks sont autorisés (certains gamins partent de chez eux dès 6h30 et donc doivent être à ramasser à la petite cuillère à 11h30). Mais la procédure fait assez peur, telle qu'elle nous a été signifiée par email:
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------A partir du lundi 25 mai, votre enfant pourra amener un goûter à l’école. Ces goûters doivent être emballés individuellement. Nous vous demandons de fournir également une pochette plastique fermant hermétiquement étiquetée au nom de votre enfant pour placer le masque lors de la prise du goûter. Des mesures spécifiques seront mises en place lors de ce moment concernant le nettoyage et le respect des règles d’hygiène : AVANT LA COLLATION 1. Distribution d’une lingette alcoolisée à chaque enfant par le maître et désinfection de sa table 2. Prendre la pochette plastique personnelle et clairement étiquetée au nom de l’enfant 3. Ouvrir largement la pochette plastique pour y déposer le masque 4. Retirer le masque par les cordons élastiqués (ne pas toucher l’extérieur du masque) 5. Placer le masque dans une pochette plastique et la fermer PENDANT LA COLLATION 1. L’enfant ne touche pas à sa pochette contenant le masque 2. L'enfant reste bien assis durant la collation 3. Lingette gardée sur la table individuelle LA COLLATION TERMINÉE 1. Nettoyer sa table individuelle avec la lingette donnée préalablement 2. Le maître passe avec une poubelle à couvercle pour jeter les déchets et lingettes 3. Désinfection des mains 4. Reprise du sac plastique avec le masque 5. Replacer le masque sur le visage par les cordons et réajuster 6. Désinfection des mains ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Rappelons que le virus ne circule plus du tout (ou presque ?) ici. On a arrêté de voir des contaminations locales depuis près de deux mois. La seule exception durant cette période, c'est le cas d'une dame testée positive sans qu'on sache bien où elle avait attrappé le virus. Son mari et sa petite fille ont été testés positifs aussi mais personne d'autre parmi les dizaines testés dans leur entourage. Ce cas, un peu mystérieux, date de plus de deux semaines maintenant et même les experts médicaux qui conseillent le gouvernment et qui ont été hyper alarmistes et giga prudents depuis le mois de janvier commencent à être à court d'argument pour justifier une prolongation des restrictions. Mettre le masque est devenu une routine, depuis notre retour mi mars à Hong Kong. Avant on faisait comme pas mal de Gweilo (gwailou 鬼佬), les blancs : on n'en mettait pas sur le thème "c'est pour les malades, et comme tout le monde en porte de toute façon on est totalement protégé". Depuis notre mise en quarantaine de facto en raison de notre retour de France on a arrêté de faire les malins et on s'est conformé à la norme, que dis-je, à la pratique de 99.99% des gens ici. On a mis un masque dès qu'on est dehors. Il y a deux exceptions notables à cette règle pour les hongkongais : les rando et la plage. Bizarrement les joggueurs en ville ont un masque, mais il semble que dès que l'on se retrouve dans un environnement naturel les masques sont autorisés à tomber... le pouvoir de la nature sans doute. Bref, c'est ce qui explique que l'on s'est mis à la randonnée, outre le fait que bon nombre de choses sont fermées et qu'il n'y a pas beaucoup d'alternatives. Evidemment on est pas les seuls, mais de manière surprenante les rando dans les nouveaux territoires (contrairement à sur l'ile) ne sont pas prises d'assaut. Il est vrai que pour ceux qui ne peuvent pas se payer le taxi, aller faire une rando au nord de Kowloon exige de passer au moins une heure dans les transports, métro puis bus puis mini bus. Il est toujours étonnant de voir près de 100 randonneurs se mettre consciencieusement en rang pour attendre l'unique minibus à la capacité maximale de 19 places et à la fréquence peu prévisible, au lieu de dégainer comme nous l'application HKtaxi pour rentrer chez eux. Au delà de la différence de prix (le taxi c'est quasi 20 euros soit 10 fois plus que le bus) je pense qu'on a une conception différente de la valeur temps: les hongkongais ne rechignent pas du tout à faire la queue, pour un resto, pour une boutique qui brade, pour entrer dans un musée... En tout cas dans ces occasions on en est bien content : on se bat moins