Ca chauffe à Hong Kong ces jours-ci. Après des mois de protestations diverses, Carrie Lam a finalement décidé de retirer définitivement la loi d'extradition (the "evil bill"). Trop tard, trop peu répondent les manifestants qui ont maintenant accumulé quatre autres revendications majeures : une commission d'enquête sur les violences policières, l'abandon des poursuites pour "émeutes" (cette qualification change tout en termes de risque pénal), l'amnistie des manifestants pacifiques, et la désignation des dirigeants au suffrage universel (on peut rêver...). Entre temps, la tension policière s'est nettement renforcée, avec l'interdiction de tout rassemblement politique (ce qui conduit les manifestants à l'illégalité ou à jouer avec les mots en organisant des rassemblement religieux), des forces anti-émeutes qui occupent les stations de métro et les lieux clés, le filtrage strict des accès à l'aéroport, la fermeture de lignes ou stations de métro, et des épisodes de matraquages plus ou moins aléatoires. C'est un peu difficile maintenant d'avoir de grandes manifestations de masse, mais les protestations continuent, sous diverses formes : - Des échauffourées sporadiques - Des démonstrations d'élèves et étudiants devant les écoles et universités (notamment des chaines humaines de lycéennes, vêtues de leurs uniformes surannées d'école catholiques... et de masques à gaz). - Des cris et slogans lancés tous les soir à 22h depuis les fenêtres des appartements (c'est assez étonnant ces hurlements en cantonais venus de nulle part qui résonnent en pleine nuit entre les tours d'habitation). - Les fameux "Lennon walls". - Et les réseaux sociaux qui bruissent de rumeurs. Le truc bien avec ce mouvement largement animé par les jeunes, c'est que c'est très créatif. Notamment, comme pour un bon vieux mai 68, les étudiants des beaux arts et tout ceux qui ont un peu de talent produisent des affiches très originales qui finissent sur les Lennon walls ou les réseaux sociaux. Voici un aperçu des meilleures production qu'on a récupéré sur les comptes Twitter que l'on suit un peu (enfin surtout Sandra, qui s'enfonce chaque jour un peu plus dans les tréfonds du web protestataire). Les sources d'inspiration sont multiples mais il y en quelques unes qui dominent largement. 1- Les mangas japonais 2- Les codes graphiques traditionnels Chinois en tout genres (Art traditionnel chinois, art de propagande maoiste, art populaire). La dernière des quatre images ci-dessous s'inspire des calendriers, très populaires, qu'on trouve partout à Hong Kong et l'affiche, un peu art déco, en tête de ce billet détourne les codes des affiches publicitaires très en vogue avant-guerre, de Shanghai à Hong Kong. 3- Le MTR. Beaucoup d'affiches détournent la charte graphique du Métro de Hong Kong (le MTR). Sans doute parce que c'est quelque chose de typiquement Hongkongais, identifiable par tout le monde et donc facile, efficace et amusant à détourner. Mais aussi parce que le MTR a, à plusieurs reprises, tout bonnement fermé des stations et lignes à la demande (voire en anticipant les demandes) de la police. Cela a exacerbé le sentiment que le MTR, si présent dans la vie quotidienne et qui fait plutôt la fierté des Hongkongais, est à la botte du pouvoir. Enfin et surtout parce que pas mal d'actions ont eu lieu dans le métro ces derniers temps, dont certaines très violentes qui ont marqués les esprits. On a eu, au mois d'aout, à la station de Yuen Long, une attaque de manifestants par quelques dizaines de gros bras de la mafia. Plus récemment, la station Prince Edward a été le terrain d'un coup de force des policiers (les "Popo"), qui sont entrés dans les wagons pour matraquer et gazer plus ou moins indifféremment tout ce qui se trouvait là. 4 - Les slogans et codes propres au mouvement. Les manifestations sont aussi très codifiées. Les manifestants sont souvent habillés en T-shirts noirs, qui s'accordent harmonieusement avec les casques jaunes et les masques à gaz. On retrouve tout cela sur les posters. On voit aussi beaucoup de parapluie, car c'est un accessoire utilisé par les manifestants pour se protéger des gaz lacrymogènes et de la vidéosurveillance, mais surtout car c'est un rappel des grandes manifestations de 2014, entrées dans l'histoire comme le "mouvement des parapluies". Cette année, deux slogans font florès : "A revolution of our times" et "Be Water" (une référence à Bruce Lee, suggérant qu'il faut développer un mode d'action fluide et percutant). Ca sonne bien, et c'est décliné sous toutes les formes. 5- La France ! ... à moins que ce ne soit Broadway. Les manifestants chantent volontiers la chanson "Do you hear the people sing", tirée de la comédie musicale, les misérables. Un truc, forcément repris dans l'iconographie du mouvement avec, par exemple, cette jolie référence à Delacroix (ci-dessous), sans sein à l'air, parce que, bon, on est à Hong Kong tout de même. Le choix de la référence n'est pas mauvaise. On est, somme toute, assez proche de la révolution de juillet : pour la défense de quelques libertés fondamentales et d'un semblant de représentation démocratique, plus que pour un vrai changement de régime et encore moins pour un changement de société. Le drapeau sur la barricade (ci-dessus) est celui de Hong Kong, mais en noir plutôt qu'en rouge. Le jaune était la couleur de la révolution des parapluies et le noir est définitivement celle d'aujourd'hui. Tout sauf le rouge ! Il ne viendrait à l'esprit de personne de brandir un drapeau rouge ; on est bien dans une révolte de jeunesse, mais pas dans un remake de mai 68 : les maos - les vrais -, c'est ceux d'en face. Et voilà le diaporama de notre petite collection.
0 Commentaires
Depuis le mois de juin, tous vos médias préférés font une concurrence sévère à ce blog en décrivant quotidiennement les tribulations de la société Hongkongaise. Il est donc temps pour nous aussi de faire un point sur les manifestations qui agitent la ville, histoire de répondre à tous les messages que nous recevons de France nous demandant si ça va, si on est en sécurité, si on peut vivre et travailler normalement, etc. Tout d’abord, un petit rappel des faits pour ceux qui vivraient dans yourte sans internet. Au printemps, le gouvernement de Hong Kong, dirigé par Carrie Lam (la « chief executive »), a décidé de passer une loi d’extradition vers plusieurs pays. Le fait divers qui a officiellement motivé cette décision, c’est le cas d’un Hongkongais qui a tué sa petite amie lors d’un voyage à Taiwan avant de revenir se réfugier à Hong Kong. En l’absence d’accord d’extradition, impossible de le renvoyer à Taiwan pour être jugé. Le hic, c’est que le projet de loi devait aussi ouvrir aux extraditions vers la Chine. Et, là, ça coince. Les défenseurs des droits de l’homme ont craint qu’Hong Kong ne soit plus un havre pour les dissidents Chinois et, plus généralement, pour la liberté d’expression. Il faut voir qu’on est dans un moment de montée des inquiétudes sur ce thème. Le gouvernement Chinois, ces dernières années, fait monter la pression sur toutes les sources de critiques, en Chine, mais aussi à l’étranger et bien sûr à Hong Kong. Cela passe, par exemple, par la contestation systématique de tous les discours qui ne correspondent pas aux points de vue officiels (comme n'importe quel discours, mais aussi dessin, design de site internet ou carte géographique qui laisserait entendre que Taïwan ou Hong Kong ne font pas partie du territoire Chinois ou auraient un statut autre que celui de simple province). A Hong Kong, cela s’est traduit aussi par l’enlèvement pur et simple de plusieurs libraires et éditeurs de textes dissidents, ou encore par le refus de renouveler le visa d’un journaliste du financial times qui avait eu le malheur d’organiser une réunion avec le dirigeant d’un micro-parti indépendantiste. Mais les dangereux droidelhomistes n’ont pas été les seuls à tirer la sonnette d’alarme contre la loi d'extradition. Les « milieux d’affaire » (si puissants à Hong Kong) ont aussi craint que ce soit une épée de Damocles sur la tête de tous ceux qui font des affaires en Chine, où il est si facile et si courant d’embastiller des hommes d’affaires sur des accusation de corruption. Bref, Carrie Lam a touché un point sensible. Il ne s’agit pas d’une atteinte à la démocratie, concept que le territoire n’a jamais vraiment expérimenté et qui n’est pas une revendication de tout premier plan au sein de la population. Mais c’est pire : c’est une atteinte à la liberté de faire du business, à la liberté d’expression et à l’état de droit, qui sont, eux, des principes qui ont toujours fait partie de l’ADN du territoire et l’une de ces spécificités dans le monde Chinois qui fondent le sentiment d’identification de la population. Il s’agit bien d’une crise identitaire. La plupart des manifestants ne veulent pas d'ailleurs pas de changement, mais juste le statut-quo ante (que « Hong Kong reste Hong Kong ») et de pouvoir clamer leur spécificité et leur fierté d’être hongkongais. Enfin, c’est aussi une crise générationnelle. Certes d'une façon moins prononcée que la « révolution des parapluies » de 2014 (mouvement qui a touché essentiellement la jeunesse qui réclamait avant tout plus de démocratie), mais tout de même. On s’en est fait parfois l’écho dans ce blog, mais rappelons que la vie n’est pas facile pour hongkongais. Les inégalités sont criantes, le logement hors de prix, les temps de travail restent très longs, le système de santé est fortement inégalitaire, la pression scolaire est écrasante, le système de retraite presque inexistant et la société est très conservatrice. Bref, la vie est dure et beaucoup de jeunes n’ont aucun d’espoir d’amélioration et sont résignés à avoir une carrière longue et pénible, à devoir supporter la charge de leurs parents vieillissants et à renoncer à avoir un ou plusieurs enfants faute de pouvoir les loger décemment et de leur payer les « bonnes écoles ». Ajoutons à cela l’échec cuisant de la « révolution des parapluies » qui a laissé beaucoup d’amertume chez les jeunes, ravivée l’hiver dernier lorsque les condamnations sévères ont fini par tomber sur les principaux leaders, et le compte est bon : il suffisait de discuter un peu avec quelques étudiants pour comprendre qu’ils avaient une grande envie de revanche et, littéralement, presque rien à perdre. Voilà pour la situation de fond qui a amené à des manifestations monstres et pacifiques au mois de juin. Elles ont été suivies par des mouvements plus violents, encouragés par l’obstination du pouvoir exécutif, qui s'est retrouvé coincé par la pression de Pékin et la volonté de ne pas perdre la face (oui, ce truc de "perdre la face", ça sonne comme un cliché sur le caractère chinois, mais pourtant des exemples nombreux ne cessent de nous en démontrer l’importance réelle). Bref, ça chauffe, d’où les images renvoyées par les télés du monde entier et les questions du type : « ça va ? c’est pas trop dangereux ?». Pour nous, qui avons vécu de loin la révolte des gilets jaunes, on se retrouve dans un jeu de miroir. A la question : « c’est pas trop dangereux, toutes ces manifestations ?», notre réponse favorite est « pas plus que pour vous avec les GJ ». Les manifestations (aussi massives qu’elles puissent être) tout comme les échauffourées (aussi impressionnantes qu’elles puissent être) sont bien évidement très localisées. Et comme n’importe quel français vivant à la fois loin d’un rond-point et des Champs Élysées, on vit totalement normalement. Comme pour les gilets jaunes, les manifestations occupent toutes les conversations et tout l’espace médiatique mais, à moins d’y participer directement, on ne voit et ne ressent rien ou presque. Plus encore, on en voit sans doute beaucoup moins que les français pendant l’hiver en jaune. En effet, on est à Hong Kong, et même si le territoire a connu des émeutes violentes tout au long de son histoire (pendant l’époque coloniale comme après), on est tout de même dans une société fondamentalement pacifique où tout désordre public est très mal vu. Ici, la perception de la violence n’est pas tout à fait la même que dans le pays de Robespierre. Crier et gesticuler en public est perçu comme un outrage sévère. Taggez un mur, jetez sur la voie une poubelle ou une barrière et vous passez directement du côté de l’émeute. Balancez une bouteille sur des CRS en armure et vous êtes à la limite du terrorisme. Alors oui, certaines manifestations sont violentes, avec gaz lacrymogène et tout le bazar mais c'est généralement à peu près du niveau d'une manif un peu chaude d’agriculteurs, d’étudiants ou de chauffeurs de taxi bien de chez nous. Ici, pas de gros tracteurs ou de camions pour tout bloquer, pas (ou presque pas ?) de manifestants armés de matraques ou autre, et pas de casseurs : au pire, les manifestants s’en prennent à la police et aux symboles du pouvoir, mais en aucun cas aux biens publics (métros, péages, mobilier urbain) et encore moins aux biens privés (vitrines, etc). Pour nous, les seuls signes évidents d’une tension ont été :
