On est rentré dans la dernière séquence. Plus que deux jours d'école. Mercredi 1er Juillet (anniversaire de Pierre) c'est le début des vacances en même temps que la fête "nationale" de Hong Kong. Jour férié donc. On ne sait pas encore ce qu'on va faire, en tout cas on va éviter les zones où dans un dernière rebond désespéré les hong kongais vont peut-être tenter d'exprimer leur opposition au régime chinois. La Chine a tout verrouillé, il y a des policiers et des barrières partout. Au moindre rassemblement pour chanter ou scander des slogans anti-gouvernement, les policiers ne lésinent pas. Ils arrêtent, gazent. Avec la nouvelle loi "National Security Law" qui devrait passer demain sans que l'on sache encore ce qu'elle contient, le pire est annoncé. Les sanctions peuvent aller jusqu'à perpétuité, rien que cela... et la loi sera rétroactive. De quoi refroidir les envies de critiquer le régime, taguer des slogans, ne pas chanter l'hymne chinois comme ce qui est maintenant imposé dans les écoles... Cette évolution nous permet de ne pas avoir trop de regret quant à notre départ. A l'université où l'ambiance était déjà très morne en raison du coronavirus, les rares collègues qui avaient affiché leurs opinons politiques ont cherché un plan B. Les départs ne pourront que s'accélérer car tout est possiblement sensible en Chine: le recours à des manuels occidentaux, la mention de ratés dans les réformes. Pas besoin d'être un critique du grand bond en avant pour sentir la pression à reprendre à l'identique les poncifs de la propagande chinoise: la réussite magistrale en termes de réduction de la pauvreté, la stratégie amicale d'aide aux pays pauvres, les bienfaits des visionnaires "routes de la soie".
Personne n'est dupe chez nos collègues mais bon il n'y a rien à gagner et tout à perdre à ne pas suivre le mouvement. Chez les expatriés il y a la même ambivalence. Les "protests" comme on dit ici n'ont amené que des problèmes à notre échelle: fermeture d'école, impunité renforcée des policiers, tensions sociales et disruption des opportunités économiques. Beaucoup chez ceux qui ne sont de passage pensent tout bas que c'est mieux si ça s'arrête même cela veut dire que Hong Kong va doucement glisser vers le modèle chinois. Evidemment pour nos amis journalistes ou académiques c'est une autre perspective mais tous, finalement pourront partir, et même s'ils en sont attristés, ne pourront que laisser les millions de Hongkongais à leur triste sort. Il est d'ailleurs vraiment difficile de savoir quel est la part de locaux qui est résigné, opposé ou même content de la reprise en main de Pékin. Il n'y a quasiment plus de manifestations car tout regroupement est sanctionné en utilisant les mesures anti-Covid 19 qui interdisent toujours les rassemblements à plus de 50 en extérieur. Comme il n'y a pas de limites pour les rassemblements en intérieur, la logique est clairement d'empêcher les manifestations. Il y a bien eu le 14 Juin avec ces quelques milliers de contrevenants qui se sont rassemblés pour commémorer le massacre de Tien An Men mais depuis plus rien tant la police arrête de monde en préventif.
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