Cette fin de mai marque le début des chaleurs et heureusement la fin du virus ici. Il n'y a plus de cas de covid-19 depuis 3 semaines au moins sauf pour une poignées de nouveaux arrivants qui vont directement à l'hôpital ou dans un camp. Avec la montée des températures le masque commence à être de plus en plus inconfortable, surtout ceux qui sont multi-couches comme celui fourni par le gouvernement hongkongais: hyper couvrant, 8 couches de tissu dont une avec des molécules de cuivre. On va le garder pour la France et ici on va surtout utiliser des masques en papier. On sent le soulagement et le retour annoncée d'une vie normale: la piscine de notre résidence va ré-ouvrir la semaine prochaine et la règle des "moins de 8" devrait être abandonnée il faut espérer dans quelques jours. Evidemment le gouvernement ne va pas trop vite et a maintenu la règle de 8 jusqu'au 4 juin inclus sans doute pour empêcher les rassemblements pour l'anniversaire du massacre de TienAnMen. Je ne pense pas que cela aurait eu trop d'impact car les commémorations ne sont pas de grande ampleur en l'absence d'un autre agenda qui se greffe dessus. Les localistes (indépendantistes) considèrent en effet qu'il n'y a pas plus de raison de commémorer le 4 juin 1989 qu'un massacre commis dans un pays étranger vu qu'ils ne se sentent pas chinois. Bon c'est un peu radical mais cela explique le manque de solidarité des différents mouvements anti mainland pour les actions de ce jour. C'était sans compter sur la nouvelle loi, annoncée par Pékin il y a qq jours: rien de moins qu'une remise en cause du principe "Un pays, deux systèmes" qui maintenait internet non censuré et liberté d'expression à HK. Possiblement d'ici quelques jours et l'adoption de cette disposition par décret à HK, toute association avec quelqu'un critiquant le régime chinois pourrait être punie de prison. Moralité, n'importe qui pourra être arrêté pour des propos critiques ou pour avoir fréquenté quelqu'un de critique... c'est très dangereux. Malgré la possibilité actuellement de se faire arrêté pour être à plus de 8, des milliers de hongkongais sont donc re-descendus dans la rue hier, dimanche 24 mai. Sans doute le redémarrage d'un long cycle avec son cortège de blessés, violences policières... Evidemment c'est très soft ici par rapport à la France: hier pas de cocktail molotov mais cela ne pourra que dégénérer. Pour nous pas question de prendre de risque malgré notre soutien aux manifestants, nous avons soigneusement évité les lieux de contestations pour faire une petite ballade dans les collines derrière chez nous: singes et réservoirs dans une cocon de forêt.
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Mercredi 21 mai, après exactement 4 mois sans école (le dernier jour était le 23 janvier), Avril a repris le chemin de l'école. Bon, juste pour la matinée et surtout sans récré, ni snack. Pour l'instant le LFI applique de manière très stricte les consignes du gouvernement : les enfants doivent rester à distance les uns des autres et donc Avril est restée 3h30 durant dans sa salle de classe, juste le droit d'aller aux toilettes par tout petit groupe. Elle est rentrée congelée (à cause de la clim et de l'immobilité) et affamée. Aujourd'hui lundi 25 mai c'était au tour d'Ulysse. Ils ont pris tous les deux un UBER car on a laissé tomber le bus scolaire qui, pour assurer le mois de juin, nous demandait de payer les mois de février, mars, avril et mai. Le choix a été vite fait. A partir d'aujourd'hui les snacks sont autorisés (certains gamins partent de chez eux dès 6h30 et donc doivent être à ramasser à la petite cuillère à 11h30). Mais la procédure fait assez peur, telle qu'elle nous a été signifiée par email:
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------A partir du lundi 25 mai, votre enfant pourra amener un goûter à l’école. Ces goûters doivent être emballés individuellement. Nous vous demandons de fournir également une pochette plastique fermant hermétiquement étiquetée au nom de votre enfant pour placer le masque lors de la prise du goûter. Des mesures spécifiques seront mises en place lors de ce moment concernant le nettoyage et le respect des règles d’hygiène : AVANT LA COLLATION 1. Distribution d’une lingette alcoolisée à chaque enfant par le maître et désinfection de sa table 2. Prendre la pochette plastique personnelle et clairement étiquetée au nom de l’enfant 3. Ouvrir largement la pochette plastique pour y déposer le masque 4. Retirer le masque par les cordons élastiqués (ne pas toucher l’extérieur du masque) 5. Placer le masque dans une pochette plastique et la fermer PENDANT LA COLLATION 1. L’enfant ne touche pas à sa pochette contenant le masque 2. L'enfant reste bien assis durant la collation 3. Lingette gardée sur la table individuelle LA COLLATION TERMINÉE 