Sinon, on s’est quand même retrouvé deux fois dans une manif. La première, c’était en juin, au tout début du mouvement. En sortant d'un spectacle, Sandra et moi avons été jeter un œil à un rassemblement sur la voie rapide à proximité d’Admiralty où se trouve le siège du pouvoir. C’était assez étrange. Il y avait beaucoup de monde, et on n’a pas pu s’approcher de la tête de la colonne. Mais, là où on était, tout était extrêmement calme et pour tout dire étrangement silencieux. Il y avait une flopée de gens, plutôt jeunes, qui attendaient tranquillement que quelque chose se passe, ou pas. Presque personne ne parlait, beaucoup regardaient leur téléphone. Le truc spécial, c’est le niveau d’organisation. Des gens distribuaient des masques, d’autres avaient des stocks de bouteille d’eau, d’autres pouvaient sur simple demande vous envelopper les bras de films plastiques pour vous protéger des brulures causées par les lacrymo, etc. Tout cela vous était proposé par des jeunes gens souriants et aimables, comme des hôtesses d’accueils distribuant des goodies à l’entrée du salon de l'auto. Plutôt amusant ce contraste entre l’ambiance paisible, silencieuse et amicale et ces préparatifs guerriers… Mais comme il ne se passait rien, on est vite reparti (et d’ailleurs, il ne s’est rien passé de toute la nuit… ce n’est que deux jours plus tard que les manifestants ont envahi le parlement). La deuxième fois, c’était en famille, à l’aéroport lors de notre départ estival pour la France. Le terminal des arrivées était occupé par quelques centaines de manifestants, faisant un sit-in tranquille accompagné de slogans (« free Hong Kong ! »). Là encore, pas de violence, ni même de tension. Plutôt une ambiance bon enfant accompagnée par un soutien visible des passants. Et maintenant ? L’enjeu des prochains jours, pour nous, c’est la rentrée universitaire. Y aura-t-il des manifs sur les campus, des occupations, des boycotts de cours ? La réponse la semaine prochaine. Tout le monde connait Uluru, et plus encore ceux qui ont passé leurs années collèges collés devant le top 50 et les clips de Midnight Oil : C’est le gros caillou rouge devant lequel le chanteur chauve nous offre une démonstration de son déhanché si mémorable (soit dit en passant, Midnight Oil est un bon exemple du grand mouvement de repentance des années 80 et 90 : le tube « beds are burning » est un appel à la restitution des terres aux aborigènes… mais je m’égare). Après un vol rapide depuis Sydney, on a pris possession d’un bon gros 4x4 et posé nos bagages dans l’un des hôtels de l’unique resort posé en plein désert aux abords d’Uluru (Ayers Rock si on préfère la dénomination donnée par les colons plutôt que le nom aborigène). Les contraintes sur l’hébergement sont sans doute une bonne chose pour éviter la surpopulation touristique (même si on n'en est pas très loin déjà). Pourquoi tout ce chemin pour voir un gros caillou me direz-vous ? En fait, Uluru vaut quand même le détour. D’abord parce que c’est un bien beau caillou. Il est grand, parfaitement découpé ce qui lui donne l’aspect un peu surréaliste d’un météore planté dans le sol, et il offre des reflets rouges et oranges qui changent sans cesse. Comme tout le monde, on s’est trouvé un coin en bord de route pour observer le coucher de soleil. C’est long, mais on se sent petit et on ne s’en lasse pas. Le soir, on est allé profiter d’un petit spectacle de présentation de la culture aborigène. En plein désert, une famille aborigène présentait, dans un anglais bancal, quelques légendes et danses traditionnelles à un rare public assis sur des planches en bois. C’était pas totalement désagréable, mais le truc totalement amateur et foutraque ne nous a pas appris grand-chose. Ca a été l’occasion pour Sandra (moi j’ai fait l’impasse) de déguster une cuisse de kangourou (mal) cuite sous la braise. Rien d’inoubliable. Le lendemain, on a ignoré le lever du soleil : pas le courage de se lever hyper tôt pour poireauter une bonne heure dans le froid (dans le désert la température hivernale, très agréable en journée, tombe presque à zéro pendant la nuit). On s’est donc contenté d’une petite promenade autour du caillou avant de nous remettre en route. Car l’autre intérêt d’aller visite Uluru, c’est de faire la route vers Alice Springs, la capitale du Centre Rouge, à quelques 500 km de là. On est en plein désert, et il n’y a pas 36 options pour choisir sa route et ses étapes. On roule donc au milieu d’un paysage fait de terre rouge, de petits arbres et de buissons épineux. C’est très joli : rouge et vert, avec quelques collines rocheuses ici et là, et puis tout plein de rien ou de pas grand-chose. On croise des 4x4 poussiéreux et suréquipés (roues de secours, matériel de camping, jerrican d’eau et d’essence, branches de bois sur le toit pour le bivouac, etc). On s’arrête dans des stations-services improbables avec deux pompes, une épicerie, un bar et des emplacements de camping. Ambiance Bagdad café (là encore pour ceux qui ont connu les années 1980). On a fait étape dans l’un de ces lieux qui proposait des petites cabines en toile de tente. Les débutants qui, comme nous, n’étaient pas équipés en matériel de camping pouvaient, pour un prix effarant, s’y installer pour dormir sur des petits lits de camp. Pas super confortable, mais tout à fait dépaysant et sympathique. Les enfants n’ont pas bougé du feu de camp. Ils sont du inspirer l’équivalent de leur poids en poussières et suie à force d’alimenter et souffler sur le feu. Ils étaient ravis. Après avoir épuisé les ressources de ce coin de désert, dont une très jolie randonnée dans le sublime King’s canyon, et une visite-découverte de la culture aborigène (bien mieux que la précédente et où l’on a pu déguster de grosses larves grillées), on a poursuivi notre route vers Alice Springs. Sur ce coup, la pression était à hauteur du challenge imposé par le calendrier. On était à la mi-juillet, le jour crucial où il fallait inscrire les enfants pour leurs activités extra-scolaire du lycée français de Hong Kong. On savait d’expérience que tout se joue à la minute près : dès l’ouverture du portail internet, toutes les places disponibles partent en quelques minutes. Vu qu’on a 3 enfants et qu’on n’est que deux parents, il vaut mieux être bien calés dans les starting-blocks, avec plusieurs ordinateurs et ipad sous la main. Le hic, c’est qu’au beau milieu de l’Australie, il ne faut trop compter sur le wifi ou la 3G. On devait donc s’enfiler plus de 150 km de piste puis autant de bonne route et arriver avant l’heure fatidique à Alice Springs, seule vraie oasis numérique dans ce désert. On a commencé par douter un peu. D’abord parce que la station-service de notre camping était à sec de diesel : on a du croiser les doigts pour espérer que la prochaine, à quelques 70 km, avait encore un peu de stock. Ensuite parce que la première portion de piste était bien plus dégradée que prévue. Pour une raison inconnue, la route était faite de petites vaguelettes, comme une tôle ondulée, mais aussi de bonnes grosses ornières. 150km, à 30 km/heure, ça risquait d’être long. Heureusement, ca s’est progressivement amélioré et on a pu appuyer un peu sur le champignon pour bringuebaler à vive allure dans un gros nuage de poussière rouge et un vacarme assourdissant. Le résultat a été (encore une fois) à la hauteur des talents de planification de Sandra : les trois mômes vont pouvoir goûter à la joie du foot et du basket entre copains. Nous voilà donc, après une longue route, à Alice Springs, telle Priscilla et ses copines folles du désert (tiens, une référence des année 1990, on avance). On avait prévu d’y passer deux nuits. Il nous est vite apparu que c’était un peu généreux. Alice Springs est une pastille urbaine plantée au milieu du désert et même si elle joue un rôle important dans ce vaste territoire, elle n’est qu’une bourgade endormie de moins de 30 000 habitants. Pas grand-chose à y faire. Pour dire : on s'est même résigné, un soir, à aller voir Toys Story 4 au cinéma. Un peu de shopping (dont l’achat d’un indispensable chapeau de ranger de l’outback australien). Quelques visites de petits parcs animaliers qui présentaient la faune du désert (des serpents, des lézards, des rapaces, des rongeurs…). Et puis on a visité toutes les galeries d’art aborigène. Aucun aborigène dans ces lieux assez chics présentant des créations hors de prix, inspirées des arts ancestraux. Des aborigènes, en revanche, on en voit partout en ville. C’est un peu… étrange. La plupart affichent un air un bourru, et déambulent en petits groupes, apparemment sans but. Bref, ils semblent vivre dans un monde distinct, séparé du reste de la ville… on est dans une coexistence pacifique, mais semble-t-il assez loin de la fraternité souriante célébrée par les messages volontaristes des musées de Sydney. Après Alice Springs, on a repris l’avion pour Darwin, tout au Nord du continent. Une beaucoup plus grosse ville, dotée notamment de deux bons musées. Le musée du territoire du nord présente des œuvres aborigènes, des descriptions de la faune et flore locale, et un peu d’histoire avec la présentation des dégâts du cyclone Tracy qui a détruit la quasi-totalité de ville durant la nuit de Noël 1974. L’autre musée propose une reconstitution 3D du bombardement de la ville par les Japonais (le Pearl Harbour local) et une exposition de l’histoire des « Flying Doctors », ce service de médecine ambulante par avion, développé pour répondre aux besoins de ce territoire immense et très peu dense. Mais si on est venu à Darwin, c’est surtout pour visiter la région et ses parcs nationaux (dont le fameux Kakadu). Ici le désert laisse progressivement place à un paysage plus marécageux et plus verts. Toujours des grands d’espaces, une faible densité et très peu d’hôtels. On était encore condamnés au camping. Mais, là, on a laissé tomber le 4x4 pour s’entasser dans un magnifique camping-car tout blanc. C’est gros ! Mais à cinq à l’intérieur, c’est pas non plus super spacieux. Un lit double dans l’espace au-dessus de la cabine de pilotage, un lit double tout à l’arrière et une banquette-salon-salle à manger qui se transforme