pour les taxis et on est rentré plus vite. Pour ce qui est des masques, il n'y a plus de pénurie depuis longtemps. Je dirai même c'est devenu le produit en tête de gondole de TOUS les magasins, supermarchés ou vendeurs de fringues, chacun s'est fait approvisionner et il y a maintenant une tendance à les brader. Autant, mi-février, les gens faisaient la queue pour trouver des masques, autant maintenant le paquet de 50 masques peut descendre à 100HKD (12 euros). Ce qui est rigolo c'est qu'il semble que les masques ne proviennent jamais de Chine et affichent des drapeaux tout autre (USA, Canada, Allemagne - le grad synonyme de sérieux, fiabilité et qualité, et même du Brésil). Sans doute viennent-ils quand même de Chine... L'autre truc spécial ici, c'est le nombre de personnes qui ont un espèce de badge autour du coup. Après enquête il semble que ce soit des "repoussoirs à virus". Comme pour les anti-moustiques. Il y a des versions électroniques et des versions plastiques. Aucune idée de si cela marche ou pas et comme, de toute façon, il n'y a plus de cas ici depuis 20 jours, on ne le saura jamais. Nous avons opté pour des masques en tissu pour les enfants. Clairement ils ne sont pas aux normes AFNOR mais bon ça fera l'affaire ici. Matthieu et moi avons des masques coréens noirs, un clin d'oeil aux manifestants et parce que c'est plus classe que les masques chirurgicaux bleus de la plupart des gens ici. On attend tous la livraison du masque offert par le gouvernement hongkongais et que les enfants récupéreront à l'école. On s'est inscrit en ligne et on devrait le recevoir à notre porte d'ici quelques jours. Pas sur qu'on le mette parce qu'il est beige moche mais il est censé être efficace, doté d'une nouvelle technologie et lavable 60 fois. A bientôt pour les essayages du CU Mask.
Depuis le 10 avril, la flambée des cas a cessé. Le gouvernement de Hong Kong a mis du temps à relâcher les contraintes, de peur non pas tant que les contaminations reprennent (car clairement le virus ne circule plus du tout à Hong Kong), mais que les manifestations redeviennent quotidiennes comme avant Noël. La situation politique est ubuesque ici : alors que la loi en vigueur interdit les masques pour permettre l'identification des manifestants, tout le monde en porte un contre le coronavirus, et les rassemblements (de 4 personnes maximum) de manifestants hostiles à la Chine reprennent dans les centres commerciaux. La police semble t-il pousse les manifestants pour qu'ils semblent être à plus de 4 pour ensuite les arrêter et les verbaliser. Tristes temps. Bref, il a fallu attendre ce week end et donc 3 semaines sans un cas local de covid19 pour que la règle de moins de 4 passe à 8, déjà un progrès. On ne sera plus obligé de manger au restaurant, en deux tables séparées. Surtout on annonce la réouverture des cours de tennis, de certains musées et autres possibilités d'activités. Les enfants vont pouvoir reprendre les cours de roller, de skate board, de tennis et de voile. Un retour à la normale ou presque, même si les piscines ou les parcs d'enfants restent fermés. Nous c'est le retour du cinéma (sans nourriture, avec masque et distanciés des autres) qui nous réjouit ainsi que les bibliothèques et notamment l'alliance française pour renouveller notre stock d'Asterix et de Tintin. Même dans notre résidence, pourtant très précautionneuse, les "facilities" réouvrent. Les règles sont strictes mais bon on a l'habitude: masques obligatoires pour rentrer dans la résidence, contrôle de la température pour les non-résidents (livreurs....). Et surtout l'école... Pour le campus de Tseung Kwan O où sont les enfants, a priori Avril retourne à l'école le mercredi 20 mai, c'est dans 10 jours!! Puis ça sera Ulysse le lundi 25 mai et enfin Pierre le lundi 1er juin. Bon c'est pas le retour à la normale pour autant, juste le matin, pas de cantine, pas d'activités extra-scolaires, les tables espacées d'1m au moins et tout le monde masqué. On voit si cela se concrétise mais la fin de l'école à la maison nous redonne le moral, surtout aux parents, car les enfants eux sont plutôt contents de la situation: école le matin et activités l'après midi. Leurs copains leur manquent un peu mais ils voient les plus importants et ne semblent pas plus ravis que cela de retourner en classe, masqués.
