Enfin ! Après des années de discussion et de travaux, la gare qui se construisait au pied de notre immeuble vient d’ouvrir.
Elle propose des trains rapides en direction de nombreuses destinations : Canton en 48 minutes (au lieu de deux heures), Shanghai en 7 heures, Pékin en un peu plus de 8 heures, Guilin en 3 heures de demi, etc. Pas certain qu’on profite de tout cela car notre planning des vacances à venir est déjà bien rempli et ne prévoit pas pour le moment d’aller en Chine. Reste que le quartier a bien changé : notre station de métro, jusque là très tranquille, accueille maintenant une cohue de voyageurs, des passerelles ont été ouvertes, ce qui nous permet de sortir de la résidence sans avoir à cheminer par des passages tortueux (et souvent changeants) à travers le chantier. Et puis la vue de chez nous est bien plus belle : les grues et les engins de chantier ont fait place à un énorme bâtiment, rutilant et élégant. La gare est sensée figurer une vague gigantesque s’écrasant sur une esplanade pour rebondir et se jeter dans la baie de Hong Kong. C’est pas mal réussi, tout en courbes, de verre et metal (ça brille !). Comme beaucoup de badauds, on est allé voir la bête de près le week end dernier. L’intérieur offre un hall immense ouvrant vers la mer et qui doit donner une impression toute photogénique de Hong Kong aux arrivants. Du moins ceux qui sortent par l’entrée principale, mais ils sont peu nombreux : cette entrée ne mène nulle part et le flot de voyageurs semble plutôt se diriger directement vers le métro ou la gare de bus et taxis en sous-sol. C’est pas plus mal. On craignait d’avoir sous nos fenêtres une noria de véhicules, mais il n’en est rien. Tout est calme aux abords de la gare. Le toit du bâtiment est en partie végétalisé, et on peu grimper dessus pour avoir une vue panoramique sur la Sky line de Central… et sur notre piscine (juste derrière les enfants sur la photo). A part ça, l’inauguration a permis de relancer les débats incessants qui agitent les médias hongkongais. Cette gare qui arrime encore un peu plus Hong Kong à la Chine continentale est perçue comme un cheval de Troie pekinois par tous ceux qui dénoncent la mainmise de la Chine sur Hong Kong. Il y a eu la polémique sur l’opportunité d’avoir une nouvelle gare (vous savez, l’aéroport est déjà l’un des plus grand de monde et puis on manque tellement de terrains pour les logements). Puis celle, bien plus âpre encore, sur le contrôle aux frontières (en décidant de placer la frontière au départ des trains, il a fallu autoriser des douaniers et policiers Chinois à opérer sur le territoire de Hong Kong, ce qui va à l’encontre des accords et de la mini-constitution du territoire). Puis celle sur la qualité des travaux (MTR, la compagnie de métros et trains, fleuron de l’économie Hong Kongaise, serait en voie de sinisation et la qualité des travaux s’en ressentirait : chaque infiltration dans les tunnels, chaque rail cassé a fait l’objet d’une large couverture médiatique). Maintenant, on a le droit à des discussions sur la rentabilité de l’affaire (ces lignes de trains seront-elles rentables ? Le nombre de voyageurs le deuxième jour était déjà inférieur aux prévisions, est-ce le signe avant coureur d’un fiasco qui coutera au contribuable ?), et sur les procédures d’embarquement (le jour de l’ouverture, il y avait, semble-t-il pas mal de pagaille au passage de la frontière et au contrôle de bagages). Ainsi va la vie politique à Hong Kong : tout ce qui permet de mettre "Chine" et "Hong Kong" dans la même phrase est source de polémiques sans fin et l’occasion de dénoncer les projets de Pékin et la complaisance de Carrie Lam (la cheffe du gouvernement ici). Et puis l'opéra chinois, qui est juste à côté, vient aussi d'être terminé (c'est le bâtiment rond sur la photo ci-dessous). Le quartier commence vraiment à prendre forme. il ne reste qu'à planter quelques arbres.... puis attendre encore un ou deux ans la finition de l'immense musée du Kowloon Cultural center (autre sujet de polémique car il doit accueillir une partie des collections du musée de Pékin) pour qu'il soit définitivement the place to be... mais nous, on n'y sera déjà plus.
