Il s'en est passé des choses depuis nos dernières vacances. La pandémie est passée par là et bien des tourments avec. A Hong Kong, on est passés d'une situation étrange à une autre. Fin janvier, Hong Kong fermait ses écoles et limitait les franchissements de frontière à coup de quarantaines obligatoires. Quand on racontait cela à ceux vivant loin de Hong Kong, ils écoutaient souvent d'une oreille curieuse et un peu amusée, comme un conte oriental décrivant des moeurs bien excentriques. Puis l'épidémie à conquis l'Europe et la France et, alors que la situation à Hong Kong n'avait en rien changé, beaucoup de nos amis confinés se sont soudain inquiétés de notre santé et étaient effarés et effrayés à l'idée que nous, nous puissions encore sortir, prendre le métro et aller se promener. Le "restez-chez-vous" est soudainement devenu la nouvelle norme et aller au resto le summum de l'excentricité. Toujours est-il que les mesures de distanciation sociale se sont durcies ces dernières semaines à Hong Kong, avec la soudaine croissance des cas liés au retour au bercail de tous ceux qui étaient dispersés en Europe et en Amérique. Mais la narration de tout cela fera l'objet d'un autre billet de blog. Pour l'heure, il est temps de rattraper le retard en revenant sur nos dernières vacances. C'est d'autant plus important que l'on craint que ce soit vraiment les dernières que l'on aura avant notre départ d'Asie : à moins d'un miracle, il sera bien difficile de voyager d'ici le mois de Juillet. Rembobinons donc jusqu'au mois de janvier 2020. Les vacances du nouvel an Chinois tombent tôt cette année, les informations au sujet du nouveau virus qui sévit à Wuhan sont encore peu précises, aucune mesure particulière n'est mise en place à Hong Kong même si le port du masque se généralise à la vitesse de l'éclair, et c'est donc le coeur assez léger que l'on s'embarque en direction de la Malaisie, pour quelques jours. On était déjà allés à Singapour et à Kuala Lumpur et on avait beaucoup aimé ces deux endroits pourtant très différents : le calme et la gentillesse des gens, le côté propret et tranquille, le mélange (ou plutôt la juxtaposition) des communautés Malaises (musulmanes), Indiennes (hindoues) et Chinoises (boudhistes), et les vielles maisons et boutiques qui nous laissent imaginer l'époque où ce confluent des mondes était un repaire de marchands et de trafiquants en tous genres. Cette fois, il s'agissait d'aller à Penang. C'est une presqu'île, dans l'océan indien, au Nord de la Malaisie et donc pas très loin de la longue bande de terre qui fait le Sud de la Thaïlande et des iles paradisiaques de Phuket et Koh Lanta. Le séjour était découpé en deux : trois petits jours dans un appartement en bord de mer, et les trois derniers en ville, à Georgetown. Pas grand chose à dire sur la première partie où l'idée était de se reposer et profiter de la chaleur : mer, plage, piscine, restaurants (en se méfiant des nombreux restaurants halal qui offrent un menu alléchant mais bannissent l'alcool). La deuxième partie était plus notable. Georgetown est une ville très attachante. C'est un genre de petit Singapour qui n'aurait pas aussi bien réussi. On y retrouve les rues bordées de petites maisons/boutiques, avec un trottoir qui coure sous les arcades et protégées par des stores en lamelles de bambou qui servent d'enseigne. Les boutiques de prêteurs sur gage, de vendeurs d'or, d'import-export... C'est coloré, c'est joli et ça évoque le temps ou les marchands venus de toute l'Asie proposaient tout et n'importe quoi. A Singapour, tout cela est pimpant et propret, mais à Georgetown, c'est bien plus déglingué et foutraque, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Les colonnes peintes, les enseignes, les carreaux de ciments, tout cela est vraiment très joli. Il y a aussi quelques vielles et splendides maisons de riches marchands (surtout chinois). Notre hotel était dans l'une d'elle : un premier bâtiment donnant sur la rue et qui accueillait la boutique et les affaires commerciales, une cour intérieure, puis des bâtiments d'habitation. Bois sombre, carreaux de ciments, vieille faïence, alcôves, photos sépia d'honorables ancêtres au chignon sévère, etc... Bref, un décor de cinéma qui vous renvoie des images d'aventuriers