A partir de la mi-mars, la situation Covid-19 à Hong Kong s'est emballée. Le retour de résidents hongkongais venant d'Europe ou des US a enclenché une hausse de cas. Rien à voir avec la situation en France mais ici c'était la panique. Alors que début mars le gouvernement avait annoncé la réouverture des écoles pour le 20 avril, dès le 20 mars ce plan était annulé jusqu'à nouvel ordre. Le pic d'infection au delà de 25 par jour a enclenché la fermeture des terrains de tennis, des parcs enfants, des clubs de voile... Plus d'activité pour les mômes la tuile. Au delà des après midi où il devenait compliqué d'occuper les enfants, c'est notre vie sociale qui en prenait un coup car on devenait infréquentable pour 2 semaines. Trois week-ends où l'on a donc mis à contribution le livre des randonnées qui avait jusqu'à maintenant peu été ouvert. Et ce fut un peu une révélation. La région administrative de Hong Kong couvre un territoire de 1 104 km2 soit 10 fois moins que l'île de France. C'est petit mais très divers, entre les forêts junglesques du nord (nouveaux territoires), les collines dénudées de l'île de Hong Kong, les îles grandes (Lantau, celle de l'aéroport) ou petites comme Po Toi tout au sud ou Peung Chau, Cheung Chau ou Lamma (à l'ouest). Le rythme a vite été pris, avec des rando quasi tous les après midi depuis mi mars. Les enfants ne se plaignent pas trop même si ils préfèrent quand on y va avec une autre famille avec enfants. Hélas le 8 avril le gouvernement annonçait qu'on ne pouvait pas être à plus de 4, sauf cas où l'on partage le même foyer pour toutes activités sociales : resto, ballade... Bref, on a commencé à faire des ballades tous les 5 puis, parce qu'il n'est pas simple de déterminer si deux familles marchent indépendamment ou ensemble, on a fait des marches à deux familles. On a enchaîné les randos : des petites puis des plus grandes et notamment des emblématiques, comme le Lions Rock. Le Lion Rock c'est un dénivelé de 500 mètres, d'une traite pour arriver sur un petit pic rocheux qui, avec un peu de bonne volonté, peut vaguement faire penser à une tête de lion. Ce rocher est un symbole très important ici. Dans les années 1970, une sérié télé devenue inconique ("Below the Lion Rock") vantait le "Lion Rock sprit" qui résume l'esprit de ténacité, de résillience, de créativité et de solidarité du petit peuple de Hong Kong. Il ne faut pas se leurrer : il s'agissait, pour l'essentiel, d'une entreprise de nation-building non-dénuée d'arrière pensée pour l'Etat colonial de l'époque. Après les grandes émeutes des années 1960, il fallait inciter les ouvriers sous-payés et tassés dans des appartements minuscules à accepter leur sort et leurs dûres conditions de vie et de travail. Il fallait aussi forger une identité hongkongaise distincte et promouvoir un modèle de société différent pour éviter que les hongkongais rejetent le pouvoir colonial et se jetent trop volontier dans les bras de la Chine communiste (n'oublions pas que Hong Kong était l'une des lignes de front de la Guerre Froide). Le choix du Lion Rock n'était pas innocent. Le pic est dans les Nouveaux Territoires et surplombe les quartiers très denses de Kowloon, qui ont accueilli, dans les années 1950 et 1960, des masses d'immigrés venus de Chine. Il s'agissait qu'ils se mettent au boulot, d'éviter qu'il regrettent leur choix, qu'ils rompent définitivement les ponts avec la mère patrie et développent un amour du modèle proposé par les anglais. C'était essentiel sur le moment pour la paix sociale, mais aussi pour l'avenir. La rétrocession des Nouveaux Territoires étant inévitable, avoir le soutien du peuple (et notamment dans ces territoires qui n'étaient qu'une possession britannique temporaire) permettait aux anglais d'avoir un atout supplémentaire au moment d'arriver à la table des négociations. Ca a plutôt bien marché. La chanson du générique de la série est encore connue de tous, et le "Lion Rock Spirit" fait aujourd'hui pleinement partie de l'identité des hongkongais. Pas étonnant qu'il soit aujourd'hui remis au goût du jour par les mouvements "anti-establishment", qui s'appuient sur les sentiments identitaires des hongkongais et tentent de construire une histoire de résistance du lion hongkongais, fier, courageux et