en lit la nuit venue. Après, il reste un petit couloir-cuisine où il faut calculer tous ses gestes pour éviter les bousculades et les couacs. Il y a aussi une cabine de douche-toilettes, mais on a d’emblée décidé qu’on allait s’en passer : pour 4 jours on pouvait éviter les corvée de vidange et se contenter des sanitaires collectifs offerts par les campings. Aussi mastoc que notre engin à 6 places puisse être, on avait du mal à cacher notre amateurisme face à nos voisins de camping. Les vacances en Australie étant finies, les campings étaient essentiellement peuplés de couples sans enfants et souvent assez âgés… et tous hyper équipés de caravanes géantes ou de pick-up énormes où il suffit de tirer quelques poignées pour faire apparaitre un espace de couchage, une cuisinière, une machine à laver, etc… Le soir, les gens se couchent tôt, après une bonne bière dégustée assis dans une chaise pliante, en regardant les wallabies sautiller çà et là entre les caravanes. C’est sympa le camping-car. Ca se conduit bien sur les routes paisibles et larges d’Australie. Les enfants à l’arrière peuvent jouer ou faire leurs devoirs de vacances. Les petits déjeuners à l’extérieur dans la lumière matinale sont aussi très sympa, tout comme le fait de tout plier vite-fait pour repartir dès les tartines avalées. Parce que, là encore, il ne fallait pas trop trainer si on voulait avoir le temps de traverser les parcs nationaux. Outre les paysages grandioses, les balades en forêt et les peintures rupestres, la spécialité de ce coin d’Australie c’est le croco. On en trouve dans toutes les rivières, zones marécageuses et billabongs (on a appris qu’avant d’être une marque de fringues pour surfeur, ce mot désigne un bras de rivière mort et presque asseché à la saison chaude). Pour mieux les observer, on a fait deux tours en bateau qui permettaient de nous approcher un peu sans danger. C’est pas que ces bestioles apprécient particulièrement la chair humaine, mais leur taille coupe d’emblée toute envie de tester leur hospitalité. Après cette bonne dose de crocodiles et de wallabies, on a mis le cap vers Cairns, notre dernière étape. Cairns, c’est au Nord Est du pays, sur la côté (forcément). C’est une chouette ville, beaucoup plus grande et animée que tout ce qu’on a vu depuis Sydney, posée en bord de mer entre de grandes collines verdoyantes (un peu comme Hong Kong, mais sans les gratte-ciel). L’animation touristique de Cairns tient beaucoup à sa proximité d’une partie de la grande barrière de corail qui était bien sûr à notre menu. Pour la voir de plus près, on s’est embarqué avec une poignée d’autres touristes pour une virée d’une journée sur un voilier. L’avantage du voilier, c’est que c’est petit et donc plus intime que les gros yacht. L’inconvénient, c’est que ce n’est pas rapide. Et la barrière n’est pas franchement tout près. Il nous a fallu près de deux heures pour arriver sur un premier site de plongée. Deux heures de vent froid et de roulis assez sérieux (on a un peu serré les dents mais personne n’a été malade). Une fois sur la barrière, on est loin de la côte, mais le fond est assez haut, au point qu’on peut avoir pied à certains endroits. Tout le monde s’est équipé de combinaisons de plongée, de masques, tubas et palmes et zou, à l’eau. Ouh ! On est en pleine mer, il y a du vent, l’eau est froide et assez agitée. Nos deux garçons se tenaient à une grande bouée tractée par l’un des accompagnateurs. Mais c’était vraiment froid (leurs combis d’enfant étaient assez fines) et plutôt impressionnant. Ils n’ont donc fait qu’un petit tour, avant de remonter dans le bateau, tout tremblants et les lèvres bleues. Pour les autres, l’expérience a été plus agréable. Les coraux sont tous proches et les poissons très nombreux. On passe au-dessus d’étoiles de mer bleu Klein, de raies, de poissons-clown… un vrai aquarium. Je suis même tombé nez à nez avec un barracuda, qui bloquait tranquillement l’accès à l’échelle du bateau. Une petite frayeur, cette rencontre à la jurassic park. Les accompagnateurs nous avaient bien expliqué qu’ils étaient pacifiques, mais, bon, leur taille et leur grandes dents poussant dans tous les sens n’incitaient à aller y voir de plus près. Depuis le bateau, on a pu aussi voir des tortues de mer respirer à la surface et, sur le chemin du retour, deux baleines souffler au loin. Le lendemain, Sandra nous a embarqué dans un petit zinc pour un survol d’une petite heure au-dessus de la barrière. Je n’étais pas très chaud pour cette sortie qui perforait trop ostensiblement tous les critères de l’éco-responsabilité. Mais bon, c’est le coup d’une vie, et puis, après des milliers de kilomètres en avion et en véhicules énormes, on n’en était déjà plus là. Et, de fait, c’était franchement pas mal. On voit l’étendue impressionnante de la barrière, la diversité des couleurs et des formes des différents ilots. Autant de choses qu’on ne peut pas percevoir d’en bas. La vue sur Cairns et sa couronne de montagnes vaut aussi le coup. Après tout cela, il nous restait deux jours pour faire un tour vers Port Douglas (un peu plus au Nord) et la jungle tropicale. Ici, moins de dépaysement pour nous qui avons passé tant de vacances sous les tropiques ces dernières années, mais un changement d’ambiance tout de même fort sympathique. Après tout cela, il était enfin temps de rentrer à Hong Kong. Deux jours pour faire des lessives avant de repartir pour la France, notamment pour chercher une maison à acheter car, cette fois, c’est sûr, on rentre dans un an. Mois de juillet. C'est les vacances. Il y a un an on s'imaginait qu'on serait à cette époque en plein déménagement, sur la route du retour en France. Mais tout compte fait, on ne rentre pas. On était donc tout désœuvrés pour ce mois de juillet et la solution pour sortir par le haut s'est imposée rapidement : partir pour un bon gros voyage en Australie. L’Australie, c’est d’abord (en tout cas pour moi) l’excitation et l’étonnement permanent d’être au fin fond de l’autre bout du monde. C’est ensuite, de très grands espaces dans lequel il a fallu faire des choix drastiques et qu’il nous a fallu arpenter avec tous les moyens de transports possibles. C’est enfin de la nature et des animaux exotiques à chaque tournant. Le programme était donc roboratif. On a découpé le voyage en quatre gros morceaux : (1) Sydney (2) Uluru (3) Darwin (4) Cairns. ou bien : (1) La ville (2) le désert (3) les marais (4) la barrière de corail. ou bien : (1) Le ferry (2) le 4x4 (3) le camping-car (4) la voiture. Ou bien encore, une longue série de fréquentation de la faune locale : -Des wallabies (plein, partout, qui détalent en sautillant comme des lapins) -Des émeus (une fois) -Des grosses mouches (très pénibles autour d’Uluru) -Des crocodiles (pleins) -Des chauve-souris géantes (plein aussi) -Des perroquets (des petits verts et des gros blancs, partout en ville comme des pigeons) -Des koala (mais au zoo seulement) -Un barracuda (ça fait peur) -Des tortues de mer (de loin) -Des baleines (d’encore plus loin) -Des poissons clown (et plein d’autres tout aussi exotiques) -Des fourmis vertes (très jolies) Bref, c’était bien rempli. Alors reprenons, dans le détail. L’ Australie, c’est pas un secret, c’est loin. Même si de Hong Kong c’est pile deux fois moins loin que de la France, c’est quand même 12 heures de vol. On a donc débarqué à Sydney tout fatigués au petit matin. Le bon point c’est qu’on n’avait que deux heures de décalage horaire. En revanche, on n’avait pas totalement anticipé le fait qu’à Sydney, en Juillet, c’est le fin fond de l’hiver. On avait bien prévu qu’il pouvait faire froid (mais comme il faisait beau ça allait). En revanche, on n’avait pas imaginé qu’en hiver, il règne une lumière… d’hiver : soleil raz toute la journée comme dans un pays nordique et nuit qui tombe à 17h. Bref, Sydney baignait dans une ambiance de noël, qui nous a semblé très exotique après tous ces hivers passés sous les tropiques où la lumière ne change guère d'une saison à l'autre.
En plus de ce petit côté nordique somme toute bien sympathique, Sydney nous a offert une étape très agréable. C’est vraiment chouette. On avait réservé une petite maison Airbnb hyper mignonne, à Balmain, une banlieue résidentielle tendance hipster austral (barber shop, pubs à fauteuils clubs et fléchettes, boulangerie/coffee shop rivalisant sur les menus des brunchs, etc). La maison, plantée au milieu des arbres et remplie de vieux meubles scandinaves, offrait une vue bien sympathique sur la baie de Sydney. L’ambiance tranquille et la lumière tamisée ne nous incitant guère au stakhanovisme touristique, on a passé quelques belles matinées à observer les perroquets verts glandouiller dans les arbres et à tenter de comprendre les règles du cricket et du football australien en regardant les rediffusions des matchs du week-end (un échec total, mais peu importe pour les enfants de toute façon ravis de regarder la télé au petit déjeuner). Pour aller en centre-ville, il nous fallait prendre un ferry, véritable autobus flottant, qui offrait une belle balade dans la baie. Malgré quelques résidus d’un urbanisme des année 60-70 dédié à la voiture-reine, c’est très agréable Sydney. On y trouve un vieux centre-ville avec de grands immeubles du 19e siècle, de style très européen (c’est toujours un peu surprenant de trouver à l’autre bout du monde ces petits morceaux d’Angleterre : bâtiments d’inspiration Victorienne, pubs, etc), des rues calmes où l’on a des enfilades de petites maisons typiquement Sydnéennes (deux étages protégés par des grilles en fer forgé), des fronts de mer avec des restaurants de fish & chips, des quartiers piétonniers (dont « The Rocks », l’ancien quartier populaire construit au pied du fameux Harbour bridge, devenu un coin très agréablement réhabilité et très touristique – un musée raconte l’histoire du quartier, depuis l’arrivée des premiers colons et des forçats qui ont creusé la montagne jusqu’à la lutte des habitants contre la destruction et la bétonisation du quartier)… Dès le premier jour, on s’est équipé de maillots d’équipe de sport qui sont la nouvelle passion des enfants (Avril a récupéré un maillot des Wallabies, Ulysse celui de l’équipe australienne de foot, et Pierre - qui nous a demandé avant qui étaient les plus forts au rugby – s’est retrouvé avec un maillot des All Blacks). On est aussi passé par plusieurs musées, notamment l’excellent musée maritime (planté en plein milieu du port, il permet de monter à bord de plusieurs grands voiliers, d’une corvette – à moins que ce soit un croiseur ou un autre truc dans ce genre – et d’un sous-marin), et l’Australian Museum qui nous a offert une préparation bien utile à la poursuite du voyage en donnant un aperçu de l’histoire du pays, de sa géographie et de sa faune. Notamment, on a entrevu le traitement assez particulier de la question aborigène. Ce musée très officiel et très national affirmait avec un volontarisme mal dissimulé que l’Australie était avant tout la terre des aborigène. Par exemple, les petits panneaux explicatifs nous parlaient, avec une ingénuité un peu sur-jouée, de la période d’avant l’invasion (sic) par les Européens. Ce mouvement de reconnaissance des droits des aborigènes et des mauvais traitements imposés par les européens est en fait assez récent. Le drapeau des aborigènes d’Australie, noir jaune et rouge, a été créé au début des années 1970 et a été reconnu comme co-drapeau officiel dans les années 1990. On imagine volontiers que tout cela ne s’est pas fait sans heurts et que de nombreux petits Zemmours australs continuent à s’étrangler de