Dans 10 jours, c’est le déménagement. Ensuite, on doit quitter l’appartement pour le laisser aux peintres chargés d’effacer les traces de notre passage. On va ensuite passer deux petites semaines à l’hôtel. Et puis, le 25 juillet, ce sera le vol de retour vers Paris.
Notre aventure hongkongaise touche à sa fin, et ça nous mine le moral. Depuis un petit mois maintenant, on est entrés dans la période des derniers. Derniers jours d’école (aujourd’hui et demain). Dernières fois qu’on verra nos enfants partir au petit matin dans leurs uniformes maintenant bien déglingués. Dernier cours de skate ce samedi. Derniers emprunts de BD à la bibliothèque de l’alliance française. Dernières bières échangées avec les différents groupes d’amis. Derniers trajets en bus à impériale. Dernières fêtes d’anniversaire… Dès que l’on va quelque part, sur telle ou telle plage, dans tel ou tel quartier, on regarde autour de nous en se disant que c’est sans doute la dernière fois qu’on passe par ici. Tous les matins et tous les soirs on regarde la vue sur Hong Kong depuis la baie vitrée de notre appartement, en se disant que c’est les dernières fois qu’on y verra le lever du soleil, les nuages qui s’accrochent autour du Peak, le balai des ferries qui chaque soir ramènent chez eux les habitants des îles… Cette vue qui a rythmée nos journées depuis quatre ans est d’autant plus belle qu’on a jamais profité d’une aussi longue période sans aucune pollution. Quand l’air est aussi clair, la lumière est étincelante et le spectacle est magnifique. Bref, on a le blues. Ce sentiment est d’autant plus fort, que ces derniers mois pendant lesquels les voyages étaient impossibles, nous ont contraints à pousser plus avant l'exploration de notre petit territoire. On n’a jamais autant apprécié Hong Kong que cette année. Le fait de sortir encore plus des sentiers battus et de découvrir mille endroits excentrés et attachants. Le fait qu’on a le sentiment d’enfin comprendre un peu mieux les gens et la société hongkongaise depuis que les protestations de l’été dernier nous ont poussées à nous y intéresser d’avantage. Le fait aussi que les mesures de distanciation sociale ont eu pour conséquence de réduire fortement tout ce qui est le plus désagréable ici : la foule compacte partout, les embouteillage, le bruit insupportable et la pollution. Et puis la fin de notre passage ici coïncide avec la fin d’une époque pour Hong Kong. La reprise en main du territoire par la Chine semble définitive et sans retour. Il y a bien les élections de septembre, mais l'arsenal juridique qui se met en place laisse très peu d'espoir d'un maintient d'une pleine liberté de ton pour les hongkongais. On est assailli par les publicités pour les VPN. Tous ceux, locaux ou expats, à qui on dit qu’on rentre en France nous demandent si c’est à cause de l’évolution politique. Tous semblent résignés à voir une page de l'histoire de hongkong se tourner à jamais. Il semble que toute la ville déprime avec nous, et nous avons le sentiment que, même si on revient un jour, ce ne sera plus la même chose. Les enfants semblent mieux résister à la nostalgie. Ils attendent avec impatience que commence leur nouvelle vie. La perspective d’atterrir dans une grande maison, avec des vraies chambres, un grand jardin et la possibilité d’aller et venir à vélo semble les enchanter. La promesse d’une plus grande liberté et d'une vraie autonomie aussi : pouvoir aller au parc ou chez des copains à quelques rues de chez eux sans que les parents échangent 25 messages sur WhatsApp et les accompagnent en taxi à l’autre bout du territoire. On en reparlera en octobre quand ils vont réaliser qu’il faudra remiser les short et sortir les manteaux et les bonnets. Et tout de même, même s’ils ne nous en disent rien, on les a surpris ce dimanche matin à fabriquer des petits pendentifs « amis pour la vie ». Une forme de blues, assurément. Sans doute espèrent-ils se faire bientôt de nouveaux copains, des vrais, pour longtemps, qu'ils peuvent voir quand ils veulent et qui ne risquent pas de disparaître à tout moment.
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