obstiné, face au panda chinois, massif, puissant, mais borné, stupide et balourd... A l'automne dernier, au moment où les manifestations battaient leur plein, les protestataires ont entrepris plusieurs expéditions sur la tête du lion pour y derouler des banderoles géantes ou y erriger une espèce de statue de la liberté, petite soeur hongkongaise de l'éphemère déesse de la démocratie de la place Tiananmen. Bref, qui ne montant pas n'étant pas hongkongais, c'est évidement l'ascension à faire. Et on l'a fait. Les genoux furent douloureux mais d'en haut, on a une très belle vue sur la baie de Hong Kong et des tours de Kowloon qui emergent de la forêt (d'ailleurs, beaucoup recommandent l'assension en fin de soirée ou de nuit pour voir les lumières de la ville). Au-delà du Lion Rock, la découverte ça a vraiment été la multitude et la diversité des randonnées. En bord, de mer, dans la campagne, en forêt, sur les chemins de crête, aux abord des micro-villages faits d'une poignée de bicoques improbables construites de bric et de broc, à 1000 lieue des tours étincellantes de Central. Malgré la chaleur (il fait maintenant 30 degrés) on arrive à rester relativement au frais. Il y a évidemment les ballades autour des réservoirs, mais là on est souvent plus exposé au soleil. On est loin d'avoir tout fait d'autant que certaines ballades exigent de décoller tôt notamment pour prendre un bateau. On a déjà coché l'ile de Po Toi tout au sud, un air de Bretagne avec ses falaises déchiquetées. Il faut maintenant que l'on se motive pour les destinations tout au Nord-Est, des zones seulement accessibles en bateau avec des départs dès 8h30 à 30 mn de taxi de chez nous. On va essayer !
Je reprends la plume après quasiment 3 mois. 3 mois pour accepter que le dernier semestre avant notre retour en France ne serait pas l’apothéose rêvée. J’avais très tôt identifié les longs week-ends et les plages de vacances de 2020. J’avais pris très tôt les billets d’avion et fait le choix des hôtels. On était prêt, en tout cas on pensait que les enfants étaient prêts après le baptême du feu du Népal, pour les deux voyages qui me faisaient rêver dans la région : Le Tibet et la Mongolie. J’avais de plus calé sur les petits week-ends des A/R pour la baie d’Halong et le Yunnan. Tellement longtemps à l’avance que j’avais même oublié et avait validé le séjour de ma mère sur une période où on n’était pas censé être là. Bref, ces derniers mois je les voyais comme l’occasion de pousser les enfants plus loin dans les altitudes et dans les déserts et de les faire camper, rouler de longues heures pour découvrir ces grands espaces et aller à la rencontre de peuples totalement différents de ce qu’on avait visité en Asie de l’Est jusqu’à maintenant. Maintenant qu’Avril et Ulysse apprécient la lecture et que les trois sont plus autonomes notamment en marche, il paraissait envisageable de partir pour du pur itinérant, avec des trajets longs et des conditions de nuit sommaires. A notre retour de Malaisie il n’était pas encore évident que le monde avait basculé et qu’il fallait faire un profond ajustement dans notre mode de vie. C’était Hong Kong le second foyer du Coronavirus, à la porte Sud de la Chine. L’inquiétude en cette mi février était double 1) endiguer la contamination et donc fermer les échanges entre la Chine et Hong Kong et 2) éviter que le reste de monde, qui fermait ses frontières aux Chinois, ne mette les Hongkongais dans le même paquet. Mais au quotidien on était assez tranquilles : les enfants faisaient l'école le matin et ensuite partaient faire du bateau ou un camp de sport sur la plage, pendant que Pierre retrouvait ses copains pour faire du foot. On les a inscrit aussi à des cours de tennis. Au moins on avait l'impression que la fermeture de l'école avait ses avantages, d'autant qu'il faisait plutôt beau. C’est dans ce contexte, où c'était Hong Kong qui était au coeur de la tourmente, que je suis rentrée avec les enfants pour 2 semaines de vacances en France, à la fin février. J'avais un moment craint que l'on doive tout annuler si la France nous considérait comme des Chinois de Wuhan. Une fois en France, on a pu profiter un instant du soulagement d’avoir laissé la maladie derrière nous et de pouvoir vivre une vie normale. Dans