rage devant ces exercices de repentance. Mais cela donne une certaine profondeur et une spécificité au récit national. Le soir, Sandra nous avait réservé un spectacle de cirque/hip-hop dans l’iconique opéra. Le spectacle a plu aux petits et aux grands et la découverte de l’intérieur des fameuses coquilles valait clairement le détour. Ensuite, un coup de ferry dans la nuit et nous étions de retour chez nous. Le troisième jour, on a retrouvé la famille de Louise, une copine d’Avril, qui faisait aussi un petit tour en Australie avant de s’expatrier à nouveau vers l’Espagne. Ainsi va la vie du petit monde du lycée français : voyages aux quatre coins du monde et turnover incessant… Pour notre dernière journée dans la grande ville, on a pris le bus pour aller à la plage : Bondi Beach, un haut lieu du surf australien. Le vent glacial n’a pas arrêté les surfeur et le spectacle des immenses vagues d’eau translucide, sur cette plage si proche du centre-ville était assez enivrant. Bondi Beach accueille aussi l’une des célèbres piscine d’eau de mer, construite à même la falaise et qui se rempli au grès des vagues qui s’y fracassent avec fureur. C’est très photogénique. C’est sûr qu’on n’a pas tout vu de Sydney, et notamment qu’on a du faire une croix sur la campagne environnante, mais c’est avec l’âme bien reposée par la douceur de vivre qu’on s’est envolé vers l'outback : Uluru et le « Red Center ». (A suivre...) L’île de Peng Chau est présentée dans les guides touristiques comme une petite île qui a conservé son atmosphère traditionnelle : pas de voiture, des commerces de proximité (un seul supermarché wellcome, la marque ici) et des resto typiques. Elle est située au large de la côte nord-est de l'île de Lantau et est connue localement pour ses temples, son industrie de la pêche et ses fruits de mer. Les 6000 habitants vivent donc de pêche et des visiteurs du week-end comme nous. Impossible de ne pas chercher à se faire une idée, d'autant que l'excursion figure en bonne place dans le guide "Hong Kong with kids" que je cherche consciencieusement à suivre depuis notre arrivée pour pouvoir dire "on a tout fait" à notre retour en France. On y accède en ferry au départ du pier 6, le même que celui qu'empruntent cette semaine quotidiennement les enfants pour leur stage de surf. Peng Chau devrait être quasi-absorbée dans le projet Lantau Tomorrow Vision qui a été annoncé l'année dernière par Carrie Lam, la chief executive de Hong Kong. On ne sait pas si ce projet verra le jour, surtout sans le contexte actuel, mais les Chinois ayant déjà prévu un pont pour connecter le tout à la Chine, il semble que tout soit déjà acté. Lantau Tomorrow Vision c'est tout simplement la récupération par remblaiement de 1000 hectares de terres entre les îles de Lantau et de Hong Kong, pour un coût total de 351 milliards de dollars HK. Le projet fait débat pour son coût mais aussi car il propose la construction d’immeubles en pleine mer sur des îles sorties de nulle part et qu’il faudra protéger de la montée des eaux et des typhons. Bref, dimanche on a filé en ferry (40 mn pour ce bateau pas rapide) vers Peng Chau. Le bilan est sans appel : traditionnel, ça veut dire dans son jus et de peu d’intérêt. Les plages ne sont pas nettoyées (les pêcheurs se font très bien à la boue et aux ordures quand ils accèdent à leur bateau pourri), et les commerces et les restos sont franchement d’un autre âge. Je n ‘ai pas trouvé beaucoup de charme à cette île. La randonnée phare jusqu’au sommet de Finger Hill n’avait pas d’intérêt, ce que les enfants n’ont pas manqué de nous reprocher. D’autant qu’il faisait chaud. Très chaud même. On s'est rendu dans la boulangerie incontournable de l'ile pour y acheter la fameuse galette de sésame. C'est tellement pas génial, qu'on comprend pourquoi c'est une spécialité qu'on ne trouve pas ailleurs. On n'est pas chez Kayser, c'est sûr. On a bien dégoté un petit café / bric à brac, tenu par une francophone, où Matthieu a racheté des brosses à dent en bois (ça vire à l'obsession). Et on déjeuné dans le seul resto correct des 3 pauvres rues du micro-village. Ici pas de front de mer où l'on choisit son poisson pour le faire cuisiner sur place. Grosso modo c'est riz avec viande ou avec anguille. Bon, le riz frit était bon et surtout il y avait la clim. Notre autre contribution à l'économie locale a été l'achat de glaces "maison": au Coca et au Fanta. On a quand même passé 4 heures sur place, heureusement que les garçons aiment gratouiller le sable même sale.
On a coché ce chapitre sur mon guide de Hongkong. On ne reviendra pas. Dimanche dernier nous avons poussé tout au nord de la ligne rouge du MTR, l'axe nord sud du réseau de métro de Hong Kong. La motivation principale était d'aller visiter un projet pionnier de réhabilitation de bâtiment industriel appelé The Mills. The Mills est un projet de reconversion des anciennes usines textiles du Nan Fung Textiles Group pour en faire un lieu mélangeant musée, culture et shopping. Le site web promettait “Le projet visant à réinventer notre vision du développement à Hong Kong et honorer notre histoire tout en construisant l'avenir”. Les lieux sont beaux et lumineux. Le musée, censé présenter le passé industriel du lieu, est en revanche un peu décevant : une pièce avec 3 machines est un témoignage bien pauvre des conditions de travail de l’époque. Les activités textiles représentaient dans les années 50, date de création du lieu, un bon tiers de l'emploi à Hong Kong. Les usines aux dures conditions de travail absorbaient un flux continu de travailleurs venant de Chine. Les salaires leur permettaient à peine de louer des taudis dans les bidonvilles voisins. De ça rien. Les vidéos montrent plutôt les technologies de filage, illustrées avec des images de machines modernes en activité en Chine aujourd’hui. Il faisait tellement froid dans les salles du musée qu'on a pas fait de vieux os. On a fait un peu de lèche vitrine : Matthieu a acheté une écharpe et des gourdes en métal dans un magasin prônant le zéro déchet. Il y a trouvé la brosse à dent en bambou qui était en rupture de stock dans le magasin écolo de Kennedy Town. Les enfants auraient bien aimé acheter des legos en bois mais bon vu le stock qu'ils ont en plastique je pense que la planète se portera mieux sans cet achat. On a mangé des hamburgers dans un espèce de “diner” américain : mais attention des hamburgers “impossible” pour les adultes, la viande est remplacée par des céréales et c'est plutôt réussi. Il était 13:30 et les enfants nous pressaient de rentrer (sauf Avril qui voulait qu’on lui achète un nouveau cartable). J'avais repéré un "cat café" et donc je les ai forcés à repousser l’heure du retour. On s'est retrouvé dans un espace de 50 mètres carrés peuplé de chats angoras plus gros les uns que les autres. Au programme café et jus, des jeux de société et des chats qui se baladent et viennent te voir si tu les nourris. Les garçons ont joué à des jeux de société tandis qu’Avril distribuait des espèces de croquettes à des chats ingrats (des chats quoi). Je pense que cette expérience a eu un double bénéfice: 1/ on peut rayer le cat café de la liste des choses à faire et 2/ ça a démontré aux enfants qu’avoir un chat est d'un intérêt quasi nul. Pierre est rentré avec son père pour aller jouer au foot. Avril et Ulysse qui avaient flairé le plan shopping ont préféré faire un crochet par SMIGGLE. Avril y a dégoté un beau cartable violet à roulette et Ulysse des espèces de babioles en plastique. Pas très écolo, mais bon on avait été tellement raisonnable au Mills qu’il fallait se rattraper. La fin d’année est intense. Aux spectacles de l’école, se sont ajoutés ceux des activités extra scolaires. Puis les petits déjeuners d'au-revoir pour donner les cadeaux aux instituteurs, puis les rendez-vous de débriefing des enseignants. Matthieu et moi ne comptons plus les aller-retour à l’école qui est quand même à l’opposé de notre appartement et encore plus éloignée de notre travail. Bref, le mois de juin a été de nature à écourter nos journées de travail. Se rajoutent aussi les fêtes d’anniversaire des enfants nés en juin et de ceux nés pendant l'été, fêtés par anticipation. Ce week-end était particulièrement chargé. Ulysse a ouvert le bal avec une soirée d’anniversaire dans un resto/salle de jeux/circuit de kart dès vendredi soir. Matthieu en est revenu, la tête bien remplie de hurlements d’enfants et de sons de jeux électroniques. Pendant ce temps je mettais au point les détails de la journée du samedi. Pierre avait été invité à un anniversaire de 10h à 13h30 sur la partie est de Kowloon alors que nous avions programmé sa propre fête (il aura 6 ans le 1er juillet) à 14h sur la plage de repulse bay au sud-ouest de l’île de Hong Kong. Là-dessus Avril s’est vue proposer une séance anniversaire chez Ryze de 12h à 14h. Bref, c’était la journée des transhumances d’autant qu’Ulysse avait cours de skate le matin sur l’île de l’aéroport et qu’il fallait absolument sécuriser un arbre avec de l’ombre dès le matin sur la plage de repulse bay. À trois adultes, Marika, Matthieu et moi nous ne pouvions pas tout faire. On a recouru à ce qui se pratique de plus en plus : le covoiturage d’enfants. Là, c’est Avril qui a expérimenté intégralement en se faisant amener et récupérer par les parents ou la helper de copines. On a du coup pas croisé les parents invitants. Ça fait bizarre quand ça t'arrive à toi : un gamin arrive à la fête que tu organises et en repart sans que tu vois les parents. Bon en même temps c’est le gamin que tu invites mais quand même. L’organisation a ressemblé à cela : J’ai amené Pierre à l’anniversaire de Jean à 10h. Je suis allée amener Avril chez des amis qui amèneraient Avril (et 2 autres copine - tant qu’à faire autant avoir 4 que 2 filles avec soi) et ai récupéré une gamine que Pierre avait invité, mais qui n’allait pas à l’anniversaire du matin. Avec la copine ainsi récupéré, j'ai attrapé Pierre et deux autres copains. Direction la plage, ou Marika s'était installée au pied d'un arbre, et organisé la déco en récupérant divers jeux de plage auprès d’amis qui habitent dans le coin. Matthieu et Ulysse, de retour du cours de skate board l’avait rejoint pour accueillir les premiers invités pendant que je patientais avec mes 4 mômes dans les embouteillages. Une fois tous au même endroit on a tenté de canaliser les énergies et de leur faire faire des trucs en commun. Pas facile de faire en sorte que tous aient envie d’aller se baigner en même temps ou de faire un jeu de balle ensemble. Heureusement avec Avril (qui est réapparue sur le lieu de la fête par la grâce de la helper de sa copine) et d’Ulysse, les petits étaient bien coachés. Finalement entre le grignotage de gâteaux et de fruits, les jeux d’équipe que Matthieu avait préparés on s’approchait de 17h et les premiers parents venaient chercher leur môme. On a dû accélérer le processus de découverte du coffre que Matthieu avait enterré dans le sable. Les enfants y ont découvert leur party bag et sont partis un à un. Quelques échanges et bières plus tard, on a pris conscience que tout le monde était parti et que Marika avait tout rangé. Un coup de taxi et on était à la maison pour grignoter un truc pour le dîner et ouvrir les paquets. Pierre a été bien gâté. Une heure plus tard tout le monde était au lit. C’était une bonne journée. On ne ferait pas ça tous les jours. Le prochain rendez-vous est pour l’anniversaire des 8 ans d’Ulysse. Il hésite entre un plan salle de kart ou une chasse au trésor sur la plage. Franchement le premier est plus coûteux mais plus aisé!
