Ce week-end, on était en Chine. Une aventure à l’ambition modérée : l’objectif était Shenzhen, qui se trouve juste derrière les collines des nouveaux territoires, à la frontière avec Hong Kong. Pour s’y rendre, il suffit de prendre un métro qui monte vers le Nord, jusqu’au terminus. Là, on passe à pied une vraie frontière avec le double contrôle (par l’immigration Hongkongaise pour sortir, puis par les Chinois pour entrer en mainland). Pour nous, européens habitués à passer les frontières terrestres sans contraintes, cela évoque des souvenirs couleur sépia. L’ambiance est un peu glauque, avec des couloirs pas bien propres et pauvrement éclairés, de longues files d’attente et des inspections minutieuses de passeports et visas. Pour le coup, on voit bien que l’intégration de de Hong Kong à la Chine n’est pas bien avancée. On est plus dans un modèle « deux-pays / un système », plutôt que l’officiel « un pays / deux systèmes ». Bref, une fois de l’autre côté, on reprend un métro pour rejoindre le centre-ville de Shenzhen. Autant le dire d’emblée, on n’a pas vu grand-chose de la ville. Elle semble très grande et très aérée (c’est-à-dire avec de grands espaces entre les blocs de bâtiments), ce qui n’incite pas à la déambulation pédestre. En fait, on a passé tout notre temps dans deux parcs à thème. Le premier, « Splendid China - Folk Culture Villages » est une ode à la diversité ethnique de la Chine et à la forcément immense richesse de son patrimoine culturel. C’est une succession de pavillons reproduisant les habitats traditionnels des différentes régions de Chine. Chacun propose, à intervalle régulier, un petit spectacle de musique et danse. Si on est dans un état d’esprit bon enfant, c’est assez sympa et rigolo et ça donne envie d’aller visiter les confins de l’empire, du Tibet à l’Asie centrale. Une partie du parc est un parcours dans un jardin type « Chine miniature » où les principaux monuments chinois sont reproduits en petit. De quoi rendre fous les enfants qui détestent toujours autant être pris en photo. Enfin, le parc proposait 3 grands spectacles. Vu qu’il y avait peu de monde et qu’on n’avait que ça à faire, on s’est fait les trois. Le premier était une reproduction historique montrant la résistance farouche d’un avant-poste de l’armée médiévale chinoise face à la menace de féroces barbares. Il y a des costumes, des cascades à cheval, des explosions. Les deux autres étaient un mélange, clinquant à souhait, de danse en costumes traditionnels revisités et de cirque. Le lendemain, re-belote. Mais avec plus d’ambition, puisque c’est carrément à la visite du monde entier qu’on s’est attaqué avec « window of the world ». Même principe que le précédent : des pavillons centrés sur différentes régions du monde, avec maisons traditionnelles, monuments représentatifs et petits spectacles. C'est un peu vieillot, mais ça reste sympa (vraiment, on est bon public). En plus de profiter des danses maories, amérindiennes ou brésiliennes exécutées par des chinois, cela nous a permis de nous remémorer nos récents voyages en Asie (ci-dessous : Bangkok, Seoul, Siem Rep et Singapour).
Une autre chose nous a marqué pendant le week-end. Partout dans les rues de Shenzhen, la présence militaire était impressionnante : des uniformes partout, des contrôles tatillions à l'entrée du métro, des camions blindés anti-émeutes à chaque coin de rue. Ce n'est qu'en retraversant la frontière le dimanche soir qu'on a eu l'illumination expliquant sans doute ce déploiement dans une ville qui semblait par ailleurs très calme : on était en plein XIX congrès du PCC (tenu à Pékin, c'est-à-dire à plus de 2000 km de là). Un petit aperçu du "rêve chinois" promis par le camarade Xi...