l’avion Air France qui nous a ramené de HongKong à Paris, on a vite compris que l’avion était venu de France à vide et que les personnels navigants avaient été réquisitionnés. A l’arrivée à Roissy, l’équipe médicale était là pour vérifier notre température, récupérer notre déclaration d’itinéraire (pas de séjour en Chine) et nous donner des masques. Masques qu’on a enlevé dès la récupération des valises tellement on avait l’impression qu’on avait atteint le refuge. Tout s’est enchainé comme je l’avais calé depuis longtemps : les enfants au ski, moi à faire des cours en Egypte puis à Paris. Le vol retour était prévu pour le vendredi 13 mars. La date restera dans ma mémoire pour longtemps. Le dimanche 8 mars, Air France annonce qu’elle suspend les vols entre Paris et HK. La situation en France se dégrade en France, les vols sont vides et bientôt HK va imposer une quarantaine aux arrivants d’Europe. Le sauve-qui-peut commence dans l’autre sens : il faut rentrer à HK, ramener les enfants du Sud de la France en urgence, prendre n’importe quel vol. La chance est que je suis déjà de retour à Paris. Je passe une première après-midi, lundi 9 mars, dans la boutique Air France après des heures d’attente en vain au téléphone. Un premier rebooking par KLM, qui sera lui aussi annulé le lendemain. Une deuxième après-midi chez Air France le mardi 10 mars et un départ dès le lendemain matin après une récupération des enfants dans la nuit. J’ai tout planté : les cours, l’examen, les diners avec les amis, tout ce beau planning précisément construit. Evidemment, à Paris, il n’y avait pas encore de prise de conscience : personne n’a de masque et, pour tout le monde, l’épidémie est encore loin, même si on commençait à se méfier des Italiens en plus des Chinois.
A notre arrivée à HK, j’ai eu la sensation, comme à l’arrivée à Paris, d’avoir réussi une échappée salvatrice. Dès le lendemain les enfants ont rejoint leurs copains sur la plage et participé à des camps sportifs car après tout ils étaient en vacances. Mais trois jours plus tard, plus rien n’était possible. Il fallait attester, pour chaque inscription à des activités des enfants et même pour moi pour aller à l’université, que l’on était à HK pendant la quinzaine précédente. Annulation des sorties entre amis, les employeurs demandant à tous leurs employés de ne pas fréquenter les personnes ayant voyagé. Quelques jours plus tard c’est la quinzaine qui est imposée aux nouveaux arrivants : la plupart sont des étudiants hongkongais mis à la rue suite à la fermeture de leurs écoles en Europe ou aux US, des familles résidant à HK qui étaient partis en vacances ou même avaient rescolarisé leurs enfants en Europe ou aux US pour contourner la fermeture des écoles ici (plus de cours en présentiel depuis 23 janvier). Le nombre de cas à Hong Kong est reparti à la hausse, et les mesures se sont emballées. En plus du malaise d’être perçus à Hong Kong comme les responsables de cette seconde vague, il a fallu composer avec la fermeture de toutes les activités qui nous permettaient de respirer les après-midi après les matinées d’école à la maison. Même si les enfants ont plutôt bien géré le passage à l’école à la maison, ça n'a pas été totalement indolore, surtout pour pour gérer Pierre. Avant le séjour en France, on avait externalisé tellement c’était difficile de mettre Pierre au travail et de ne pas perdre son calme face à ses « J’ai pas envie, pas question, j’en ai rien à faire, ça ne m’intéresse pas, je suis fatigué, je ne le ferai pas…. » Il passait alors 2 heures à faire ses devoirs avec une jeune femme dans un café. En comptant l’heure de transport, on avait un peu la paix pour faire les devoirs avec les grands. Après le retour de France, Pierre a négocié de rester à la maison pour faire l’école. La routine qui s'est installé était donc celle où Matthieu gérait les deux grands sur la table du salon et moi, reconvertie en maitresse de CP, j'avais la lourde tâche de mettre Pierre au travail. Cette routine où nos matinées (de 8h15 à 12h30) étaient englouties dans l'école des enfants et les après midi étaient dédiés à notre propre boulot a absorbé notre énergie et il m’a fallu un peu de temps et la perspective d’une réouverture des écoles ici pour que je me remette au