Il y a 15 jours, on a poussé pour la première fois jusqu'au terminus à l'ouest de la ligne bleue de MTR sur l'île de Hong Kong. Ce qui nous avez attiré à Kennedy Town... c'est un magasin, le premier qui vend en vrac, des pâtes, de la lessive. Pas de plastique ... un concept totalement inédit à Hong Kong ou la règle reste d'emballer chaque kiwi dans un sac plastique, chaque paquet de produits congelés dans un sac plastique, chaque paquet de pain de mie dans un sachet plastique.. On a donc poussé 4 stations à l'ouest de central pour se retrouver au milieu d une forêt de tours. Le pire et le meilleur de Hong Kong est là dans un rayon de 50 mètres de la sortie du métro: on a une aire de jeu (avec sa nettoyeuse attitrée), un terrain de foot, des toilettes publiques, des resto plutôt bobo (déco très tendance) et le fameux magasin. Qu'est ce qui est le meilleur et qu'est ce qui est le pire? Le pire ce sont les tours, et le fait que les helpers squattent le sol du parc en l'absence d'alternative pour faire une pause dans leur vie de dur labeur dans l'appartement de leurs employeurs d'environ 40 mètres carrés. Le meilleur: sans conteste les toilettes publiques, relativement propres et disponibles partout y compris dans le métro et sur les plages. Franchement ça c'est un point très positif de la vie à Hongkong, on n'est pas obligé de quémander pour aller aux toilettes dans les cafés ou restos de la ville. Les terrain de foot et autres terrains de sport ou de jeux pour enfants se trouvent à tous les coins de rue (même s'ils ne sont souvent pas très grands) et permettent en l'absence de vraie verdure de souffler surtout pour les enfants. Venons en au magasin Slowood: il encourage le "Zero Waste Lifestyle", tout un programme pour nous. Matthieu voulait surtout s'acheter une brosse à dent en bois... no comment. Bon il y avait rupture de stock sur le modèle adulte alors on en a acheté pour les enfants. On est reparti avec des fruits secs en vrac, y compris des fraises séchées (c'est sur que c'est pas de la production locale, mais c'est sans plastique). Ce qui est étrange c'est que pas grand chose était bio dans la boutique, comme si il fallait choisir soit sans plastique, soit sans cochonnerie chimique mais les deux ensemble ça reste hors d'atteinte. Je suis plus portée sur le sans cochonnerie chimique pour ce qui me concerne. J'ai à contre cœur (car c est trop bon) banni les gâteaux petits écoliers sous toutes leurs formes (car ici pas encore trouvé en version bio) en raison des Diphosphates (E450) qu'ils contiennent.
Les enfants doivent se contenter des gâteaux qui ont au moins 30/100 sur l'application "Yuka". Heureusement ils ne se lassent pas des spéculoos accompagnés de pomme ou de compote. Je profite de Marika pour faire des gâteaux maison et j'espère avoir le courage de continuer une fois qu'on sera rentré en France. Ici de nombreuses familles font pain et yaourt maison. J'ai mis la yaourtière sur la liste des achats de 2020!! Quelques petits pas pour compenser un peu nos excès ici. Le message passe de mieux en mieux chez les enfants. Pierre est un obsessionnel pour éteindre les lumières et accepte de renoncer à un achat de jouet si on lui montre que c'est du plastique qui ne tiendra pas plus de deux jours. Du coup il retourne l'argument pour demander l'achat de gros trucs bien costauds... en métal et en plastique solide.... Vendredi, c'était le "dragon-boat festival", qui est férié en Chine et à Hong Kong. Pour l'occasion, Sandra nous a embarqué à découverte des Tulou. C'est pas tout près. On est parti dès le jeudi soir à bord d'un train rapide en direction de Xiamen, ville de la province du Fujian, située tout juste en face de Taïwan. Le train rapide n'est pas si rapide : entre un gros stop à Shenzhen et une vitesse de croisière de moins de 200 km/h, il nous a fallu pratiquement 5 heures de train. Après une arrivée de nuit, un peu chaotique dans une gare en travaux (c'est la Chine...) et une courte nuit, on a retrouvé notre chauffeur et notre guide pour une brève visite de la ville. En fait, on s'est surtout contenté de visiter la petite île de Gulangyu. C'est l'un des ports chinois qui a été saisi par les puissances occidentales à la suite du traité de Nankin (comme Hong Kong et Shanghai, notamment), histoire d'enseigner à coups de canon les bienfaits du doux commerce aux Chinois. L'ile en a conservé quelques bâtiments coloniaux et est aujourd'hui un lieu de villégiature paisible : plages, restaurants, jardins, petites rues offrant un bel aperçu de tout ce que la Chine peut proposer comme street food... Très sympa, mais il fallait rapidement reprendre la voiture pour 3 heures de route en direction des montagnes. On a fini par arriver dans un village, tout mignon et très tranquille, au fond d'une vallée, séparée par une rivière. Sandra avait demandé si on pouvait dormir dans une Tulou, mais notre guide nous en a dissuadé parce que, question confort, c'est assez moyen. On s'est donc retrouvé dans un hotel neuf et très beau. La déco toute en bois clair et les grandes baies vitrées ont renforcé notre sentiment d'être dans un joli village alpin. On a posé nos valises et on est parti visiter notre première Tulou.
Mais c'est quoi les Tulou me direz-vous ? Et bien ce sont d'immenses maisons fortifiées. Elles ont été construites par les Hakka, des tribus de Chinois Han du Nord et du centre de la Chine, chassées par les invasions mongoles et mandchoues et qui ont colonisé la côte sud-est, jusqu'à Hong Kong (parait-il, mais il semble que la reconstitution des tribulations des différents groupes de population chinois soit un truc qui continue à occuper beaucoup les historiens). En arrivant dans ces montagnes du Sud, les Hakka ont dû faire face à la menace des bêtes sauvages et des brigands. Ils ont donc rassemblé leurs villages dans de grandes maisons collectives : de l'extérieur, c'est un mur haut de 3 à 4 étages, formant un grand cercle et percé d'une porte unique et de quelques fenêtre en hauteur. A l'intérieur, et sur toute la hauteur, la muraille est flanquée par des habitations en bois. Chaque petite pièce ouvre sur une coursive donnant sur la grande cour centrale, où l'on trouve un puits, une basse-cour, quelques fours et parfois un petit temple. Bref, un Tulou, c'est une barre HLM fortifiée en forme de donnut, construite entre le XVe et le XVIIIe siècle. Et c'est assez joli, ces grands murs ocres, ces toits de tuiles noires, et ces habitations en bois agrémentées de lanternes rouges et de paniers en bambous. Le lendemain, on a écumé un certain nombre de Tulou du coin. Il y en a plein. Souvent ronds, parfois carrés et rarement ovales, on les trouve regroupés en petits groupes, au gré de l'extension des familles. Tout cela est posé au pied des montagnes et des rizières en terrasses. C'est très paisible, le ciel est clair, les gens sont gentils... de quoi se réconcilier avec la Chine. Le week end s'est vite terminé, il nous fallait encore faire 2 heures de route et 4 heures de train pour rentrer à Hong Kong. Le dimanche soir, on a laissé les Hongkongais défiler en masse contre le projet de loi d'extradition (ça commence à chauffer semble-t-il), pour satisfaire la passion (très imprécise et particulièrement chauvine) de nos enfants pour le foot en les collant devant France-Corée en replay. C'est aujourd'hui le 30e anniversaire des "événements".
On n'attend pas de grande manifestation du souvenir à Hong Kong. Le rassemblement annuel qui a lieu ici accueille chaque année de moins en moins de monde et certains mouvements politiques "pro-démocratie" issus de la révolution des parapluies de 2014 revendiquent même le fait de ne plus y participer, en partant du principe qu'ils n'ont rien à voir avec ce pays étranger qu'est pour eux la Chine. En revanche, Taipei fête l'anniversaire de façon originale (cf. Photo). La capacité avec laquelle les mots sont dévoyés en Chine m’a toujours fasciné. On parlera de blue sky day pour désigner un jour où la pollution n’est pas trop forte, de démocrate le fonctionnement du Parti communiste, de normalité le fait de vouloir réduire un peu les excès, de civilisation écologique le fait de développer les énergies vertes tout en augmentant au même rythme la combustion du charbon. J’ai souvent hésité entre rire et colère devant les grands panneaux affichant démocratie, liberté et écologie comme valeurs premières de la république populaire de Chine. Le 18ème congrès national du Parti Communiste Chinois en 2012 a ainsi promu sans sourciller les 12 valeurs socialistes fondamentales que sont "prospérité", "démocratie", "civilité" et "harmonie" ; les valeurs sociales de "liberté", "égalité", "justice" et "État de droit" ; et les valeurs individuelles de "patriotisme", "engagement", "intégrité" et "amitié". Maintenant c’est la colère qui prend le dessus tant je sens que le pouvoir, en pleine conscience, est en train de détruire les marqueurs intellectuels et de vider de leur sens, dans l’opinion public national et international, des termes comme démocratie, développement soutenable, droits humains fondamentaux et j’en passe. Ce week-end, nous avons compris qu’un autre concept était dévoyé en Chine, celui de l’art. Rien de très grave me direz-vous: si les chinois confondent art contemporain et propagande, c’est leur problème. Enfin c’est devenu le nôtre quand nous avons franchi les portes du musée flambant neuf sobrement intitulé Mocape en plein coeur de Shenzhen. Encore une journée à 10 minutes en train ultra rapide de chez nous. La cible était donc ce musée qui combine deux institutions, le Musée d'art contemporain (MOCA) et le Planning Exhibition. Bon on aurait pu se douter que le terme "planning exhibition" était suspect et que le celui "d'art contemporain" pouvait être défini de manière différente en Chine et ailleurs. Maintenant c'est clair, l’art contemporain pour le conservateur du musée MOCA se réduit à “histoire économique et politique récente”. Cela faisait deux fois qu’on avait été à Shenzhen sans avoir le temps d’aller dans le bâtiment à la conception architecturale étonnante, inauguré en 2016 après 4 ans de travaux. Le musée est dans la continuité de la grande esplanade du Civic Center. Cette esplanade en hauteur, au dessus des rues est recouverte d'une grande vague et des montants colorés. Elle abrite du soleil et de la pluie des grappes de danseurs de tai chi le matin et de hip hop l'après midi. Il n’y a pas à dire, comme dans le cas du Design Society, les chinois sont sacrément forts pour construire des beaux bâtiments. Toute la zone autour du musée est flambant neuve et très esthétique. Mais c’est une autre paire de manche que de faire vivre les musées et notamment de les remplir. On avait fait ce constat lors de notre visite au musée Design Society. L’énorme bâtiment n’offrait à la visite qu’une grande salle sur le design aménagée par le V&A, un musée partenaire. Le reste était une succession de couloirs et de salles fermées. Pour notre plus