1. Nettoyer sa table individuelle avec la lingette donnée préalablement 2. Le maître passe avec une poubelle à couvercle pour jeter les déchets et lingettes 3. Désinfection des mains 4. Reprise du sac plastique avec le masque 5. Replacer le masque sur le visage par les cordons et réajuster 6. Désinfection des mains ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Rappelons que le virus ne circule plus du tout (ou presque ?) ici. On a arrêté de voir des contaminations locales depuis près de deux mois. La seule exception durant cette période, c'est le cas d'une dame testée positive sans qu'on sache bien où elle avait attrappé le virus. Son mari et sa petite fille ont été testés positifs aussi mais personne d'autre parmi les dizaines testés dans leur entourage. Ce cas, un peu mystérieux, date de plus de deux semaines maintenant et même les experts médicaux qui conseillent le gouvernment et qui ont été hyper alarmistes et giga prudents depuis le mois de janvier commencent à être à court d'argument pour justifier une prolongation des restrictions. Mettre le masque est devenu une routine, depuis notre retour mi mars à Hong Kong. Avant on faisait comme pas mal de Gweilo (gwailou 鬼佬), les blancs : on n'en mettait pas sur le thème "c'est pour les malades, et comme tout le monde en porte de toute façon on est totalement protégé". Depuis notre mise en quarantaine de facto en raison de notre retour de France on a arrêté de faire les malins et on s'est conformé à la norme, que dis-je, à la pratique de 99.99% des gens ici. On a mis un masque dès qu'on est dehors. Il y a deux exceptions notables à cette règle pour les hongkongais : les rando et la plage. Bizarrement les joggueurs en ville ont un masque, mais il semble que dès que l'on se retrouve dans un environnement naturel les masques sont autorisés à tomber... le pouvoir de la nature sans doute. Bref, c'est ce qui explique que l'on s'est mis à la randonnée, outre le fait que bon nombre de choses sont fermées et qu'il n'y a pas beaucoup d'alternatives. Evidemment on est pas les seuls, mais de manière surprenante les rando dans les nouveaux territoires (contrairement à sur l'ile) ne sont pas prises d'assaut. Il est vrai que pour ceux qui ne peuvent pas se payer le taxi, aller faire une rando au nord de Kowloon exige de passer au moins une heure dans les transports, métro puis bus puis mini bus. Il est toujours étonnant de voir près de 100 randonneurs se mettre consciencieusement en rang pour attendre l'unique minibus à la capacité maximale de 19 places et à la fréquence peu prévisible, au lieu de dégainer comme nous l'application HKtaxi pour rentrer chez eux. Au delà de la différence de prix (le taxi c'est quasi 20 euros soit 10 fois plus que le bus) je pense qu'on a une conception différente de la valeur temps: les hongkongais ne rechignent pas du tout à faire la queue, pour un resto, pour une boutique qui brade, pour entrer dans un musée... En tout cas dans ces occasions on en est bien content : on se bat moins pour les taxis et on est rentré plus vite. Pour ce qui est des masques, il n'y a plus de pénurie depuis longtemps. Je dirai même c'est devenu le produit en tête de gondole de TOUS les magasins, supermarchés ou vendeurs de fringues, chacun s'est fait approvisionner et il y a maintenant une tendance à les brader. Autant, mi-février, les gens faisaient la queue pour trouver des masques, autant maintenant le paquet de 50 masques peut descendre à 100HKD (12 euros). Ce qui est rigolo c'est qu'il semble que les masques ne proviennent jamais de Chine et affichent des drapeaux tout autre (USA, Canada, Allemagne - le grad synonyme de sérieux, fiabilité et qualité, et même du Brésil). Sans doute viennent-ils quand même de Chine... L'autre truc spécial ici, c'est le nombre de personnes qui ont un espèce de badge autour du coup. Après enquête il semble que ce soit des "repoussoirs à virus". Comme pour les anti-moustiques. Il y a des versions électroniques et des versions plastiques. Aucune idée de si cela marche ou pas et comme, de toute façon, il n'y a plus de cas ici depuis 20 jours, on ne le saura jamais. Nous avons opté pour des masques en tissu pour les enfants. Clairement ils ne sont pas aux normes AFNOR mais bon ça fera l'affaire ici. Matthieu et moi avons des masques coréens noirs, un clin d'oeil aux manifestants et parce que c'est plus classe que les masques chirurgicaux bleus de la plupart des gens ici. On attend tous la livraison du masque offert par le gouvernement hongkongais et que les enfants récupéreront à l'école. On s'est inscrit en ligne et on devrait le recevoir à notre porte d'ici quelques jours. Pas sur qu'on le mette parce qu'il est beige moche mais il est censé être efficace, doté d'une nouvelle technologie et lavable 60 fois. A bientôt pour les essayages du CU Mask.