blog. Il s'en est passé des choses depuis nos dernières vacances. La pandémie est passée par là et bien des tourments avec. A Hong Kong, on est passés d'une situation étrange à une autre. Fin janvier, Hong Kong fermait ses écoles et limitait les franchissements de frontière à coup de quarantaines obligatoires. Quand on racontait cela à ceux vivant loin de Hong Kong, ils écoutaient souvent d'une oreille curieuse et un peu amusée, comme un conte oriental décrivant des moeurs bien excentriques. Puis l'épidémie à conquis l'Europe et la France et, alors que la situation à Hong Kong n'avait en rien changé, beaucoup de nos amis confinés se sont soudain inquiétés de notre santé et étaient effarés et effrayés à l'idée que nous, nous puissions encore sortir, prendre le métro et aller se promener. Le "restez-chez-vous" est soudainement devenu la nouvelle norme et aller au resto le summum de l'excentricité. Toujours est-il que les mesures de distanciation sociale se sont durcies ces dernières semaines à Hong Kong, avec la soudaine croissance des cas liés au retour au bercail de tous ceux qui étaient dispersés en Europe et en Amérique. Mais la narration de tout cela fera l'objet d'un autre billet de blog. Pour l'heure, il est temps de rattraper le retard en revenant sur nos dernières vacances. C'est d'autant plus important que l'on craint que ce soit vraiment les dernières que l'on aura avant notre départ d'Asie : à moins d'un miracle, il sera bien difficile de voyager d'ici le mois de Juillet. Rembobinons donc jusqu'au mois de janvier 2020. Les vacances du nouvel an Chinois tombent tôt cette année, les informations au sujet du nouveau virus qui sévit à Wuhan sont encore peu précises, aucune mesure particulière n'est mise en place à Hong Kong même si le port du masque se généralise à la vitesse de l'éclair, et c'est donc le coeur assez léger que l'on s'embarque en direction de la Malaisie, pour quelques jours. On était déjà allés à Singapour et à Kuala Lumpur et on avait beaucoup aimé ces deux endroits pourtant très différents : le calme et la gentillesse des gens, le côté propret et tranquille, le mélange (ou plutôt la juxtaposition) des communautés Malaises (musulmanes), Indiennes (hindoues) et Chinoises (boudhistes), et les vielles maisons et boutiques qui nous laissent imaginer l'époque où ce confluent des mondes était un repaire de marchands et de trafiquants en tous genres. Cette fois, il s'agissait d'aller à Penang. C'est une presqu'île, dans l'océan indien, au Nord de la Malaisie et donc pas très loin de la longue bande de terre qui fait le Sud de la Thaïlande et des iles paradisiaques de Phuket et Koh Lanta. Le séjour était découpé en deux : trois petits jours dans un appartement en bord de mer, et les trois derniers en ville, à Georgetown. Pas grand chose à dire sur la première partie où l'idée était de se reposer et profiter de la chaleur : mer, plage, piscine, restaurants (en se méfiant des nombreux restaurants halal qui offrent un menu alléchant mais bannissent l'alcool). La deuxième partie était plus notable. Georgetown est une ville très attachante. C'est un genre de petit Singapour qui n'aurait pas aussi bien réussi. On y retrouve les rues bordées de petites maisons/boutiques, avec un trottoir qui coure sous les arcades et protégées par des stores en lamelles de bambou qui servent d'enseigne. Les boutiques de prêteurs sur gage, de vendeurs d'or, d'import-export... C'est coloré, c'est joli et ça évoque le temps ou les marchands venus de toute l'Asie proposaient tout et n'importe quoi. A Singapour, tout cela est pimpant et propret, mais à Georgetown, c'est bien plus déglingué et foutraque, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Les colonnes peintes, les enseignes, les carreaux de ciments, tout cela est vraiment très joli. Il y a aussi quelques vielles et splendides maisons de riches marchands (surtout chinois). Notre hotel était dans l'une d'elle : un premier bâtiment donnant sur la rue et qui accueillait la boutique et les affaires commerciales, une cour intérieure, puis des bâtiments d'habitation. Bois sombre, carreaux de ciments, vieille faïence, alcôves, photos sépia d'honorables ancêtres au chignon sévère, etc... Bref, un décor de cinéma qui vous renvoie des images d'aventuriers