Vendredi, c'était le "dragon-boat festival", qui est férié en Chine et à Hong Kong. Pour l'occasion, Sandra nous a embarqué à découverte des Tulou. C'est pas tout près. On est parti dès le jeudi soir à bord d'un train rapide en direction de Xiamen, ville de la province du Fujian, située tout juste en face de Taïwan. Le train rapide n'est pas si rapide : entre un gros stop à Shenzhen et une vitesse de croisière de moins de 200 km/h, il nous a fallu pratiquement 5 heures de train. Après une arrivée de nuit, un peu chaotique dans une gare en travaux (c'est la Chine...) et une courte nuit, on a retrouvé notre chauffeur et notre guide pour une brève visite de la ville. En fait, on s'est surtout contenté de visiter la petite île de Gulangyu. C'est l'un des ports chinois qui a été saisi par les puissances occidentales à la suite du traité de Nankin (comme Hong Kong et Shanghai, notamment), histoire d'enseigner à coups de canon les bienfaits du doux commerce aux Chinois. L'ile en a conservé quelques bâtiments coloniaux et est aujourd'hui un lieu de villégiature paisible : plages, restaurants, jardins, petites rues offrant un bel aperçu de tout ce que la Chine peut proposer comme street food... Très sympa, mais il fallait rapidement reprendre la voiture pour 3 heures de route en direction des montagnes. On a fini par arriver dans un village, tout mignon et très tranquille, au fond d'une vallée, séparée par une rivière. Sandra avait demandé si on pouvait dormir dans une Tulou, mais notre guide nous en a dissuadé parce que, question confort, c'est assez moyen. On s'est donc retrouvé dans un hotel neuf et très beau. La déco toute en bois clair et les grandes baies vitrées ont renforcé notre sentiment d'être dans un joli village alpin. On a posé nos valises et on est parti visiter notre première Tulou.
Mais c'est quoi les Tulou me direz-vous ? Et bien ce sont d'immenses maisons fortifiées. Elles ont été construites par les Hakka, des tribus de Chinois Han du Nord et du centre de la Chine, chassées par les invasions mongoles et mandchoues et qui ont colonisé la côte sud-est, jusqu'à Hong Kong (parait-il, mais il semble que la reconstitution des tribulations des différents groupes de population chinois soit un truc qui continue à occuper beaucoup les historiens). En arrivant dans ces montagnes du Sud, les Hakka ont dû faire face à la menace des bêtes sauvages et des brigands. Ils ont donc rassemblé leurs villages dans de grandes maisons collectives : de l'extérieur, c'est un mur haut de 3 à 4 étages, formant un grand cercle et percé d'une porte unique et de quelques fenêtre en hauteur. A l'intérieur, et sur toute la hauteur, la muraille est flanquée par des habitations en bois. Chaque petite pièce ouvre sur une coursive donnant sur la grande cour centrale, où l'on trouve un puits, une basse-cour, quelques fours et parfois un petit temple. Bref, un Tulou, c'est une barre HLM fortifiée en forme de donnut, construite entre le XVe et le XVIIIe siècle. Et c'est assez joli, ces grands murs ocres, ces toits de tuiles noires, et ces habitations en bois agrémentées de lanternes rouges et de paniers en bambous. Le lendemain, on a écumé un certain nombre de Tulou du coin. Il y en a plein. Souvent ronds, parfois carrés et rarement ovales, on les trouve regroupés en petits groupes, au gré de l'extension des familles. Tout cela est posé au pied des montagnes et des rizières en terrasses. C'est très paisible, le ciel est clair, les gens sont gentils... de quoi se réconcilier avec la Chine. Le week end s'est vite terminé, il nous fallait encore faire 2 heures de route et 4 heures de train pour rentrer à Hong Kong. Le dimanche soir, on a laissé les Hongkongais défiler en masse contre le projet de loi d'extradition (ça commence à chauffer semble-t-il), pour satisfaire la passion (très imprécise et particulièrement chauvine) de nos enfants pour le foot en les collant devant France-Corée en replay.
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