grand plaisir, les enfants ont même joué à la balle dedans en attendant que la pluie cesse. Pour le MOCAPE, la fréquentation par les visiteurs était en revanche au rendez-vous. Une queue longue mais gérée assez rapidement nous a un peu cueilli à froid à notre arrivée. Cette queue était en fait pour assurer la vérification de nos papiers d’identité. Un mec sur une table prenait la carte d’identité chinoise des visiteurs lui jetait un coup d’œil et laissait passer. Quand il nous a vu arriver avec nos passeports il a fait une grimace. Il a commencé par mon passeport, n’a pas trouvé la page avec ma photo, il m’a alors demandé “where do you come from?” J’ai répondu, il m’a demandé mon nom, j’ai dit Sandra. Il m’a redonné mon passeport et a laissé passer tout le monde sans rien vérifier. Les apparences étaient sauves et, de toute façon, ce contrôle (ou ce rappel qu'un contrôle est toujours possible) s'adressait bien plus aux citoyens chinois qu'aux étrangers d'ailleurs très rares. Une fois dans le musée on peut admirer son ampleur. Les visiteurs chinois, pour la plupart en voyage organisé, se précipitaient dans les étages pour voir l’exposition qui venait a priori de démarrer et qui s’intitulait “40 ans de réformes: 1978-2018”. Pour l’art contemporain on repassera, on a été accueilli par un écran géant avec des images vidéos de la visite de XI Jinping. Immanquable. Ensuite des salles sur deux étages, ça nous a pris quasi une heure pour tout traverser. Nous étions les seuls étrangers ce jour là et quelques visiteurs étaient semble-t-il ravis de voir des occidentaux partager avec eux une ode à la grandeur de la Nation chinoise. Au fil des salles étaient détaillées les étapes de la transformation de la province du Guangdong au fil des réformes économiques. Tout en chinois ou presque. Des représentations des ateliers de labeurs du début, des conditions de vie sommaire des gens à une succession de vitrines sur les objets exportés par les usines: électronique, jeux, mécaniques optiques et enfin les téléphones de Huawei. La muséographie était souvent assez difficile à décrypter mais tout cela n'était pas dénué d'intérêt : après tout, la transformation radicale de la Chine depuis les années 1980, dont Shenzen est l'un des exemples les plus édifiants, constitue une page de l'histoire de la Chine et du monde qui mérite bien une exposition. Mais on comprenait bien que l'exposé du volontarisme de la Nation et du génie de Deng Xiaoping (prolongé par le non moins génial Xi), et la présentation d'objets et des documents de propagande sur les 8 points prioritaires et les 7 chantiers du futur, ne laissaient pas trop de place pour les gens. Pas un mot sur les inconvénients du développement à marche forcée: pollution, séparation des familles (les migrants qui travaillent dans les usines n’ont pas le droit de venir avec leurs familles), conditions de travail difficiles. Une jolie illustration de la vie sereine avant les réformes Après ce grand moment de culture artistique on a cherché à visiter le bâtiment... un vaste continuum de salles vides, une buvette et la boutique souvenir déserts ne faisaient pas partie de tour des groupes chinois. Nous avons trouvé un resto pas loin et avons vécu un autre grand moment dystopique. Pour commander il fallait scanner le QR code sur la table avec wechat et commander directement sur son téléphone. J'étais confiante car j'avais wechat et du roaming mais il a bien fallu renoncer car 1/ tout était en chinois et 2/ il faut un moyen de paiement chinois enregistré sur son téléphone. Il y avait bien une serveuse, très gentille et patiente mais dont le rôle se limitait à pointer du doigt le QR code et à montrer l'application wechat sur son téléphone. On a fini par commander "à l'ancienne" en se déplaçant vers la caisse à l'intérieur du restaurant. Tout l'après midi, on s'est en fait retrouvé "hors jeu" du fait de l'hyper dématérialisation en Chine. Après l'échec de notre commande au restaurant nous avons vécu d'autres mésaventures dans le musée voisin intitulé sobrement "Children Palace". On s'y est rapatrié car il faisait très chaud et lourd et qu'on n'avait plus le temps d'aller très loin. Le musée est un peu sur le mode Géode avec des films 3 D et des salles d'expo plus classiques sur le thème de la technologe. On était un moment tenté par un film 3D, on était même près à y aller alors que ca aurait été tout en chinois. Mais la technologie nous a encore une fois empêché. L'achat de billets se faisait exclusivement sur écran tactile via son téléphone: encore une fois wechat ou alipay avec un moyen de paiement Chinois. On s'est donc rabattu sur la section gratuite qui était il faut le dire totalement affligeante. Les vitrines étaient souvent totalement ridicules (cf. la vitrine sur le monde marin ci dessous). Encore un musée, très grand et plutôt beau architecturalement, mais totalement vide. On a fait toutes les salles pour patienter jusqu'à l'heure de notre tour en petit train pour "Energy world". En effet à notre arrivée dans le musée, on a pu être un peu briefé par une jeune fille, volontaire de la pléthorique équipe d'accueil. Elle était a priori la seule à parler anglais, très sympa et pleine de bonne volonté. Après l'échec cinglant de l'achat de billets pour le cinéma 3D elle nous a proposé l'activité petit train. Là non plus ça n'a pas été simple car il fallait scanner une carte d'identité chinoise pour pouvoir prétendre à un billet. Apparemment, la direction du musée n'avait pas imaginé qu'il puisse recevoir des visiteurs étrangers. Heureusement deux personnes de l'équipe d'accueil ont bien voulu le faire pour nous. 2 adultes et 4 enfants donc. Je suis restée sur le carreau mais j'ai pu profiter de l'activité phare dans l'atrium du musée : un espèce de jeu de l'oie. Les parents faisaient la queue pour donner à leur enfant unique la joie immense de jeter le dé géant. Bon j'ai du passer à coté des subtilités... Au retour de Energy World, les enfants ont expliqué qu'ils en avait marre de ces musées tous nuls et voulaient partir. C'est peu dire qu'ils n'ont pas été emballés par le "Energy world" tour : un wagon qui avançait très lentement pour passer devant des petites maquettes retraçant l'histoire de la technologie et de la maitrise de l'énergie, depuis la découverte du feu jusqu'à la conquête spatiale en passant par les barrages hydrauliques et les éoliennes. Il y avait encore 2 heures à tuer avant le train retour. On s'est dirigé sans y croire vers le parc d'à côté. Bonne surprise enfin, de la pelouse sur laquelle on pouvait s'allonger. Des mamies nous ont vendu (pas besoin de QR code là) des avions en plastiques et des cerf-volants. Enfin des plaisirs simples.... les enfants ont bien couru et joué au milieu d'une foule bon enfant lançant des cerf-volants dans tous les sens en créant moult noeuds et collisions. C'était un bon moment et même les quelques pros du cerf-volant équipés de bobines high tech accrochées à des baudriers comme pour la pêche au gros souriaient quand on s'emmêlait dans leurs fils.
C'était finalement une bonne journée malgré les bizarreries. Un dépaysement garanti en tout cas. On est tous rentré en se disant qu'on était content de ne pas être chinois. Depuis quelques années, à chaque fois qu'on y va, on ressent de plus en plus vivement cette impression étrange d'être tracé en permanence par tous les moyens digitaux et sécuritaires. Les caméras sont omniprésentes (la salle de contrôle des passeports à la gare de trains rapide Hong Kong-Chine doit en posséder plus d'une centaines, disposées au plafond, en un quadrillage d'un mètre carré). Pour tout, les chinois doivent scanner leur carte d'identité : prendre un train, acheter un billet de musée. Plus besoin de carte bleue ni de cash, juste son téléphone et sa carte d'identité, les deux étant bien évidemment liés, rien n'échappe plus à big brother. De voyage en article de presse, on voit très rapidement se dessiner sous nos yeux un tout cohérent, fait de contrôle de la société jusque dans la redefinition des mots (et oui, comme chez Orwell) :
Les chinois qu'on croise sont très sympa et il est, à bien des égards, très agréable intéressant de voyager en Chine. Mais on comprend que les Hong Kongais dépriment à l'idée de rejoindre le giron de la grande Chine. D'ailleurs, en ce moment, le grand débat qui anime tous les médias Hongkongais, ce n'est pas le 30e anniversaire des "événements" du 4 juin de la place Tiananmen, mais un projet de loi établissant un accord d'extradition entre Hong Kong et la Chine : les partis "pro-démocratie" craignent que cela conduise à l'extradition de tous les dissidents, instaure de fait la fin de la la liberté d'expression à Hong Kong et nuise gravement au business en faisant planer une menace pour tous les hommes d'affaire étrangers dont les entreprises nuisent aux intérêts de Pekin. Sans doute qu'ils ne comprennent rien au vrai sens des mots puisque l'objectif de ce projet de loi n'est bien évidement que de garantir la sécurité des citoyens... J'ai bien entendu que la participation à Hong Kong était telle qu'il y avait une attente d'une heure en milieu de journée. Quand on est allé voter le matin, rien de tel. En 10 minutes on avait passé les 3 étapes, pris l'ascenseur jusqu'au 25ème étage et tout fait dans le sens inverse.
Au final la participation qui a plus que doublé par rapport à 2014 est moitié moindre de celle de moyenne nationale, ce qui est quand même triste. Bon ce n'est pas les 2000 voix qui auraient changé la donne mais c'est quand même rassurant de voir que les expatriés français à Hong Kong votent de manière plus raisonnable qu'en métropole. La ventilation des votes est en effet bien éloignée de celle de la France dans son ensemble: le RN est à 3%, la France insoumise à 2%. Les extrêmes gauches et droites confondus sont à moins de 10% en total. Les grands gagnants : le LREM est à 54%. Les verts à 15% quand même ce qui est sans doute une façon de se donner bonne conscience pour notre bilan carbone désastreux. Nous sommes enfin allés voir le spectacle proposé à la Tea House du théatre d'opéra chinois qui a récemment ouvert sous nos fenêtre. Il s'agit d'après le prospectus d'une performance narrative de 90 minutes spécialement conçue pour faire découvrir le théâtre traditionnel chinois à un nouveau public. L'organisation de la salle cherche à recréer l'atmosphère des maisons de thé du début du XXe siècle à Hong Kong. Pendant le spectacle le public se voit servir du thé traditionnel et des dim sum. En fait de dim sun, on a plutôt gouté un mélange de samossas froids. C'était plutôt pas mal: 4/5 extraits soit de musique, soit de chants, soit d'opéra chinois. On avait les sous-titres en anglais ce qui permettaient de comprendre un peu de quoi il s'agissait. Les commentaires entre les extraits étaient par contre assez inintéressants: aucune présentation des instruments, de la signification des costumes, de la provenance et datation de l'oeuvre.