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Petite semaine en ce début d’octobre. Le premier octobre, c'était la fête nationale de la république populaire de Chine, dûment fêtée et chômée à Hong Kong. Et le 4 c'était le mid-autumn festival, le jeudi 5 était donc férié aussi (oui, souvent ici les jours fériés ne sont pas le jour des fêtes, mais le lendemain). L'école faisant le pont, on avait un grand week-end de 4 jours. Direction : le pays du matin calme et sa capitale, à quatre heures de vol de Hong Kong. On est arrivés à Séoul le mercredi soir très tard et les enfants n'ayant pas résisté au (très) long voyage en bus nous amenant de l'aéroport, ils se sont juste effondrés dans leurs lits et n'ont découvert notre logement que le lendemain. Pour l'occasion, on s'est laissé tenter par un logement typique : un hanok, transformé en guesthouse de 4 chambres. Les hanok, ce sont des maisons traditionnelles coréennes. Il en reste quelque unes à Séoul, regroupées en plusieurs petits quartiers. Comme beaucoup de choses à Séoul (du moins à nos yeux de néophytes), c'est à mi-chemin entre une version chinoise et une autre japonaise. En l'occurence, le hanok, c'est entre une habitation de hutong pékinois, et une maison japonaise : un bâtiment à peu près carré, formant un anneau autours d'une cour centrale. Toutes les pièces habitables cernent la cour et ouvrent sur celle-ci avec des portes coulissantes en papier, type shōji. Très sympa. Très sympa, mais ça veut dire : se déplacer courbés pour ne pas se cogner partout, traverser la cour pour rejoindre les toilettes et la salle de bain et, bien sûr, dormir sur des petits matelas tous plats à même le sol, tous ensemble dans une grande chambre. Arrivés à notre quatrième matin calme, nos os de quarantenaires commençaient à regretter les matins turbulents mais moelleux de Hong Hong. Mais bon, nous n'étions pas si fâchés de l'expérience et avons savouré notre chance d'avoir évité la pluie et les nuits frisquettes. Vu qu'on ne pouvait pas infliger à colocataires les turbulences matinales de nos enfants (les portes en papier, c'est joli, mais niveau isolation sonore, c'est carrément moyen), il nous fallait nous mettre en route de bonne heure pour prendre un petit déjeuner dehors. Bonne nouvelle : à Seoul, il y des coffee shop à tous les coins de rue. Mauvaise nouvelle, il semble que préparer un café et mettre 3 pâtisseries sur un plateau soit une tâche complexe et délicate impliquant, à chaque fois, une attente désespérante. Au final, ce n'est donc que relativement tard que nous nous lancions à l'assaut de la capitale. Au menu : des marchés, des villages de hanok, des palais et des temples (le plat de résistance : il y en a pleins), quelques musées et deux spectacles. La visite des palais impériaux ne nous ont pas appris grand-chose sur l'histoire du pays mais ont offert des moments agréables. Ils sont tous un peu sur le même mode : une succession de pavillons rectangulaires à la toiture recourbée. Bref, c'est assez semblable à ce qu'on trouve en Chine, sauf qu'au lieu du rouge, la couleur dominante est le vert foncé. Le tout - encadré comme il se doit de grandes pierres ornementales et d'arbres tortueux et vénérables - est plutôt plaisant. Et puis il y régnait une bonne ambiance. Tout d'abord des jeux étaient mis à la disposition des visiteurs. Des toupies à activer avec des fouets (un savoir-faire semble-t-il totalement perdu car on n'a vu personne tenter sa chance), et puis un truc qu'on a vu plusieurs fois ici et là : un boisseau de flèches qu'on doit lancer, une à une, pour les envoyer dans trois tubes posés à terre. C'est pas facile, mais c'est simple et répétitif ; les enfants y sont restés collés ad nauseam. Ensuite, les coréens ont, semble-t-il, pour coutume de visiter les lieux historiques déguisés en tenues traditionnelles : grandes robes colorées pour les dames (genre Marie Antoinette en Asie), et tenues satinées avec le chapeau noir typique à tuyau de poêle pour les messieurs. Il y en avait pleins, partout. Peut-être parce que c'était, en Corée aussi, une période de fête. Les différents palais et portes de la ville offraient aussi des spectacles réjouissants de "relève de la garde". Peut-être un peu bizarrement pour un pays fortement militarisé, il n'y avait rien de sérieux là dedans. Les pseudo-gardes étaient en tenue folkloriques, armés de sables en fer blanc et coiffés de chapeaux de paille à plumes de faisans. Les relèves se font à grand renfort de bannières et de tambours pour finir invariablement par des séances photo bon enfant avec les gardes débonnaires. Les villages de hanok, c'est sympa et joli : à flanc de collines, quelques rues avec des maisons en bois aux toitures recourbées couvertes de tuiles noires. Ca donne un but à la déambulation urbaine et ça change des rues ordinaires où, un peu comme à Tokyo ou Taipei, l'urbanisme est sans charme et sans grande cohérence : ce n'est pas spécialement laid, mais les rues sont une succession de bâtiments simples et disparates posés là sans recherche d'harmonie et reliés entre eux par des faisceaux de câbles électriques et téléphoniques. Ah, si, il y a un truc sympa : la ville a été construite dans une cuvette formée par de grandes collines. Bien sûr la ville aujourd'hui a largement débordé de cette ceinture, mais les collines sont bien là, intactes et l'on voit souvent, au détour d'une rue, leur pentes naturelles qui émergent du magma urbain. Une des activités à notre programme était de montrer en téléférique au somment de l'une d'elle sur lequel a été construite une imposante tour de télévision avec son très conventionnel restaurant panoramique. C'est là qu'on a vraiment compris que ce week-end était chômé en Corée : on a abandonné devant l'immense file d'attente. Question musées, on a fait