Depuis le 10 avril, la flambée des cas a cessé. Le gouvernement de Hong Kong a mis du temps à relâcher les contraintes, de peur non pas tant que les contaminations reprennent (car clairement le virus ne circule plus du tout à Hong Kong), mais que les manifestations redeviennent quotidiennes comme avant Noël. La situation politique est ubuesque ici : alors que la loi en vigueur interdit les masques pour permettre l'identification des manifestants, tout le monde en porte un contre le coronavirus, et les rassemblements (de 4 personnes maximum) de manifestants hostiles à la Chine reprennent dans les centres commerciaux. La police semble t-il pousse les manifestants pour qu'ils semblent être à plus de 4 pour ensuite les arrêter et les verbaliser. Tristes temps. Bref, il a fallu attendre ce week end et donc 3 semaines sans un cas local de covid19 pour que la règle de moins de 4 passe à 8, déjà un progrès. On ne sera plus obligé de manger au restaurant, en deux tables séparées. Surtout on annonce la réouverture des cours de tennis, de certains musées et autres possibilités d'activités. Les enfants vont pouvoir reprendre les cours de roller, de skate board, de tennis et de voile. Un retour à la normale ou presque, même si les piscines ou les parcs d'enfants restent fermés. Nous c'est le retour du cinéma (sans nourriture, avec masque et distanciés des autres) qui nous réjouit ainsi que les bibliothèques et notamment l'alliance française pour renouveller notre stock d'Asterix et de Tintin. Même dans notre résidence, pourtant très précautionneuse, les "facilities" réouvrent. Les règles sont strictes mais bon on a l'habitude: masques obligatoires pour rentrer dans la résidence, contrôle de la température pour les non-résidents (livreurs....). Et surtout l'école... Pour le campus de Tseung Kwan O où sont les enfants, a priori Avril retourne à l'école le mercredi 20 mai, c'est dans 10 jours!! Puis ça sera Ulysse le lundi 25 mai et enfin Pierre le lundi 1er juin. Bon c'est pas le retour à la normale pour autant, juste le matin, pas de cantine, pas d'activités extra-scolaires, les tables espacées d'1m au moins et tout le monde masqué. On voit si cela se concrétise mais la fin de l'école à la maison nous redonne le moral, surtout aux parents, car les enfants eux sont plutôt contents de la situation: école le matin et activités l'après midi. Leurs copains leur manquent un peu mais ils voient les plus importants et ne semblent pas plus ravis que cela de retourner en classe, masqués.