partis il y a plus de 100 ans faire fortune en extrême orient. On peut aussi visiter quelques très grandes résidences des plus grands notables. Celles-ci sont sur le même modèle, mais immenses et meublées avec un luxe démesuré. La visite nous laisse bien comprendre qu'ils étaient d'aussi paisibles commerçants qu'Al Caponne était limonadier : la salle à manger était tapissée de miroirs pour voir arriver les intrus de toute part et la cuisine avait une reserve de médicaments pour disposer, en cas d'empoisonnement, de tous les antidotes connus... L'autre intérêt de Georgestown, ce sont les arts de la rue. On en a de deux types. De grandes fresques peintes sur les murs décrépis et des installations en fer forgé formant un dessin qui rappelle les origines du quartier (la rue des ferblantiers, des marchands d'or, etc). Tout cela est dûment répertorié sur des cartes touristiques qui, aux mains des enfants, font un jeu de piste géant, idéal pour explorer en détail le dédale des petites rues. Tout cela était bien agréable, mais on suivant en même temps la fermeture inexorable de toute l'Asie de l'Est face à l'expansion de l'épidémie. Plus d'école, plus de fac... pourquoi rentrer vers la fraicheur et la déprime hongkongaise ? On a donc décidé de décaler notre billet de retour et de prolonger notre séjour d'une dizaine de jours. Le lendemain, on s'embarquait sur un vieux rafiot qui avait du être, en d'autres temps et d'autre lieux, une vedette rapide ultra-moderne. Direction plein nord, vers l'île de Langkawi. Là, on est pile en face de la pointe sud de la Thailande. On ne savait pas trop à quoi s'attendre en arrivant là bas. On imaginait une petite île, avec une petite ville sympathique. C'est un peu cela, sauf que l'île est grande et les zones urbaines sont très étalées. Sans voiture, c'est carrément la galère, or on était bien sûr partis sans nos permis de conduire et il était inutile d'espérer louer un véhicule. On n'a pas eu le temps de regretter cet oubli car la logeuse de notre premier Airbnb nous a proposé la sienne pour trois fois rien, en se moquant bien de savoir si on savait conduire ou pas. Nous voilà donc équipés pour profiter du lieu. On n'a pas tout vu, pas tout fait car notre première semaine d'école à la maison venait de commencer. Nos matins étaient donc occupés à faire les devoirs des enfants. Pas facile car les profs étaient encore en phase de tâtonnement et nous, nous devions découvrir les subtilités de google drive et classroom, avec un équipement informatique sommaire. Les activités de l'après-midi ne manquaient pas. Visite en bateau de la mangrove et des côtes avec ses petits pics sortants de l'eau, rencontre avec les aigles à tête blanche, symboles de Lankawi, ziplines géantes, baignades dans les torrents, plages, sortie au zoo (vaguement déglingué, mais très sympa). Une prime pour la journée de snorkeling, sur un tout petit îlot qui sert de reserve maritime. C'était un truc hyper touristique, et on est partis avec quelques doutes. Mais dans la mesure où la quasi totalité des touristes chinois avaient déjà déserté les lieux, ça restait acceptable. Et surtout, l'endroit où l'on pouvait se baigner était suffisamment grand (et les touristes asiatiques suffisamment mauvais nageurs pour ne pas s'éloigner du bord) pour qu'on puisse profiter du spectacle. Des coraux et des poissons à foison, des gros, des petits, des requins, etc. Les deux derniers jours, on s'est collés, dans un petit hotel de luxe - quasiment vide - où l'on vivait dans une maison toute en bois : pilotis, toits de paille, salle de bain en plein air, terrasse, lits à baldaquins, jardin immense, piscine et chats occupant paisiblement les lieux. Un vrai plaisir de faire l'école à la maison dans ces conditions. La beauté et la tranquillité des lieux ont eu raison de nos envie de prolonger nos explorations si bien qu'on n'a pas décollé d'un pouce. Mais les bonnes choses ayant forcément une fin, nous sommes remontés dans notre rafiot pourri pour passer deux dernières journées à Georgetown avant de rentrer à Hong Kong. On a retrouvé nos ordinateurs et notre imprimante. Pour faire l'école, c'est plus pratique, même si la version Robinson 2.0 n'était pas si mal.
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