light. En partie parce que beaucoup étaient fermés. Mais on a tout de même visité le musée de la muraille (qui raconte l'histoire du mur qui entourait la ville en serpentant le long des crêtes de collines), et fait un tour dans l'impressionnant musée du design. En fait, un immense lieu multi-fonctions aux formes de vaisseau spatial. Très réussi. Un peu dans la même veine que l'hôtel de ville, une espèce de grand blob de verre. Enfin, Sandra a eu la bonne idée de nous réserver des places pour deux spectacles. Le premier, Nanta, est un show célèbre en Corée, joué en permanence à Séoul depuis plus de 10 ans et qui a tourné dans le monde entier. Une succession de chorégraphies et de percussions qui a pour décors une cuisine Coréenne. Ca découpe des légumes au hachoir, ça tape sur des bidons de sauce soja, ça fabrique des dumpling en envoyant de la pâte partout, etc. Les enfants étaient contents et nous aussi. Le second était plus intello. Dans un centre culturel un peu éloigné du centre-ville, il s'agissait d'un florilège de musiques et danses traditionnelles coréennes. A l'entrée, un petit couac : une hôtesse vient me demander l’âge de Pierre. 4 ans. D'un air désolé, elle me dit que ça ne va pas être possible : le spectacle ne peut pas accueillir les enfants qui ne sont pas encore à l'école élémentaire. Je réponds du tac au tac et d'un air criant de sincérité qu'il est déjà à l'école élémentaire. La fille regarde Pierre, fait un grand sourire, nous dit que "Ah Bon?! Alors tout va bien" et nous laisse passer, visiblement enchantée d'avoir eu affaire à un petit garçon au parcours scolaire si époustouflant. Pas sûr que Pierre ait été pleinement ravi de ce retournement de situation. Il a du se farcir une bonne heure de flutes stridentes, de tambours assourdissants et de coups de cymbales à faire saigner les oreilles. Le tout interprété par des musiciens au sérieux glaçant des vieux profs de conservatoire et accompagné de danses quasi-immobiles. Le bon point du spectacle était qu'il était composé de segments de 10 minutes donnant un aperçu de la variété des styles de musiques. Et la variété est grande. Rien qui ne ressemble moins à une cacophonie stridente qu'une autre cacophonie stridente. Force est de constater que notre adaptation à ces musiques asiatiques est plutôt lente. Mais on progresse. En fermant les yeux et en se laissant emporter par le tumulte, on y a trouvé un certain plaisir. Pas assez pour en bourrer notre playlist en vue d'un long voyage en voiture, mais suffisamment pour persister à la prochaine occasion. Il ne nous restait qu’un peu de temps, le dimanche matin, pour visiter un temple avant de repartir ver l’aéroport. … et puis pour ceux qui se posent la question, non, il ne transparait pas d’angoisse d’Armagedon nucléaire en cette période troublée. En tout cas rien qu’on ait pu percevoir. Bien sûr, il y des panneaux ici et là indiquant la localisation des refuges en cas de bombardement, il y a des masques à gaz à disposition dans toutes les stations de métro et on voit des bidasses en permission un peu partout en ville. Autant de signes que le pays vit, constamment, dans une ambiance un peu particulière et que le service militaire est là-bas un truc sérieux. Mais tout cela semblait tout à fait tenir de l’ordinaire. Ah, oui, et puis ils nous ont offert un nouveau spécimen à ajouter à notre collection de panneaux de prévention bizarroïdes : Allez, un petit diaporama pour résumer tout cela: Quelques photos prises au fil des jours, pour montrer le talent des enfants Pierre a un côté très artiste. Il adore les déguisements et les mises en scène. Une vidéo proposée par l'école sur la chorale: les 3 enfants concentrés et à l'écoute de Marie, la directrice pédagogique, institutrice d'Ulysse et qui a une voix incomparable.
VIDEO Nous venons de tester ce dont nos voisins français nous parlaient avec presque de l'émotion dans la voix, un front de mer avec kiosque de location de vélo pour tous âges à 10 minutes à pieds de la maison. Il s'agit de ce que l'on appelle West Kowloon promenade et dont les panneaux signalétiques sont encore dans les travaux de la future gare qui est en dessous de notre tour. De notre fenêtre on se disait que cela devait être le vert au bout de la langue de terre après des travaux sans fin et l'autoroute urbaine qui donne sur le tunnel West pour traverser sous le bras de mer pour aller sur l'ile de Hong Kong. On était pas motivé. Ce matin on a bravé la pénibilité de 1) traverser les travaux qui en fait se sont considérablement disciplinés avec une organisation du chemin et de 2) traverser en hauteur au dessus de l'autoroute. Ensuite, on se retrouve dans un espèce de parc à la chouette vue sur Hong Kong. On y a loué des vélos à l'heure pour les 3 enfants. Pierre a compris comment marchait les pédales, non sans peine mais c'est bon il est en roue libre. Avril maitrise maintenant bien. Ulysse lui commence doucement à se faire lâcher par son père (qui a eu bien chaud ce jour là à courir derrière).
On devrait réitérer dans les prochains week end. L'objectif c'est que les deux grands maitrisent suffisamment pour être autonomes lors de notre voyage programmé au Vietnam à Pâques. Un mois tout pile après notre retour à Hong Kong, il faut se rendre à l'évidence, soit on a ramené des poux de France soit d'autres l'ont fait pour nous et nous les ont refilés. Toute la famille a été testée et on est tous infestés. Avril est bien évidemment l'hôte le plus accueillant, elle a clairement une tête à poux : malgré les tresses utilisées quotidiennement et le faible nombre d'enfants dans sa classe elle semble être le vecteur clef dans l'affaire.
Bref, on a mis tout le monde sous cellophane. Pour fêter la fête nationale chinoise.. c'est pas banal. |
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