A partir de la mi-mars, la situation Covid-19 à Hong Kong s'est emballée. Le retour de résidents hongkongais venant d'Europe ou des US a enclenché une hausse de cas. Rien à voir avec la situation en France mais ici c'était la panique. Alors que début mars le gouvernement avait annoncé la réouverture des écoles pour le 20 avril, dès le 20 mars ce plan était annulé jusqu'à nouvel ordre. Le pic d'infection au delà de 25 par jour a enclenché la fermeture des terrains de tennis, des parcs enfants, des clubs de voile... Plus d'activité pour les mômes la tuile. Au delà des après midi où il devenait compliqué d'occuper les enfants, c'est notre vie sociale qui en prenait un coup car on devenait infréquentable pour 2 semaines. Trois week-ends où l'on a donc mis à contribution le livre des randonnées qui avait jusqu'à maintenant peu été ouvert. Et ce fut un peu une révélation. La région administrative de Hong Kong couvre un territoire de 1 104 km2 soit 10 fois moins que l'île de France. C'est petit mais très divers, entre les forêts junglesques du nord (nouveaux territoires), les collines dénudées de l'île de Hong Kong, les îles grandes (Lantau, celle de l'aéroport) ou petites comme Po Toi tout au sud ou Peung Chau, Cheung Chau ou Lamma (à l'ouest). Le rythme a vite été pris, avec des rando quasi tous les après midi depuis mi mars. Les enfants ne se plaignent pas trop même si ils préfèrent quand on y va avec une autre famille avec enfants. Hélas le 8 avril le gouvernement annonçait qu'on ne pouvait pas être à plus de 4, sauf cas où l'on partage le même foyer pour toutes activités sociales : resto, ballade... Bref, on a commencé à faire des ballades tous les 5 puis, parce qu'il n'est pas simple de déterminer si deux familles marchent indépendamment ou ensemble, on a fait des marches à deux familles. On a enchaîné les randos : des petites puis des plus grandes et notamment des emblématiques, comme le Lions Rock. Le Lion Rock c'est un dénivelé de 500 mètres, d'une traite pour arriver sur un petit pic rocheux qui, avec un peu de bonne volonté, peut vaguement faire penser à une tête de lion. Ce rocher est un symbole très important ici. Dans les années 1970, une sérié télé devenue inconique ("Below the Lion Rock") vantait le "Lion Rock sprit" qui résume l'esprit de ténacité, de résillience, de créativité et de solidarité du petit peuple de Hong Kong. Il ne faut pas se leurrer : il s'agissait, pour l'essentiel, d'une entreprise de nation-building non-dénuée d'arrière pensée pour l'Etat colonial de l'époque. Après les grandes émeutes des années 1960, il fallait inciter les ouvriers sous-payés et tassés dans des appartements minuscules à accepter leur sort et leurs dûres conditions de vie et de travail. Il fallait aussi forger une identité hongkongaise distincte et promouvoir un modèle de société différent pour éviter que les hongkongais rejetent le pouvoir colonial et se jetent trop volontier dans les bras de la Chine communiste (n'oublions pas que Hong Kong était l'une des lignes de front de la Guerre Froide). Le choix du Lion Rock n'était pas innocent. Le pic est dans les Nouveaux Territoires et surplombe les quartiers très denses de Kowloon, qui ont accueilli, dans les années 1950 et 1960, des masses d'immigrés venus de Chine. Il s'agissait qu'ils se mettent au boulot, d'éviter qu'il regrettent leur choix, qu'ils rompent définitivement les ponts avec la mère patrie et développent un amour du modèle proposé par les anglais. C'était essentiel sur le moment pour la paix sociale, mais aussi pour l'avenir. La rétrocession des Nouveaux Territoires étant inévitable, avoir le soutien du peuple (et notamment dans ces territoires qui n'étaient qu'une possession britannique temporaire) permettait aux anglais d'avoir un atout supplémentaire au moment d'arriver à la table des négociations. Ca a plutôt bien marché. La chanson du générique de la série est encore connue de tous, et le "Lion Rock Spirit" fait aujourd'hui pleinement partie de l'identité des hongkongais. Pas étonnant qu'il soit aujourd'hui remis au goût du jour par les mouvements "anti-establishment", qui s'appuient sur les sentiments identitaires des hongkongais et tentent de construire une histoire de résistance du lion hongkongais, fier, courageux et obstiné, face au panda