J'imagine que cela doit changer régulièrement, Matthieu plus que moi est prêt à y retourner car effectivement le jeu des acteurs était de bonne facture. Normalement un opéra chinois dure 4 heures et là c'est clair qu'on tentera pas. Un nouveau musée a ouvert ses portes à Hong Kong il y a quelques mois: le children discovery museum. On est allé y faire un tour samedi dernier en achetant en ligne un billet pour une des séances. Il y a des horaires stricts 9h30-12, 12h30-15h, 15:30-18h. Entre chaque séance les employés s’y emploient à un nettoyage en profondeur. Certes c'est le modèle de la cité des enfants de la Villette mais ici les conditions d'hygiène sont prises très au sérieux. Dès notre arrivée, on nous a imposé de nettoyer nos mains avec du gel anti bactérien et on nous a pris la température. Illustration en photo avec un papa indien qui est arrivé après nous. J'imagine que le petit gars de l'accueil te refuse poliment si tu dépasses 37.5 degrés. Bref, je sais que c'est pour le bien de tous mais je trouve cela très désagréable. Ca m'agace cette hystérie sur les bactéries et cette tolérance pour l'intrusion imposée de personnes non accréditées dans la gestion de ma santé. Tous ces masques, thermomètres, message de ne pas tousser, de se laver les mains avec du gel renforcent encore cette folie qui saisit les Hongkongais dès que quelqu’un éternue, les amenant à s écarter, à se munir d'un masque et même à s'indigner qu'on les oblige à supporter la présence d'une personne enrhumée. S'ils pouvaient enfermer le malade, je pense qu'ils le feraient. Ce qui est dingue c'est que Hong Kong est dégueulasse, pleine de rats, d'ordures et que franchement ils pourraient commencer par là. Bon, personne n'était malade. Deux secondes plus tard on pouvait entrer mais on était invité à se retartiner de gel anti bactérien à l'entrée de chacune des pièces. Ce n'est pas très grand, ça doit faire 300 mètres carrés quand même et donc c'est aussi conséquent que les espaces enfants dans les autres grands musées de Hong Kong. Celui là par contre il est privé et donc payant (10 euros quand même par tête). La première pièce était un espace dédié aux sentiments et aux expressions où les enfants pouvaient réagir à des mots comme colère, bonheur etc en les mimant dans un miroir ou en les identifiant sur des images etc. Les enfants ont traversé sans s'arrêter. Ils se sont précipités par contre sur le circuit d eau. Une mini version de celui de la cité des enfants de Paris. Ils ont aussi apprécié un circuit avec de l'air et un circuit électrique où il fallait éteindre un circuit de lumières plus vite qu il ne s'allumait. Il y avait aussi un atelier peinture (sur les vitres), un atelier avec du sable pour reproduire les montagnes de Hong Kong et jouer avec les dénivelés. Pierre a accepté à contre cœur de faire l'atelier bricolage et donc d 'abandonner le circuit d'eau . Il m'en a voulu car cela a consisté à écouter un organisateur expliquer pendant 15 minutes le besoin de mettre un casque, des gants et des lunettes pour planter un clou dans une planchette de bois. Le clou planté il est reparti dare-dare patauger dans l'eau. Le lieu était finalement assez grand: il y avait 1 groupe d écoliers (un samedi après midi, bizarre non?). Ils étaient d'âge très divers: des nettement plus de 10 ans s'ennuyaient donc mortellement (le musée est normalement pour les moins de 10 ans). Ils étaient donc dans un coin sur leur téléphone portable.
On est resté jusqu'à la fin de notre séance. Les enfants étaient très contents et étaient réconciliés avec le mot "Musée". Ce qui est fou c'est qu'à part le groupe d'écoliers il devait y avoir moins de 5 familles en individuel. Pour une ville comme HongKong c'est quand même maigre. Ce que font les HongKongais avec leurs enfants le week end reste pour moi un mystère. Je crains que la caricature qui est qu'ils ne bougent pas de chez eux ou qu'ils font des cours particuliers ne soit vraie en fait. En tout cas tant mieux il n'y avait pas grand monde: on s'est mis dans un coin et on a attendu que nos enfants nous reviennent trempés mais heureux. Ce week end nous avions une mission de la plus haute importance, promener Eglantine, l'élan de la classe de Pierre dans Hong Kong et faire des photos pour inciter Pierre une fois de retour en classe à discuter de ses activités en famille. J'ai pas mal hésité entre une rando avec une vue emblématique, une journée à la plage (plébiscitée par les enfants) ou une visite culturelle dans les nouveaux territoires (ça veut dire loin et incertain sur le plan culturel). J'ai du composer finalement avec l'abandon de Matthieu qui a été terrassé par une forte fièvre et donc avec la nécessité de gérer seule les enfants. Et j'ai opté pour du culturel mais pas loin, à 4 arrêts de métro de la maison, juste à côté de mon ancien boulot à Wan Chai: la Blue House. Nous sommes restés la matinée à maison. Cela devient de plus en plus impossible de sortir les enfants en matinée tant ils exigent du temps pour jouer ensemble dans leurs chambres. Même si cela limite le champs des possibles pour les expéditions, je dois reconnaître que leurs demandes sont légitimes d'autant qu'ils ont énormément de jeux auxquels ils jouent maintenant ensemble sans notre aide. Surtout Pierre et Ulysse se chamaillent moins qu'avant et on se retrouve de plus en plus souvent Matthieu et moi capables de vaquer à nos occupations tranquillement sans devoir nous occuper des enfants. Evidemment au bout d'un moment il fallait bouger et aller manger. Les enfants ont voté pour le BBQ japonais d'à coté, cela change des sushis. Ensuite, direction la maison bleue. C'est un immeuble sur 4 étages, datant du milieu des années 1920 et qui a failli être rasé avant d'être réhabilité de manière respectueuse. Le projet a conservé par exemple les anciens locataires (souvent très pauvres car avant d'être retapés les appartements n'avaient pas d'eau - donc pas de toilettes). Le rez de chaussé abrite maintenant un mini musée qui développe des activités de sensibilisation et de protection du patrimoine. Le projet a même reçu un prix de l'UNESCO. Au delà de sa couleur bleue, la maison se distingue comme l'une des dernières Tong Lau (immeubles d'habitations avec des balcons typiques de Hong Kong et Macao) qui demeurent de nos jours. Les étages supérieurs sont totalement en bois. On s'est greffé sur un tour en cantonais, il n'y a qu'un tour en anglais par semaine et c'était pas le bon jour. Or le tour était la seule manière de rentrer dans l'édifice lui même car seuls les résidents ont la clef pour monter aux étages. Pas le droit de prendre des photos de l'intérieur ce qui est peu dommage (notamment dans le cadre de notre reportage avec Eglantine). La guide a été bien sympa de nous donner les infos principales. Les enfants ont bien compris qu'il pouvait y avoir jusqu'à 50 personnes dans les "appartements" de 30 m2. Des lits contenant des familles entières étaient juxtaposés sur 3 étages (les appartements sont assez haut de plafond). Le point qui a marqué leurs esprits a été le fait que chaque appartement avait un emplacement dédié dans l'escalier pour un seau qui servait aux besoins pendant la nuit et que le "récolteur nocturne" devait replacer au bon endroit après l'avoir vidé. Après cette dose plus importante que prévu de culture, on s'est récompensé par un bon goûter chez Kaiser: patisseries et orangina. Là Eglantine est restée dans le sac.
Dès l’année dernière la dentiste qu’on a vu en France pour Ulysse nous avait prévenu qu’il avait des grosses dents et une mâchoire trop étroite pour les accueillir. Comme on ne veut pas attendre notre retour en 2020 on s’est résolu à faire les soins ici. L’assurance santé de notre employeur ne couvre pas l orthodontie et comme on a laissé tomber l’assurance complémentaire qui nous coûtait beaucoup trop cher et ne remboursait pas grand-chose on va devoir payer tout de notre poche. Alors autant faire les choses bien. Je me suis rendue avec les deux grands dans le cabinet SMILE à central. Franchement impressionnant, on s'est retrouvé dans une agence type ruche futuriste et hyper climatisée (d'où les kway des enfants): tout blanc et classe, des écrans vidéo partout, Open Space avec distributeur de boissons et magazines. Toute la clientèle était occidentale. Une dizaine de boxes avec des filles en blanc à l'anglais impeccable et au sourire éclatant qui te reçoivent et t'assistent tout le long du processus avec moult encouragements. Pas besoin de ça pour avril et Ulysse qui étaient super excités d’avoir un appareil. Enfin un truc que personne d’autre de leur classe n'a. Première étape la prise de photo, deuxième étape l’analyse des défauts et proposition de méthode corrective avec les photos en gros plan. Trois filles nous ont successivement pris en charge avant que le big boss vienne valider et nous faire un sourire. Le diagnostic est le même pour les deux enfants: il faut poser un extenseur pour élargir la mâchoire du haut puis on posera des bagues métalliques pour réorganiser les dents. Une facture de 50,000 HKD pour l'ensemble. La fille a pris ma carte bleue, et on a commencé la prise d'empreintes. A la grande déception des enfants, on devra attendre 15 jours pour la pose dudit extenseur.
La nouveauté depuis quelques jours c'est l’engouement pour le rugby. La cause directe est qu'on a reçu un mail du lycée français annonçant qu’il cherchait à constituer une équipe d’enfants nés en 2010, 2009 et 2008 moitié fille moitié garçon. L’objectif est de participer au championnat inter Lycée français qui se tiendra au Japon à l’automne. Avril qui ne connaît rien du rugby a voulu candidater. Ulysse a râle et continue d'ailleurs car c'est pas juste que les enfants de 2011 n'y soient pas. Bref, on s’est retrouvé pour le premier entraînement de sélection la semaine dernière: 32 garçons et 8 filles. Les garçons étaient presque tous équipés de la tête aux pieds dentier inclus. Ils sont tous dans un club. Deux filles seulement semblaient être aussi des joueuses aguerries. Sur les 6 autres, Avril au moins avait la carrure, ne portait pas de lunette et cherchait (même si c'était sans succès) à attraper la balle plutôt que à discuter avec les copines. J’espère que devant l’absence de meilleur choix le coach (qui est un ancien joueur pro) sera obligé de prendre Avril. Le deuxième round de sélection est la semaine prochaine. Il faut croiser les doigts pour qu’aucune autre fille meilleure n’y pointe son nez ! En attendant on a acheté un ballon de rugby et on l'emporte avec nous pour nous entrainer à faire des passes (pas en avant).