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Le plus gros de toute l’histoire de Hong Kong. Après un mois d’aout plutôt calme et un tout petit typhon de rien du tout la semaine dernière, Hong Kong se préparait à l’arrivée sur Super Typhonn Mangkhut pour ce week end. Depuis lundi, tout le monde était branché sur les prévisions météorologiques de l’observatoire de Hong Kong et suivait les évolutions du typhon, né près des iles Mariannes : va-t-il remonter un peu vers le Nord (et passer juste sur Hong Kong), va-t-il perdre de sa puissance en passant sur les Philippines… ? Le suspens était total, bien que le dénouement était en fait connu d’avance : même un peu affaibli sur le dos des pauvres philippins, même dérouté un peu vers le sud, la taille du typhon (la surface de la France, dit-on) ne laissait guère de doute sur le fait que ça allait secouer sec. Hong Kong était donc sur le pied de guerre en vue de l’impact ce dimanche. Pourtant, le samedi ne présageait rien : beau temps, peu de vent. Une journée idéale pour qu’une bonne part de la population puisse se préparer : ranger tous les bateaux, attacher les arbres et les choses qui peuvent s’envoler, faire des courses (les rayons des supermarchés, samedi soir, étaient passablement vidés) et pour certains, coller de grandes croix de scotch sur les fenêtres. Et dimanche, en effet, ça a soufflé. On est vite passé en alerte T10, soit le maximum possible. Pour une raison étrange, les alertes sont numérotées avec une logique nous échappe encore : T1 = pas grand-chose, il faut juste faire attention, mais tout roule comme d’habitude T3 = ça souffle un peu (60km/h environs, avec des coups de vent à 100km/h), les écoles maternelles sont fermées, les sorties scolaires annulées, les sorties en mer sous surveillance mais le reste fonctionne. T8 = un vrai typhon sérieux, avec du vent à plus 80km/h et des coups de vent allant jusqu’à 180km/h. Les écoles sont fermées, les ferry ne fonctionnent plus, les gens ne vont pas au travail. T9 = On est en route vers un super typhon. Tout le monde doit aller se terrer quelque part. T10 = Tout ce qui peut voler doit être attaché, plus personne ne bouge. T10 donc. On avait connu quelques T8, mais là, c’était une première. Bon, à vrai dire, nous, on n’a pas vu grand-chose. De nos fenêtres, on voyait bien la pluie à l’horizontale, les poubelles rouler au milieu de la route, les feuilles d’arbre voleter jusque devant nos fenêtres (au 21e étage, quand même), etc. Mais notre tour est moderne, assez épaisse, un peu en retrait, en face de la baie de Hong Kong (pas face à la pleine mer donc), d'une hauteur relativement modeste et bien entourée d’autres immeubles. Pas de fenêtres brisées chez nous, pas d’immeuble qu’on sent bouger, même pas de vent hurlant dans les fenêtres. Juste une journée un peu longuette, confinés avec nos trois enfants dans notre appartement. On a géré tant bien que mal le temps et les enfants à coup de jeux de société, de lego et de DVD. Le tout en scrutant régulièrement nos téléphones pour suivre l’avancée du typhon et prendre des nouvelles des uns et des autres (le grand jeu étant de gagner le concours de celui qui enverra la photo la plus impressionnante prise de sa fenêtre – c’est clair : on a perdu à ce jeu-là). Bref, on a survécu sans problème et on s’est réveillé ce matin, sous un temps très calme, et juste avec l’envie d’aller prendre l’air après 24h enfermés dans une boite. Le typhon est passé (même si on est encore en alerte T3), mais toutes les écoles de Hong Kong sont fermées : il faut que les personnels vérifient qu'il n'y a pas de branche d'arbre ou un climatiseur en équilibre fragile qui risquerait tomber sur un élève. Nous on est allé au boulot, ce qui nous a permis d’avoir un aperçu des dégâts. En effet, pas mal d’arbre arrachés, couchés ici ou là sur les trottoirs ou au milieu de la route, des branches partout, etc. Quant aux enfants, ils devaient profiter de cette journée de vacances pour aller faire un tour à Ocean Park puis retrouver leur cours d’escalade. Manque de pot (mais assez logiquement), le parc d'attraction est fermé. Ils se sont donc rabattus sur un brave square... un peu chaotique.