chinois, massif, puissant, mais borné, stupide et balourd... A l'automne dernier, au moment où les manifestations battaient leur plein, les protestataires ont entrepris plusieurs expéditions sur la tête du lion pour y derouler des banderoles géantes ou y erriger une espèce de statue de la liberté, petite soeur hongkongaise de l'éphemère déesse de la démocratie de la place Tiananmen. Bref, qui ne montant pas n'étant pas hongkongais, c'est évidement l'ascension à faire. Et on l'a fait. Les genoux furent douloureux mais d'en haut, on a une très belle vue sur la baie de Hong Kong et des tours de Kowloon qui emergent de la forêt (d'ailleurs, beaucoup recommandent l'assension en fin de soirée ou de nuit pour voir les lumières de la ville). Au-delà du Lion Rock, la découverte ça a vraiment été la multitude et la diversité des randonnées. En bord, de mer, dans la campagne, en forêt, sur les chemins de crête, aux abord des micro-villages faits d'une poignée de bicoques improbables construites de bric et de broc, à 1000 lieue des tours étincellantes de Central. Malgré la chaleur (il fait maintenant 30 degrés) on arrive à rester relativement au frais. Il y a évidemment les ballades autour des réservoirs, mais là on est souvent plus exposé au soleil. On est loin d'avoir tout fait d'autant que certaines ballades exigent de décoller tôt notamment pour prendre un bateau. On a déjà coché l'ile de Po Toi tout au sud, un air de Bretagne avec ses falaises déchiquetées. Il faut maintenant que l'on se motive pour les destinations tout au Nord-Est, des zones seulement accessibles en bateau avec des départs dès 8h30 à 30 mn de taxi de chez nous. On va essayer !
Je reprends la plume après quasiment 3 mois. 3 mois pour accepter que le dernier semestre avant notre retour en France ne serait pas l’apothéose rêvée. J’avais très tôt identifié les longs week-ends et les plages de vacances de 2020. J’avais pris très tôt les billets d’avion et fait le choix des hôtels. On était prêt, en tout cas on pensait que les enfants étaient prêts après le baptême du feu du Népal, pour les deux voyages qui me faisaient rêver dans la région : Le Tibet et la Mongolie. J’avais de plus calé sur les petits week-ends des A/R pour la baie d’Halong et le Yunnan. Tellement longtemps à l’avance que j’avais même oublié et avait validé le séjour de ma mère sur une période où on n’était pas censé être là. Bref, ces derniers mois je les voyais comme l’occasion de pousser les enfants plus loin dans les altitudes et dans les déserts et de les faire camper, rouler de longues heures pour découvrir ces grands espaces et aller à la rencontre de peuples totalement différents de ce qu’on avait visité en Asie de l’Est jusqu’à maintenant. Maintenant qu’Avril et Ulysse apprécient la lecture et que les trois sont plus autonomes notamment en marche, il paraissait envisageable de partir pour du pur itinérant, avec des trajets longs et des conditions de nuit sommaires. A notre retour de Malaisie il n’était pas encore évident que le monde avait basculé et qu’il fallait faire un profond ajustement dans notre mode de vie. C’était Hong Kong le second foyer du Coronavirus, à la porte Sud de la Chine. L’inquiétude en cette mi février était double 1) endiguer la contamination et donc fermer les échanges entre la Chine et Hong Kong et 2) éviter que le reste de monde, qui fermait ses frontières aux Chinois, ne mette les Hongkongais dans le même paquet. Mais au quotidien on était assez tranquilles : les enfants faisaient l'école le matin et ensuite partaient faire du bateau ou un camp de sport sur la plage, pendant que Pierre retrouvait ses copains pour faire du foot. On les a inscrit aussi à des cours de tennis. Au moins on avait l'impression que la fermeture de l'école avait ses avantages, d'autant qu'il faisait plutôt beau. C’est dans ce contexte, où c'était Hong Kong qui était au coeur de la tourmente, que je suis rentrée avec les enfants pour 2 semaines de vacances en France, à la fin février. J'avais un moment craint que l'on doive tout annuler si la France nous considérait comme des Chinois de Wuhan. Une fois en France, on a pu profiter un instant du soulagement d’avoir laissé la maladie derrière nous et de pouvoir vivre une vie normale. Dans l’avion Air France qui nous a ramené de