partis il y a plus de 100 ans faire fortune en extrême orient. On peut aussi visiter quelques très grandes résidences des plus grands notables. Celles-ci sont sur le même modèle, mais immenses et meublées avec un luxe démesuré. La visite nous laisse bien comprendre qu'ils étaient d'aussi paisibles commerçants qu'Al Caponne était limonadier : la salle à manger était tapissée de miroirs pour voir arriver les intrus de toute part et la cuisine avait une reserve de médicaments pour disposer, en cas d'empoisonnement, de tous les antidotes connus... L'autre intérêt de Georgestown, ce sont les arts de la rue. On en a de deux types. De grandes fresques peintes sur les murs décrépis et des installations en fer forgé formant un dessin qui rappelle les origines du quartier (la rue des ferblantiers, des marchands d'or, etc). Tout cela est dûment répertorié sur des cartes touristiques qui, aux mains des enfants, font un jeu de piste géant, idéal pour explorer en détail le dédale des petites rues. Tout cela était bien agréable, mais on suivant en même temps la fermeture inexorable de toute l'Asie de l'Est face à l'expansion de l'épidémie. Plus d'école, plus de fac... pourquoi rentrer vers la fraicheur et la déprime hongkongaise ? On a donc décidé de décaler notre billet de retour et de prolonger notre séjour d'une dizaine de jours. Le lendemain, on s'embarquait sur un vieux rafiot qui avait du être, en d'autres temps et d'autre lieux, une vedette rapide ultra-moderne. Direction plein nord, vers l'île de Langkawi. Là, on est pile en face de la pointe sud de la Thailande. On ne savait pas trop à quoi s'attendre en arrivant là bas. On imaginait une petite île, avec une petite ville sympathique. C'est un peu cela, sauf que l'île est grande et les zones urbaines sont très étalées. Sans voiture, c'est carrément la galère, or on était bien sûr partis sans nos permis de conduire et il était inutile d'espérer louer un véhicule. On n'a pas eu le temps de regretter cet oubli car la logeuse de notre premier Airbnb nous a proposé la sienne pour trois fois rien, en se moquant bien de savoir si on savait conduire ou pas. Nous voilà donc équipés pour profiter du lieu. On n'a pas tout vu, pas tout fait car notre première semaine d'école à la maison venait de commencer. Nos matins étaient donc occupés à faire les devoirs des enfants. Pas facile car les profs étaient encore en phase de tâtonnement et nous, nous devions découvrir les subtilités de google drive et classroom, avec un équipement informatique sommaire. Les activités de l'après-midi ne manquaient pas. Visite en bateau de la mangrove et des côtes avec ses petits pics sortants de l'eau, rencontre avec les aigles à tête blanche, symboles de Lankawi, ziplines géantes, baignades dans les torrents, plages, sortie au zoo (vaguement déglingué, mais très sympa). Une prime pour la journée de snorkeling, sur un tout petit îlot qui sert de reserve maritime. C'était un truc hyper touristique, et on est partis avec quelques doutes. Mais dans la mesure où la quasi totalité des touristes chinois avaient déjà déserté les lieux, ça restait acceptable. Et surtout, l'endroit où l'on pouvait se baigner était suffisamment grand (et les touristes asiatiques suffisamment mauvais nageurs pour ne pas s'éloigner du bord) pour qu'on puisse profiter du spectacle. Des coraux et des poissons à foison, des gros, des petits, des requins, etc. Les deux derniers jours, on s'est collés, dans un petit hotel de luxe - quasiment vide - où l'on vivait dans une maison toute en bois : pilotis, toits de paille, salle de bain en plein air, terrasse, lits à baldaquins, jardin immense, piscine et chats occupant paisiblement les lieux. Un vrai plaisir de faire l'école à la maison dans ces conditions. La beauté et la tranquillité des lieux ont eu raison de nos envie de prolonger nos explorations si bien qu'on n'a pas décollé d'un pouce. Mais les bonnes choses ayant forcément une fin, nous sommes remontés dans notre rafiot pourri pour passer deux dernières journées à Georgetown avant de rentrer à Hong Kong. On a retrouvé nos ordinateurs et notre imprimante. Pour faire l'école, c'est plus pratique, même si la version Robinson 2.0 n'était pas si mal. |
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