Le mois d’avril est passé en un claquement de doigts. Entre la fin des cours pour Matthieu et moi, les vacances des enfants et la visite de nos anciens voisins de Paris les semaines ont été bien remplies. La première semaine de vacances, les deux grands ont fait un stage de voile sur leur première semaine de vacances. Ils se sont initiés à l’optimiste au Aberdeen Boat Club. On a retrouvé le même genre de club select que le Kowloon cricket club où les garçons ont un temps fait du foot et du basket. Il y a une jolie vue sur le port d'Aberdeen et le fameux jumbo restaurant. C'est pas très grand mais il y a un resto intérieur et un autre en terrasse à côté d'une piscine. Ca doit être plutot sympa quand il fait beau, ce qui n'était pas le cas cette semaine là. Pour autant comme c'est pas la porte à côté je pensais que l'on pouvait y rester un peu en attendant le retour des enfants après leur séance de 9h à 12h30. Mais clairement si les non membres sont tolérés pour les cours il est impossible d’y rester et même d’y consommer un café une fois les gamins partis en cours. Marika en a, la première, fait l’amère expérience alors que je lui avais suggéré d’y déjeuner avec les enfants. On lui a dit sèchement que ce n’était pas possible. Je pensais qu’elle avait subi le racisme ordinaire vis à vis des helpers. Le lendemain j’ai commandé un café et pensais rester sur place en entendant le retour des enfants. Le serveur qui m’a amené ledit café m’a moi aussi indiqué que je ne pouvais pas rester si je n’étais pas membre. Il m’a offert le café pour faire passer la pilule et m’a invité à ne revenir que quand mon passage serait toléré pour récupérer mes enfants. Ambiance. Les enfants embarquaient sur un bateau pour aller sur l'île privée du club où se tenaient les cours. On a pas vu le matériel ni pu assister à leurs manoeuvres. On les a systématiquement récupérés ravis à la fin de chaque matinée mais trempés car se jeter à l'eau et remonter dans le bateau faisait partie de la formation. Ulysse et Avril ont validé leur niveau 1 et étaient très contents. J’imagine qu’ils feront le niveau 2 l’année prochaine. Le reste des journées a été occupé par des excursions classiques à Ocean Park, Disneyland et Ryze ainsi que par différentes playdates. C’est passé vite d’autant qu’on était tous impatient d’arriver au samedi et de récupérer les Benabent. Le programme était chargé en commençant par la visite de notre beau quartier (ils se sont avérés de grand fans de marchés de rue — et sont retournés sans nous par la suite au marché de jade et au marché de nuit de temple street pour remplir leurs valises de cadeaux et souvenirs). Ensuite les classiques - le peak, le ferry, l’île de Lamma, les quartiers historiques de l’île de Hong Kong et le grand Buddha de Lantau sans oublier le village de Tai O. On était déjà allé jusqu’à Tai O lors de nos précédentes visites du grand Buddha mais on n'en avait pas vraiment fait le tour. Ce jour-là on y est arrivé assez tôt et on a fait le tour classique en bateau pour voir les maisons sur pilotis. Dans les 40 minutes de bateau est inclus un petit tour en mer juste derrière le port là où se trouvent les fameux dauphins roses. Je n’avais pas beaucoup d’espoir car en 5 minutes soit on tombe sur des dauphins soit comme la plupart des gens (cf. avis sur TripAdvisor) on n’en voit pas. Et bien là on a bien vu 3 ou 4 sauts de dauphins. Évidemment c'est rapide mais c’est suffisant pour un paquet de waouh pour les grands comme pour les petits et ce dire qu'on était bien chanceux. On a enchaîné avec la visite à pieds du village. C’était une première pour nous de traverser le pont. La folie acheteuse de Marie a équipé les garçons de soldats avec parachute en plastique qu’ils ont joyeusement lancé sur la place centrale. On a regardé les fruits de mer et posé avec des calamars géants pour marquer le coup. C’était une bonne journée. On a passé également 5 jours à Chiang Mai au nord de la Thaïlande. On a refait avec plaisir des visites effectuées précédemment (en février de l’année dernière). Les enfants ont pu voir les extensions du éléphant nature Park et revisiter quelques temples de Chiang Mai. Le rythme a été tranquille. Les enfants avaient surtout envie de rester à la piscine de notre hôtel, kitsch à souhait, dans lequel on avait un étage pour nous (les 5 enfants avaient pour eux un appartement de type loft sur deux étages). Ça a fait en sorte que les 5 pouvaient joyeusement sauter les uns sur les autres dès le réveil du premier (évidemment toujours Pierre). Les nuits ont été courtes. Heureusement cette fois-ci sous les encouragements de Marie on a testé les massages. Même ceux prodigués par d'anciennes prisonnières.. où Pierre s'est royalement endormi. On est quand même repassé par le marché de nuit avec ses fish spa et ses diverses boutiques de souvenirs. Les garçons se sont tous équipés de maillot de foot. C'est la tenue invariable de Pierre en ce moment et cela a séduit Hippolyte qui a profité de sa venue en Asie pour s'équiper intégralement. Tout le monde est rentré bien crevé. Et nos enfants ont traîné des pieds pour aller à l’école le lundi suivant.
On a profité des dernières soirées pour enfin sortir entre adultes, laissant les 5 devant leur iPad respectif à la maison sous la surveillance de Marika. L’occasion d’essayer le fameux resto Hutong et de perdre aux courses de chevaux. Quand on s’est retrouvé à 5 dans l’appartement où on a brillamment vécu à 9 pendant 10 jours ça a fait tout drôle. Il ne reste plus que 8 semaines d’école pour les enfants avant les vacances d’été. Entre les fêtes d'anniversaire nombreuses avant l'été (dont celle de Pierre), les farewell des gens qui partent de Hong Kong et enfin le début des sorties plage et piscine extérieure, ça va passer très vite! Nouvelle journée à Shenzhen. L'objectif était la découverte du quartier de Shekou, où se trouve le port d'arrivée des navettes maritimes entre Hong Kong et Shenzhen. Le quartier s'est doté d'un nouveau bâtiment ouvert en 2018 dédié au design. Il s'appelle sobrement Design Society. C'est un bâtiment moderne et lumineux qui m'a fait penser au musée des confluences à Lyon. Il est censé abriter 5 musées différents dont celui qui avait attiré mon attention dans un article de presse: la galerie Victoria and Albert. Ce Musée V&A, du nom des anciens souverains britanniques, présente une exposition sur les objets et matériaux qui ont transformé nos vies et nos consommations. Concrètement, dans un grand espace, on se retrouve devant un assez grand fourre tout d'objets emblématiques : le tout en vrac, chaises, vêtements, objets électriques. Comme sur la photo: la chaise tripp Trapp à côté du rice cooker électrique. C'était cependant intéressant surtout la partie sur les nouveaux matériaux: la bakélite, la fibre de verre etc.. Ce qui a le plus intéressé les enfants c'était un ensemble de vidéo avec des personnes présentant un objet auquel ils étaient particulièrement attaché: d'une tasse de thé à une paire de reebook. Le reste du bâtiment s'est révélé vide. Les autres salles étaient soit en cours d aménagement soit fermées. L'aguichant musée des réformes (quel lien avec le design?) était portes closes, derrière ses deux gardiens. On a tout visité y compris les toilettes haute technologie japonaise dont les jets nettoyeurs et le sèche fesse ont ravi les enfants. On y même resté plus longtemps que prévu en raison d'un orage qui ne nous permettait pas de sortir. Les enfants ont joué dans un des recoins de l'immense bâtiment. Contrairement à Hong Kong, ici aucun garde pour empêcher les enfants de courir. Ils ont même jouer à la balle. J'ai vu d'autres gamins traverser les étages en draisienne. Le service sécurité Hongkongais en aurait été offusqué La pluie a fini par cesser. On a poussé jusqu’à Nanhai E-Cool. C'est l'ancienne usine de Sanyo qui a été réaménagée en plus de 100 petites entreprises créatives. Le quartier ressemble à un ensemble d entrepôts relookés et végétalisés avec des petits cafés et des micro boutiques chics. Sans doute que quand il fait beau et en semaine avec la fréquentation des employés c'est très tendance, mais là ça faisait un peu déglingué et tristoune. On a par contre bien fait le tour du quartier de Sea World, une grande zone piétonne avec restaurants et cafés. Les façades sont d'inspiration européennes, façon carton pâte. Au milieu se trouve The Minghua, un paquebot de haute mer construit en France en 1962. Il a été transformé en hôtel et abrite sur son pont un grand espace bar et restauration Paulaner. C'était néanmoins fermé en journée. Peut-être que cela s'éveille le soir. Normalement à 19h00 et à 20h00 il y a un spectacle musical de dix minutes de fontaines d'eau. Pas sûr qu'on le voit un jour. On a néanmoins bien apprécié de pouvoir manger en terrasse sans voir ni entendre de voiture. Ce qui est impossible à Hong Kong. On a repris le train de 17:23. Grâce à la nouvelle gare en bas de chez nous, on était à la maison à 18:15. C'est rapide et efficace de se dépayser sur la journée!!
On est retourné à Kwun Tong car c'est là que se trouve la Grande expo sur Van Gogh qui se tient en ce moment à Hong Kong. Pas une expo de peintures mais une expo vidéo. Les tableaux sont projetés sur les murs un peu comme dans les carrières de lumières de baux-de-provence. C'était assez chouette malgré le monde. On a mangé dans le coin, dans le bâtiment MegaBox, un mastodonte tout rouge le long de la quatre voie que les enfants empruntent tous les jours pour aller à l'école: on connait ont ils dit en coeur. On a choisi un bbq coréen pas mal du tout. Je n'avais pas mon détecteur de pm mais je pense que malgré le système de ventilation puissant on devait être bien enfumé. Comme on était là on a cherché à découvrir un peu la zone. Après une petite recherche sur Internet sur le thème « quoi faire avec des enfants » dans la zone je suis tombée sur HA Cube. C'est un espace d'une petite centaine de mètres carrés au 3eme étage d'un ancien immeuble usine dans laquelle on rentre par le garage de la tour d'à côté. Même principe que les lieux de divertissement décrit dans les post précédents. Mais là, il ne s'agissait pas d'overboard, de circuit de voiture ni d'escape game : l'endroit est dédié à la pêche à la ligne ! Pas de chichi: une grande pièce (totalement aveugle, comme il ce doit) avec un grand bassin et des tabourets de bar tout autour. On paye à l'heure, on nous confie une petite canne à pêche, avec un bouchon et deux hameçons, un petit plateau avec des appâts et à nous d'attraper les crevettes qui grouillent au fond du bassin. On lance la ligne et on attend de voir que le flotteur s'enfonce, signe qu'une crevette est en train de grignoter l'appât. La théorie c'est qu'on doit alors tirer d'un coup sec pour accrocher la bête. Si on ne fait rien, la crevette mange l'appât sans avaler l'hameçon. Bref c'est une histoire de timing. On a pas été très bons, on a attrapé 4 crevettes en 1 heure avec 3 cannes et encore deux d'entre elles ont été pêchées par le coach du lieu, qui nous a impressionné par son efficacité : à chaque tentative, il a attrapé une crevette en moins de 30 secondes. La première pour la démonstration. Pour la seconde, c'est Pierre, trouvant que la pêche c'est un peu long et aléatoire, qui est allé le tirer de derrière son comptoir pour lui demander d'activer un peu son tableau de pêche. On reconnait bien là le sens de l'efficacité tranquille et la morale élastique de notre dernier né. A la grande surprise des organisateurs, on a laissé les crevettes sur place au lieu de les manger dans le coin barbecue prévu à cet effet. On aurait pu les emporter comme la plupart des gens mais bon 4 crevettes pour 5 c était pas la peine surtout qu on avait un autre objectif de visite avant de rentrer et pas le coeur à récupérer les bêtes ratatinées dans mon sac 3 heures plus tard. On a marché à pieds le long de l'eau pour atteindre notre objectif au niveau de la station de métro de Kwun Tong. Sur le plan c'était tout droit mais en réalité il fallait enjamber les échangeurs autoroutiers de la zone. Les piétons ne sont vraiment pas prioritaires. La zone est encore en mutation, entre ces vieux entrepôts, les autoroutes, la promenade du bord de l'eau dont la moitié est en fait sous l'autoroute... Il faisait très couvert mais on a par chance évité la pluie. Sous l'autoroute il y avait pêle-mêle un spectacle d'opéra chinois, une espèce de kermesse avec des gamins, des adultes qui jouaient aux quilles. Les enfants ne rechignent pas à ces ballades découvertes plutôt décalées car ils savent que Hong Kong est plein de surprises. J'ai quand même du les rassurer à plusieurs reprises, sur le thème non on est pas perdu. C'est clair qu'ils ne sont pas sensibles au charme des zones industrielles en restructuration. J'espérais que mon plan soit à la hauteur. Ça faisait quelques temps que j'avais identifié la boutique CardHero où a priori il y a des cartes Pokémon vraies et surtout vendues à l'unité. Les enfants commencent à savoir exactement quelle carte ils souhaitent et sont souvent mécontents des cartes obtenues dans les paquets classiques.
Avec l'aide de googlemap dans les dédales de footbridge autour de la station de métro et l'accès encore une fois par le parking d'un bâtiment en arrière nous y sommes arrivés. Le lieu était à la hauteur des espoirs: plein de cartes, des tables de joueurs engagés dans des échange de cartes Pokémon. Les enfants ont fait quelques emplettes. Le grand point appréciable des cartes Pokémon et de foot (la nouvelle passion) c'est qu'ensuite ils s'échangent les cartes tous les 3 et occupent de manière non conflictuelle un grand moment. Le trajet retour en métro (12 stations et 2 correspondances) est passé comme un charme. |
C'est nousOn est 5 et on quitte Ménilmontant pour Hong Kong Catégories
Tout
|