En 1841, Charles Elliot a choisi une petite ile rocheuse, située non loin du territoire portugais de Macao, pour implanter la colonie Britannique en Chine. Ce faisant, il a désobéi aux instructions de lord Palmerston, le secrétaire aux affaires étrangères de la reine Victoria. Celui-ci voulait s'implanter dans les iles de Zhoushan, c'est-à-dire bien plus au Nord (en face de Ningbo, au sud de Shanghai). Le choix de Charles Elliot était celui d'un militaire (il se doutait qu'il était préférable, pour plus de tranquillité, d'éviter la provocation en s'implantant loin de Pékin). C'était aussi celui d'un marin. Le but de cette petite colonie était d'avoir un comptoir sous autorité britannique pour servir de base arrière pour les grandes compagnies commerciales anglaises (en gros : exporter de l'opium et n'importe quoi d'autre vers la Chine, importer des coolies chinois qui vont aller travailler dans les plantations et les chantiers de construction en Amérique et aux caraïbes, et servir de chantier naval et d'entrepôt pour le commerce en transit entre les Indes et tout l'Extrême Orient). Pour les marins, ce petit territoire excentré avait un atout essentiel : c'est un ensemble d'iles montagneuses qui plongent à pic dans la mer et offrent donc un grand nombre d'abris naturels en eaux profondes : l'endroit parfait pour un port. C'est ainsi que fut créé ce lieu entièrement dédié au capitalisme décomplexé et au commerce maritime. Il fût baptisé Hong Kong, soit littéralement, le port parfumé : 香 (parfum) et 港 (port). Tout ça pour dire que Hong Kong, c'est sans doute beaucoup de choses, mais c'est avant tout un port. Bien sûr, avec le temps les échanges par voies aériennes (l'aéroport) et surtout les échanges financiers ont pris une importance grandissante, mais le bon vieux port reste un élément essentiel de la ville. En 2004 c'était le plus grand port du monde. Depuis, sa croissance a été lente (comparée notamment à celle de ses concurrents chinois) et il se situe aujourd'hui à la 6e place (le premier port Européen, c'est Rotterdam, à la 11e place). Il n'en reste pas moins que la zone portuaire impressionne par sa taille et génère un trafic incessant. Il est d'ailleurs toujours étonnant, lorsqu'on est à la plage, de voir passer non loin des porte-containers géants, comme des monstres tranquilles. Le week-end dernier, nous sommes allés y voir de plus près. Le dimanche matin, on s'est embarqué avec quelques dizaines d'autres dans une grosse "jonque" (bon, c'est en fait un yacht, mais, à Hong Kong, on dit "jonque" - junk en anglais- et d'ailleurs, d'avril à novembre, on organise volontiers des "junk party" où l'on privatise un bateau à la journée pour aller manger, picoler et se baigner entre amis dans l'une des baies de l'ile). Cette croisière était proposée par un néo-zélandais qui a passé quelques années à trimbaler des conteneurs pour Maerks. Le clou de la journée était une visite des bassins du port. C'était pas mal du tout et très instructif. Bien sûr, il n'y avait rien qu'on ne pouvait imaginer avant d'y aller : des portiques pour charger-décharger, des conteneurs, des porte-conteneurs géants, des porte-conteneurs plus petits pour dispatcher les cargaisons, etc. Mais tout de même : la taille de tout cela impressionne. Des containers, il y en a des milliers, les porte-conteneurs sont comme d'immenses barres d'immeubles : 12 étages (au-dessus de l'eau) et plusieurs centaines de mètres de long, les portiques forment une forêt dense... et très très peu de tous petits bonhommes pour faire bouger tout cela. La visite valait clairement le coup d'oeil et les explications de notre skipper néo-zélandais nous ont apris pas mal de choses (ses histoires de piraterie moderne seront sans doute tout ce dont se souviendront les enfants avec le buffet barbecue).
En revanche, questions parfum, il faudra revenir : ce jour-là, Hong Kong était plongé dans un nuage de pollution hallucinant. Un typhon sur Taiwan empêchant la dispersion par l'est de la pollution chinoise qui du coup stagnait sur nos têtes.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
C'est nousOn est 5 et on quitte Ménilmontant pour Hong Kong Catégories
Tout
|