Dès l'aube, le petit peuple des manœuvres de Hong Kong s’affairait déjà pour balayer et remettre les choses en état. Nul doute que tout sera en ordre d'ici peu. Nous voilà de retour à Hong Kong fins prêts pour notre troisième année. Ce sera la dernière, ce qui laisse planer un sentiment étrange, comme si la nostalgie commençait déjà à s’installer, prématurément. Le programme des vacances à venir est déjà bien rempli (Kyoto à l’automne, la Birmanie à noël, Bali en février…). Mais n’anticipons pas. L’actualité de cette rentrée, c’est… la rentrée. Fini l’école des petits lascars, avec ses classes de 8 élèves coincées dans l’open space riquiqui d’un immeuble de Central. Les enfants y ont passé deux ans. C’était pratique de pouvoir les avoir tous les trois au même endroit et l’enseignement alterné en français et anglais leur a fait faire des progrès incroyables. Mais l’étroitesse des lieux, le petit nombre des élèves (et des copains potentiels) commençait à nous peser sérieusement, même si les enfants ne s’en sont jamais plaint. Et puis de toute façon, Avril ne pouvait pas continuer : déjà qu’elle a fait son CE1 dans une classe à 3 élèves, il fallait bien migrer vers une école, une vraie. Voilà donc nos trois enfin inscrits au Lycée français international de Hong Kong (le LFI ou French International School pour les intimes). Une affaire : il nous a suffi d’acheter deux jeux d’uniformes pour chacun de nos enfants, de payer quelques mois de frais de scolarité d’avance et de signer un chèque de 30 000 euros pour la débenture. La déquoi ? me diront ceux qui n’ont pas eu la chance d’étudier la finance dans une école internationale huppée. C'est juste un petit fond de roulement pour l’école. On paye donc une brique par môme inscrit, mais l’argent nous sera rendu au moment de la désinscription. C’est très standard ici, et la débenture du LFI est même – paraît-il - pas très chère (certaines écoles ne la remboursent d’ailleurs pas à la sortie). Sans compter qu'on a eu un prix d'ami : pour les vrais expats, ceux dont la boite paie les frais de scolarité des enfants, c'est quatre fois plus cher (mais c'est la boite qui paie). Bref, le mercredi 5 septembre, réveil à 6h40 pour être fins prêts à profiter de ces juteux investissements. On était à 7h20 au pied de notre immeuble pour attendre le mini bus scolaire (ah, oui, tient, ça aussi c’est un petit investissement). Ca fait un peu bizarre de voir nos enfants dans leurs uniformes tous neufs : polos et short (jupe culotte pour les filles) bleu marine avec des liserés et logos bleus blanc rouge. C’est pas très festif, mais ça a un côté rigolo… et puis il faut bien dire que ça simplifie grandement les discussions matinales avec Pierre sur le choix des habits. Mais ce n’était pas juste la rentrée des petits Crozets. C’était aussi l’inauguration du tout nouveau campus, construit à Tseung Kwan O. TKO, c’est un bled – c’est à dire un amas de routes et de tours de 80 étages – au Sud-Est de la partie continentale de Hong Kong. De chez nous, il faut compter environs 20-25 minutes de mini bus. Ces derniers jours, les enfants nous ont fait des rapports plus ou moins lacunaires. La cantine, plutôt bien même s’il n’ont jamais vu la couleur de la mousse au chocolat annoncée sur le menu (mais le pain est bon). Les maitresses plutôt sympas et qui sont d’ailleurs de maîtres pour les deux grands. La grande taille de l’établissement, au point qu’ils ne croisent jamais leurs copains qui sont en CM1, dans une autre aile du bâtiment. Les devoirs quotidiens pour les deux grands (une nouveauté pour nous !). Bref, tout semble se passer au mieux. Mais pour se faire une idée plus précise nous sommes allés visiter l’école lors la journée porte ouverte de ce samedi.
Et là, bigre, on se dit qu’on fait bien des choses en collectant quelques menues débentures à tous les enfants des 20 000 français de Hong Kong. Le machin est juste énorme. Des cours de récré colorées, des jardins sur des terrasses, un bon gros gymnase, une piscine, une salle de spectacle de 300 places, une bibliothèque qui ressemble à la médiathèque de votre quartier, et puis, oui, des salles de classes, mais équipées de tableaux-écrans géants et regroupées autour d’espaces communs avec des ordinateurs partout, des canapés, des murs de lego… Bref, c’est franchement pas mal. Et la sensation d’espace ne contraste pas seulement avec les petits lascars, mais aussi avec l’ambiance étriquée qui domine largement à Hong Kong. Allez, la vraie vie d'expat pour un an avant le retour à nos petites écoles parisiennes. |
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