HongKong à Paris, on a vite compris que l’avion était venu de France à vide et que les personnels navigants avaient été réquisitionnés. A l’arrivée à Roissy, l’équipe médicale était là pour vérifier notre température, récupérer notre déclaration d’itinéraire (pas de séjour en Chine) et nous donner des masques. Masques qu’on a enlevé dès la récupération des valises tellement on avait l’impression qu’on avait atteint le refuge. Tout s’est enchainé comme je l’avais calé depuis longtemps : les enfants au ski, moi à faire des cours en Egypte puis à Paris. Le vol retour était prévu pour le vendredi 13 mars. La date restera dans ma mémoire pour longtemps. Le dimanche 8 mars, Air France annonce qu’elle suspend les vols entre Paris et HK. La situation en France se dégrade en France, les vols sont vides et bientôt HK va imposer une quarantaine aux arrivants d’Europe. Le sauve-qui-peut commence dans l’autre sens : il faut rentrer à HK, ramener les enfants du Sud de la France en urgence, prendre n’importe quel vol. La chance est que je suis déjà de retour à Paris. Je passe une première après-midi, lundi 9 mars, dans la boutique Air France après des heures d’attente en vain au téléphone. Un premier rebooking par KLM, qui sera lui aussi annulé le lendemain. Une deuxième après-midi chez Air France le mardi 10 mars et un départ dès le lendemain matin après une récupération des enfants dans la nuit. J’ai tout planté : les cours, l’examen, les diners avec les amis, tout ce beau planning précisément construit. Evidemment, à Paris, il n’y avait pas encore de prise de conscience : personne n’a de masque et, pour tout le monde, l’épidémie est encore loin, même si on commençait à se méfier des Italiens en plus des Chinois.
A notre arrivée à HK, j’ai eu la sensation, comme à l’arrivée à Paris, d’avoir réussi une échappée salvatrice. Dès le lendemain les enfants ont rejoint leurs copains sur la plage et participé à des camps sportifs car après tout ils étaient en vacances. Mais trois jours plus tard, plus rien n’était possible. Il fallait attester, pour chaque inscription à des activités des enfants et même pour moi pour aller à l’université, que l’on était à HK pendant la quinzaine précédente. Annulation des sorties entre amis, les employeurs demandant à tous leurs employés de ne pas fréquenter les personnes ayant voyagé. Quelques jours plus tard c’est la quinzaine qui est imposée aux nouveaux arrivants : la plupart sont des étudiants hongkongais mis à la rue suite à la fermeture de leurs écoles en Europe ou aux US, des familles résidant à HK qui étaient partis en vacances ou même avaient rescolarisé leurs enfants en Europe ou aux US pour contourner la fermeture des écoles ici (plus de cours en présentiel depuis 23 janvier). Le nombre de cas à Hong Kong est reparti à la hausse, et les mesures se sont emballées. En plus du malaise d’être perçus à Hong Kong comme les responsables de cette seconde vague, il a fallu composer avec la fermeture de toutes les activités qui nous permettaient de respirer les après-midi après les matinées d’école à la maison. Même si les enfants ont plutôt bien géré le passage à l’école à la maison, ça n'a pas été totalement indolore, surtout pour pour gérer Pierre. Avant le séjour en France, on avait externalisé tellement c’était difficile de mettre Pierre au travail et de ne pas perdre son calme face à ses « J’ai pas envie, pas question, j’en ai rien à faire, ça ne m’intéresse pas, je suis fatigué, je ne le ferai pas…. » Il passait alors 2 heures à faire ses devoirs avec une jeune femme dans un café. En comptant l’heure de transport, on avait un peu la paix pour faire les devoirs avec les grands. Après le retour de France, Pierre a négocié de rester à la maison pour faire l’école. La routine qui s'est installé était donc celle où Matthieu gérait les deux grands sur la table du salon et moi, reconvertie en maitresse de CP, j'avais la lourde tâche de mettre Pierre au travail. Cette routine où nos matinées (de 8h15 à 12h30) étaient englouties dans l'école des enfants et les après midi étaient dédiés à notre propre boulot a absorbé notre énergie et il m’a fallu un peu de temps et la perspective d’une réouverture des écoles ici pour que je me remette au blog. |
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